M. le Président, quand vous avez voulu que le Sénégal devienne émergent, vous aviez fait appel au cabinet Mc Kinsey pour vous faire un plan d’émergence. Nous, sénégalais d’ici et de la diaspora, sommes montés au créneau pour vous demander pourquoi recréer la boussole quand on peut déjà s’orienter? Vous nous aviez fait confiance et nous (sénégalais et sénégalaises) vous avions démontré qui mieux que nous-mêmes à comprendre nos propres pièges de sous-développement et partant, à y apporter des remèdes. Nous vous avions produit la toute dernière version du PSE qui je rappelle, a été largement rectifiée et réajustée de ce qu’avait fait Mc Kinsey et le fameux groupe Disso, qui nous ont ‘’bouffé’’ 2 milliards 500 millions de FCFA.
M .le Président, quand vous avez voulu construire une cité de l’Emergence, vous avez confié le marché à une entreprise marocaine, Addoha.
M. le Président, cela signifie aussi que quelque part, que ni nos sociétés publiques sénégalaises (SICAP et SN HLM), ni nos sociétés privées (Teylium, CSE, CDE ect…) et ni nos architectes (Konaté, Atépa etc…), ne sommes capables de concevoir (architecture) ni capables de réaliser (construire) une cité….
M. le Président, saviez-vous quand dans les années 60 et 70, la SICAP construisait une partie des Fann et du Point E (grand standing) et la SN HLM construisait les HLM de 1 à 6 et les Liberté de 1 à 6 (moyen standing), la plupart des logements dans les capitales africaines étaient en Banquo ou en barak.
M. le Président, saviez-vous que ce sont des architectes et des entreprises de BTP, sénégalais, qui modélisent et ‘’construisent’’ de plus en plus des capitales africaines et les font entrer dans la modernité infrastructurelle? Faites un tour au Mali, dans les 3 Guinée (Conakry, Bissau et Equatoriale), au Ghana, en Gambie, en Côte d’Ivoire etc….La liste n’est pas exhaustive.
M. le Président, comment voulez-vous que notre cher Sénégal émerge, quand à chaque fois qu’il s’agit de ‘’ligguéy’’(travail), vous donnez aux Autres les ‘’thieurs’’ (le gros du marché) et aux Sénégalais, les ‘’thiars’’ (la partie la plus incongrue, sans grande profitabilité économique). Saviez-vous M. le Président, qu’en vertu des règles du commerce mondial (OMC) qui régentent le business mondial, demain, Addoha est libre de n’acheter au Sénégal, même pas un tonne de ciment ni même un pot de peinture, en faisant convoyer tout ce qu’il aura besoin pour ce chantier, depuis le Maroc? Même si vous avez déclaré votre souci de veiller à ce que la construction de cette cité soit profitable aux PME sénégalaises, votre marge de manœuvre sera trop faible M. le Président.
M. le Président, pour avoir été dans bon nombre de pays africains et en voyant de visu ce que nos compatriotes, les Sénégalais, ont eu à faire dans l’architecture et dans le BTP, je me refuse de croire que nous ne soyons pas en mesure de vous construire votre cité de l’émergence qui comme le dit Yoro Dia analyste politique et chroniqueur, est digne d’un capitaine d’entreprise de BTP. Surtout que le bénéficiaire du marché, Addoha, au Maroc, est dans le segment ‘’logements sociaux’’ là où la Palmeraie est dans le haut de gamme (moyen et haut standing).
M. le Président, finalement, à quoi bon de créer un fonds (FONSIS), une banque nationale de développement (BNDE) et un PSE (Plan Sénégal Emergeant) orienté Secteur privé national sénégalais, alors qu’à chaque fois que nous avions la chance de les mettre en valeur et en situation pour qu’ils (FONSIS, BNDE, Secteur privé national sénégalais) gagnent en volume et en épaisseur, vous les enjambez allégrement pour ensuite les servir de discours et de déclarations d’intentions? M. le Président, saviez-vous que nous n’avions pas encore un Secteur privé national sénégalais (comme il en existe par exemple en Côte d’Ivoire, au Maroc, au Ghana, au Nigéria, en Afrique du Sud etc…) mais un Secteur privé au Sénégal, parce que dominé pour l’essentiel par les Transnationaux, les Multinationales et les intérêts étrangers.
M. le Président, le Secteur privé national sénégalais est à ‘’créer’’. Et votre responsabilité historique est d’accompagner son éclosion à travers le faire-faire (Marchés publics). Tout en faisant le distinguo entre un patronat qui est surtout dans l’économie d’intermédiaires pour dialoguer directement avec ces porteurs d’enjeux qui sont dans l’économie d’intermédiations qui est celle qui créée de la valeur ajoutée et de la richesse dans notre pays. M. le Président, en attendant de pouvoir vous expliquer pour qu’il nous en inspire, le business model (par où et comment) le Ghana est parvenu à reprendre en main son secteur financier (Banques, Assurances) au point de devenir le 1er pays africain à faire de l’optimisation fiscale (paradis fiscal) et est aujourd’hui, la 2éme puissance économique régionale (CEDEAO) derrière le Nigéria, sachiez M. le Président que sur la route de l’émergence, tout Etat et toute Nation doivent maitriser deux leviers: dominer dans son secteur privé (un secteur privé dominé par des capitaux nationaux) et dans son secteur financier (Banques et Assurances, pour l’essentiel entre les mains des capitaux nationaux).
M. le Président, quand nous ne dominerons pas notre secteur financier en termes de capitaux propres, nous ne pourrons pas avoir un secteur privé national sénégalais dominant. Et tant que nous n’aurons pas un secteur privé national sénégalais dominant, nous serons toujours à la merci des intérêts étrangers. Comme l’alliance entre Orange et Total dont dénoncent les pétroliers nationaux par exemple. C’est pourquoi M. le Président, pour nous éviter ces travers et en étant dans une logique de Gouvernance, nous vous proposons de convertir la SCA (Stratégie de Croissance Accélérée) en une SCE (Stratégie de Croissance Endogène) qui aura pour mission, de restructurer, d’accompagner et de densifier en volume (Avoir), en épaisseur (Savoir-faire), un secteur privé national sénégalais qui à termes (10 ans), dominera notre secteur économique privé. Surtout que les grappes de la SCA ont été reprises et dissoutes pour l’essentiel, par et dans le PSE.
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