Le dispositif de sécurité a été relevé d’un cran. Des patrouilles des forces de défense kényanes sillonnent la ville et des soldats sont postés devant les sites stratégiques, notamment devant les grands hôtels. De temps en temps, un ofsprey américain, un objet volant hybride mi-avion, mi-hélicoptère, survole le centre-ville et ses environs, soulevant un énorme nuage de poussière dans un vacarme assourdissant au moment du décollage. Les jardiniers et les peintres apportent les dernières touches au lifting des grands axes et autour des sites que visitera Obama. A partir de 14h, ce vendredi, ils devront déguerpir. Sécurité oblige, les grands axes seront fermés à la circulation.
Menace shebab
C’est la première fois que le président américain foule le sol d’un pays africain où plane une réelle menace terroriste. Au Kenya, il faut en effet composer avec la menace shebab. Les islamistes somaliens ont déjà frappé Nairobi en plein cœur lors de la prise d’otage sanglante du centre commercial Westgate en septembre 2013. De plus, les Etats-Unis soutiennent la force Amisom qui lutte contre les insurgés. D’ailleurs, la chaîne américaine CNN a décrit le Kenya comme un foyer de terroristes, ce qui a fort déplu au gouvernement kényan. Un officiel du ministère de l’Intérieur a réclamé des excuses jeudi après-midi.
Au Kenya, la visite fait la Une des journaux depuis une dizaine de jours et elle est abondamment commentée. Mais l’ampleur des travaux entrepris pour embellir la ville, les mesures de sécurité, la flotte présidentielle, les grosses cylindrées débarquées des cargos américains alimentent les railleries, notamment sur les réseaux sociaux. Et surtout du côté des adversaires du président Uhuru Kenyatta qui espère tirer d’importants gains politiques de cette visite, lui qui il y a encore huit mois était visé par la CPI pour crime contre l’humanité lors des violences post-électorales de 2007-2008.
Rencontre avec le président Kenyatta mais pas avec sa famille ?
Uhuru Kenyatta doit recevoir Barack Obama au palais présidentiel. Mais pour la Maison Blanche, cette étape kenyane vise surtout à accompagner les entreprises américaines qui investissent en Afrique. Elle met en avant la prise de parole de Barack Obama au sommet global des entrepreneurs qui réunira près de 1 400 délégués, la moitié Africains. Il s’agit de la sixième édition de ce rendez-vous initié par Obama et qui se tient pour la première fois en Afrique subsaharienne.
Mais il y aura d’autres temps forts au cours de cette visite de 48 heures. A commencer par un rendez-vous populaire. Dimanche, Obama s’exprimera devant les Kényans au Safaricom Indoor Arena, un palais multisports couvert qui a une capacité maximale de 7 000 places dans le nord de Nairobi. Il rencontrera aussi la société civile à l’université Kenyatta. En marge du sommet des entrepreneurs, il se rendra à un forum consacré à Power Africa, une initiative annoncée au Cap en Afrique du Sud il y a deux ans, et qui vise à raccorder au réseau électrique des dizaines de millions de foyers africains. Puis, il déposera une gerbe au Memorial Park, l’ancien site de l’ambassade américaine frappé en 1998 par un attentat sanglant qui avait fait 218 morts, dont 44 employés de l’ambassade.
La population, elle, se réjouit de cette visite d’un président américain qui a ses racines au Kenya. Ils appellent cela le « homecoming », le retour aux sources de l’enfant du pays. On le sait maintenant depuis presque une semaine : Barack Obama ne se rendra pas à Kogelo, le village familial sur les rives du lac Victoria dans l’ouest du pays, pour des raisons d’emploi du temps et de logistique, a expliqué la conseillère nationale à la sécurité, Susan Rice. Mais il n’a rien inscrit à son agenda vendredi soir. Des membres de sa famille seront sans doute invités à assister à des discours d’Obama, et selon la Maison Blanche, il n’est pas exclu qu’ils assistent au dîner servi en son honneur au palais présidentiel samedi soir.
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