Au milieu de la petite pièce aux murs blancs sur lesquels sont accrochés des grands formats de Samuel Fosso, trois malles bleues en ferrailles sont empilées les unes sur les autres. A l’intérieur, un véritable trésor : les archives du photographe camerounais, des négatifs qui remontent parfois aux années 70, l’époque du studio « National » de Bangui, où Samuel a commencé à se mettre en scène et à se photographier avec les fins de pellicule de ses clients alors qu’il n’avait que 13 ans.
Ces négatifs ont été sauvés du pillage à Bangui début février par Jérôme Delay, un photojournaliste français, qui passait par là par hasard et qui a reconnu le travail de l’artiste. Avec l’aide de Peter Bouckaert, directeur de la section urgences de l’ONG Human Rights Watch, les deux hommes ont pu éviter que ce patrimoine ne parte en fumée. « C’était très compliqué, on était dans une maison en train d’être pillée. Certains avaient des grenades à la main. Ils marchaient sur des photographies dispersées au sol dont la valeur était de plusieurs milliers d’euros, tout cela pour aller arracher le toit de la maison… Pour moi, sauver ces archives, c’était un moment de beauté au milieu de la barbarie », explique Peter Bouckaert, particulièrement honoré d’avoir contribué à préserver l’œuvre du photographe connu dans le monde entier pour ses autoportraits fantaisistes évoquant notamment les grandes figures du panafricanisme et de la lutte des droits civiques aux Etats-Unis dans la série « African Spirits ».
Une centaine de kilos d’archives
Après le sauvetage, le nettoyage et le classement de cette énorme quantité de négatifs, se pose désormais la question de la mise en valeur de ces archives. « Il va falloir numériser, restaurer et archiver ces négatifs, c’est un travail de fou, il y en a pour 500 000 dollars. On n’a pas l’argent pour le moment, il va falloir constituer un dossier pour trouver les fonds, cela pourrait prendre 7 ou 8 ans. Dans nos métiers, le temps prend son temps », prévient Jean-Marc Patras, galeriste et marchand du photographe.
Lors de cette petite cérémonie, l’artiste, très ému, s’est contenté de quelques mots de remerciements devant l’assistance, le sourire aux lèvres mais aussi un voile de tristesse devant les yeux. Samuel Fosso vit très mal cet exil forcé loin de son pays d’adoption. Aujourd’hui, il n’a qu’une seule idée en tête : revenir à Bangui, le plus rapidement possible.
Source : Rfi.fr
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