La statue qui est en train de s’ériger sur les mamelles de Ngor symbolise, inconsciemment, l’image actuelle du Sénégal.
La construction controversée de cet édifice estimé à plus de 12 milliards, suite à un troc d’Etat, renseigne à souhait sur la désinvolture qui caractérise notre mode actuel de gouvernance.
Ce monument constitué d’un homme (Père), d’une femme (Mère) et d’un fils (Enfant), PME en sigle, est hallucinant en matière de signes qu’il renvoie. La statue qui s’élève à plus de cinquante mètres au sommet de ce volcan éteint projette, à s’y méprendre, quasiment la même image au sommet de l’Etat du Sénégal. Une famille est au centre des affaires publiques. Avec un père, hyper président, constante absolue, comme l’appellent ses variables de partisans. Une mère, trop active dans l’éducation et la santé, qui a même réussi la prouesse, en tant que « Madame la Présidente », de se faire représenter à une manifestation par le Premier ministre himself. Et un fils, super ministre d’Etat qui gère des attributions sectorielles et transversales extrêmement larges qui ne font, en réalité, que formaliser ses charges déjà onéreuses à l’ANOCI. Sa dernière sortie vaudevillesque ce week-end à Walfadjri Tv a fini de convaincre les plus sceptiques de sa volonté de puissance. Une visite de courtoisie pour remercier Walfadjri de son soutien à l’organisation du sommet de l’Oci, qu’il avait ostensiblement boycotté pour ostracisme, qui se mue contre toute attente en défi lancé à Ousmane Tanor Dieng à venir débattre. Et c’est cet invité spécial qui fixe l’heure, le jour, le lieu, le format et même les personnes qui devaient assister ou non à ce débat, mystifiant du coup ses interlocuteurs de journalistes censés être critiques envers tout détenteur de pouvoir. Pis, la rue du Front de terre était aussi barrée et interdite à la circulation comme s’il s’agissait d’assurer la sécurité d’un Président de la République. C’était la totale.
Le Sénégal d’en haut doit donc se reprendre de son népotisme au risque de s’enfoncer davantage, politiquement, économiquement et socialement, dans le creux de la vague du fait de décisions et comportements rétrogrades que reflète, disions-nous, cette statue PME. Une statue PME parallèle à notre statut peu envié de PMA (pays moins avancé), de PME tout simplement : une Petite et Médiocre Economie.
Aujourd’hui, presque tous les signaux et indicateurs socio-économiques sont au rouge. Même la très officielle DPEE (Direction de la Prévision et des Etudes Economiques) n’a pu retenir son souffle pour tirer la sonnette d’alarme devant les dangers qui guettent le pays. Elle annonce une croissance qui atteindra difficilement 2% au lieu des 5% attendus et des risques de remous sociaux sous l’effet continu de la crise aiguë. Comment peut-on dans ce contexte de récession avoir la petite et ingénue idée d’engager des dépenses aussi somptuaires qu’indécentes. Le report annoncé du Fesman ne doit être qu’une étape, il faut aussi renoncer à cette statue et à toutes les dépenses non prioritaires.
Il est urgent de descendre de notre piédestal imaginaire taillé sur le grandiloquent pour nous établir solidement sur la réalité.
Cet appel s’adresse également au cinquième Premier ministre du régime actuel. Souleymane Ndéné Ndiaye doit s’atteler à cet exercice dans son discours de politique générale. Refuser la politique de l’autruche et engager une relance lucide. S’il ne le fait pas, il discourra de politique généralement sans impact réel sur le vécu et le devenir de ses concitoyens fatigués. Mais encore faudrait-il que l’ambitieuse famille présidentielle lui laisse les coudées franches.
Terminons par cet avis provisoire venu d’Abidjan : « Je souhaite juste être député. Un président par famille et par siècle, c’est suffisant », dit Michel Koudou Gbagbo, fils du président ivoirien. En attendant la montée au sommet de l’appétit !
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
La construction controversée de cet édifice estimé à plus de 12 milliards, suite à un troc d’Etat, renseigne à souhait sur la désinvolture qui caractérise notre mode actuel de gouvernance.
Ce monument constitué d’un homme (Père), d’une femme (Mère) et d’un fils (Enfant), PME en sigle, est hallucinant en matière de signes qu’il renvoie. La statue qui s’élève à plus de cinquante mètres au sommet de ce volcan éteint projette, à s’y méprendre, quasiment la même image au sommet de l’Etat du Sénégal. Une famille est au centre des affaires publiques. Avec un père, hyper président, constante absolue, comme l’appellent ses variables de partisans. Une mère, trop active dans l’éducation et la santé, qui a même réussi la prouesse, en tant que « Madame la Présidente », de se faire représenter à une manifestation par le Premier ministre himself. Et un fils, super ministre d’Etat qui gère des attributions sectorielles et transversales extrêmement larges qui ne font, en réalité, que formaliser ses charges déjà onéreuses à l’ANOCI. Sa dernière sortie vaudevillesque ce week-end à Walfadjri Tv a fini de convaincre les plus sceptiques de sa volonté de puissance. Une visite de courtoisie pour remercier Walfadjri de son soutien à l’organisation du sommet de l’Oci, qu’il avait ostensiblement boycotté pour ostracisme, qui se mue contre toute attente en défi lancé à Ousmane Tanor Dieng à venir débattre. Et c’est cet invité spécial qui fixe l’heure, le jour, le lieu, le format et même les personnes qui devaient assister ou non à ce débat, mystifiant du coup ses interlocuteurs de journalistes censés être critiques envers tout détenteur de pouvoir. Pis, la rue du Front de terre était aussi barrée et interdite à la circulation comme s’il s’agissait d’assurer la sécurité d’un Président de la République. C’était la totale.
Le Sénégal d’en haut doit donc se reprendre de son népotisme au risque de s’enfoncer davantage, politiquement, économiquement et socialement, dans le creux de la vague du fait de décisions et comportements rétrogrades que reflète, disions-nous, cette statue PME. Une statue PME parallèle à notre statut peu envié de PMA (pays moins avancé), de PME tout simplement : une Petite et Médiocre Economie.
Aujourd’hui, presque tous les signaux et indicateurs socio-économiques sont au rouge. Même la très officielle DPEE (Direction de la Prévision et des Etudes Economiques) n’a pu retenir son souffle pour tirer la sonnette d’alarme devant les dangers qui guettent le pays. Elle annonce une croissance qui atteindra difficilement 2% au lieu des 5% attendus et des risques de remous sociaux sous l’effet continu de la crise aiguë. Comment peut-on dans ce contexte de récession avoir la petite et ingénue idée d’engager des dépenses aussi somptuaires qu’indécentes. Le report annoncé du Fesman ne doit être qu’une étape, il faut aussi renoncer à cette statue et à toutes les dépenses non prioritaires.
Il est urgent de descendre de notre piédestal imaginaire taillé sur le grandiloquent pour nous établir solidement sur la réalité.
Cet appel s’adresse également au cinquième Premier ministre du régime actuel. Souleymane Ndéné Ndiaye doit s’atteler à cet exercice dans son discours de politique générale. Refuser la politique de l’autruche et engager une relance lucide. S’il ne le fait pas, il discourra de politique généralement sans impact réel sur le vécu et le devenir de ses concitoyens fatigués. Mais encore faudrait-il que l’ambitieuse famille présidentielle lui laisse les coudées franches.
Terminons par cet avis provisoire venu d’Abidjan : « Je souhaite juste être député. Un président par famille et par siècle, c’est suffisant », dit Michel Koudou Gbagbo, fils du président ivoirien. En attendant la montée au sommet de l’appétit !
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
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