Q : A la date du 20 août 2020, le Sénégal comptait 13 013 cas confirmés de COVID-19 dont 272 décès. Le Sénégal est à la 10ème place des pays de la région africaine de l’OMS les plus pourvoyeurs de cas. Comment analysez-vous cette situation ?
Le nombre de cas notifiés par le Sénégal reste largement en-deçà des prédictions faites avant le début de la pandémie et le système de santé s’est montré résilient et a su contenir l’épidémie grâce un plan de préparation multisectoriel et pluridisciplinaire. Il est important de préciser que dès la notification du premier cas du Sénégal le 2 mars 2020, le plan de contingence a été mis en œuvre avec une approche multisectorielle.
La mise en œuvre immédiate de notre stratégie de riposte a permis de procéder à de larges tests autour des cas confirmés, des contacts, d’appliquer un confinement systématique dans des réceptifs hôteliers mais aussi d’assurer une prise en charge extrahospitalière.
Pour accompagner tout cela, le Président de la République qui a manifesté un grand leadership, avait pris de fortes mesures telles que l’état d’urgence, le couvre-feu, la limitation des déplacements des populations entre les régions, l’interdiction de rassemblements et le respect des mesures barrières. Au niveau du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, nous avons assuré la coordination stratégique de la lutte avec le Comité National de Gestion des Epidémies (CNGE) et la coordination opérationnelle par le Centre des Opérations d’Urgence Sanitaire (COUS).
Si le Sénégal a pu contenir la propagation de la covid-19 durant des mois, c’est grâce à cette approche multisectorielle et pluridisciplinaire qui vu la mobilisation de toutes les forces vives de la Nation notamment la société civile, les Universités, le Secteur Privé, les ONG et les partenaires techniques et financiers.
Q : Quelle expérience peut-on apprendre du Sénégal dans la gestion de la pandémie de COVID-19 ?
Notre pays a une position honorable dans la lutte contre la covid-19. Nous avons bénéficié d’abord du leadership du Président de la République son Excellence Monsieur Macky SALL qui a très tôt mobilisé des ressources à hauteur de 64 milliards F CFA pour la réponse à l’épidémie avec un suivi régulier à travers des conseils présidentiels et des réunions avec le Comité national de gestion des épidémies. Il a aussi mis en place le fonds « Force Covid-19 » pour soutenir tous les secteurs de la vie économique et sociale pour l’après covid-19 avec un montant de 1 000 milliards de F CFA.
Après une phase de restriction, le Chef de l’Etat a jugé nécessaire d’alléger les mesures de contingentement en réduisant la durée du couvre-feu, en autorisant la réouverture des marchés et autres commerces, des lieux de culte, des restaurants et la reprise du transport interurbain. Puis d’autres mesures ont suivi comme la levée du couvre-feu, la réouverture des établissements scolaires pour les classes d’examen et la réouverture des frontières aériennes depuis le 15 juillet 2020.
Pour éviter que l’épidémie ne connaisse une flambée, le Gouvernement a pris d’autres mesures d’accompagnement pour le renforcement du contrôle du respect des mesures barrières avec le port obligatoire du masque, l’interdiction des rassemblements lors des cérémonies religieuses et familiales, les levées de corps et funérailles, la fréquentation des plages etc.
Nos services se sont adaptés au cours de l’épidémie en élargissant la prise en charge d’une part dans des sites extrahospitaliers mis à disposition par l’Etat et d’autre part dans les domiciles avec des procédures bien définies. La décentralisation des laboratoires dans les régions a permis de renforcer la surveillance, la détection des cas.
Pour mieux assurer la prise en charge des patients, le Sénégal a mis place des Centres de traitement Epidémiologique soit au nombre de 22 dans les 14 régions que compte le pays.
Q : Dans la quasi-totalité des pays d’Afrique, l’on constate un relâchement des mesures barrières. Quelle est la situation au Sénégal et que fait le pays pour obtenir un engagement communautaire ?
Au Sénégal, après les décisions de confinement et le couvre-feu décrétés par le Gouvernement pour contrôler la maladie, des mesures ont été prises pour permettre aux populations de relancer les activités socio-économiques même si certains le perçoivent comme un relâchement des mesures barrières.
Pour des raisons multiples, nous avons observé des réticences à des comportements souhaités ou des manquements dans certaines localités quant au respect des mesures barrières. Fort de ce constat, le renforcement dans la sensibilisation des populations au niveau des quartiers et des zones de transmission du virus surtout dans la capitale Dakar a été mis en œuvre. Dans ce cadre, des initiatives communautaires sur le lavage des mains, le port de masque, la distanciation physique ont été renforcées avec le développement de dispositifs artisanaux de lavage des mains et de confection de masques artisanaux.
Les socio anthropologues ont travaillé avec les religieux, les collectivités territoriales et les agents communautaires de santé pour adapter la communication et favoriser l’engagement des communautés à travers des actions de riposte co-construites avec les populations.
Cet engagement communautaire a permis de rebâtir la confiance entre les populations et le système officiel de la riposte, par des activités systématiques d’écoute, d’expression de compassion et de solidarité de proximité, de co-construction et d’accompagnement des réponses. Dans une première phase nous avons mis en œuvre la stratégie dans la région de Dakar dans les 12 districts en mobilisant 12 000 volontaires issus de la communauté (étudiants, acteurs communautaires de santé) qui ont été déployés après une formation. La stratégie est en train d’être déployée dans les autres régions.
Q : Quel a été le rôle de l’OMS et des autres partenaires auprès du gouvernement sénégalais dans la lutte contre cette pandémie ?
C’est pour moi l’occasion de remercier l’OMS et tous les Partenaires techniques et financiers qui se sont mobilisés pour nous apporter tout leur appui technique et financier dans la préparation et la mise en œuvre du plan de contingence. En dehors des financements, l’OMS a mis à disposition du personnel technique pour nous appuyer au niveau central et régional dans la coordination, la surveillance (collecte et analyse des données), et la prise en charge des cas. Nous avons aussi reçu l’appui technique et financier des Partenaires Techniques et financiers y compris ceux n’étant pas de la santé qui nous ont accompagné de façon efficiente pour contenir la covid-19. C’est une collaboration que nous saluons, nous savons pouvoir compter sur l’OMS dans ce combat qui se gagnera dans le temps et dans l’endurance, nous vaincrons.
Avec les services du ministère de la Santé et de l'Action sociale
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