Un des principes élémentaires du droit voudrait que l’on ne commente pas ou a fortiori divulguer les secrets d’une affaire pendante devant la Justice. Pourtant, le quotidien « Libération », tel un procureur, se permet de publier quotidiennement des réquisitoires sévères à l’encontre d’honnêtes citoyens qui bénéficient encore de la présomption d’innocence. Cette campagne médiatique récurrente, est très souvent masquée par la Burqa de prétendus Procès-verbaux de police ou de la Gendarmerie, relatifs notamment au dossier de l’Imam Alioune Badara Ndao et Cie.
Dans son édition N° 1888 du 24 janvier 2018, le canard attribué au directeur général de la SSPP, éditrice du quotidien « Le Soleil », M. Yakham Mbaye, est revenu à la charge en mettant « à la Une » un titre pompeux : « L’Imam Ndao parle sur PV ». La première question qui nous taraude l’esprit est de savoir, qui a bien voulu mettre les PV d’une affaire qui attend d’être jugée entre les mains d’un journaliste, avec l’autorisation de les publier ?
Nous avons comme l’impression qu’on se trouverait en pleine époque stalinienne où les sentences avaient été annoncées avant même l’instruction de l’Affaire !
Cette campagne médiatique a-t-elle pour but de préparer le terrain à un réquisitoire implacable, et/ou à manipuler l’opinion publique, de manière à la dresser contre les présumés accusés ?
N’est-il pas curieux de constater avec amertume, que ce que l’on accepte au quotidien « Libération, on le refuse pourtant au mouvement des rappeurs « Nitu Dëgg », qui voulait organiser des foires pour des témoignages à décharge, en vue de contrebalancer le témoignage à charge d’une certaine presse à la commande ?
Difficile d’accepter un lynchage médiatique à l’encontre d’Imam Alioune Ndao et Cie, au moment où, comme tout citoyen, ils jouissent encore de la présomption d’innocence. L’Etat a le devoir d’arrêter ces élucubrations tendancieuses qui visent à faire le procès à la place des juges. Nous savons que le dossier est déjà trop compliqué pour l’Etat. La Justice sénégalaise comme, nous l’avons répété plusieurs fois, ne semblait pas prête pour se prononcer sur une telle « Affaire »avec la sérénité requise. Les textes juridiques actuels, tout comme les hommes chargés de les interpréter, n’étaient pas, à notre humble avis, suffisamment initiés sur les crimes relatifs au terrorisme « Jihadiste ».
La jurisprudence en question est intimement liée à la connaissance des textes islamiques et à la réalité de la mouvance islamiste. Les terminologies et les concepts en vigueur dans ces milieux, peuvent induire en erreur n’importe quel profane non encore initié, fut-il un juriste éminent du droit positif occidental. L’autre difficulté résiderait dans la délimitation des minces frontières entre l’explicitation de certains textes religieux, relatifs au Jihâd (qui serait un pilier de l’islam, selon certains exégètes) et ce qu’on pourrait qualifier « d’apologie du terrorisme ». Il y a également, l’équation des charges invraisemblables, débitées par le quotidien « Libération », concernant notamment les sommes d’argent faramineuses qu’on aurait récupérées auprès de certains accusés voire des armes, illégalement détenues par devers eux. De la même manière, il ne serait pas aisé de faire la différence entre les sommes d’argent envoyées depuis l’étranger pour la construction de mosquées ou d’écoles coraniques et les sommes qui pourraient être classées dans la catégorie de « financement du terrorisme ».
En ma qualité de directeur régional, pendant près de dix ans, auprès d’Ong islamiques internationales (Organisation Islamique Internationale de Secours et El Muntada El Islami), dont l’une des missions était le financement de la construction de mosquées et d’écoles coraniques, j’avoue qu’il ne serait guère facile de démêler les pinceaux.
Pour étayer ces propos, il me suffit de rappeler que ce n’est que lors du Conseil des Ministres du03 janvier 2018 qu’un projet de loi dans ce sens a été adopté et transmis précipitamment à l’Assemblée nationale, qui l’a voté à l’unanimité, sous la référence de : projet de loi N°03/ 2018(contre le blanchiment et le financement du terrorisme),ce fut le mardi 13 février 2018, c’est-à-dire la veille de la reprise du Procès d’Imam Alioune Badara Ndao et Cie !
En tout état de cause, l’intervention de certains avocats de la défense, lors de la séance de reprise du procès le mercredi 14 février 2018, laisse supposer d’ores et déjà, que ce procès ne sera pas de tout repos pour l’Etat du Sénégal, qui semble embourbé dans un engrenage juridique, dont les contours restent encore très flous. D’autant que certains avocats de la défense évoquaient déjà l’existence d’un business florissant, pratiqué par certains Etats au nom de la lutte contre le terrorisme. Ce qui pourrait ouvrir la voie vers des abus manifestes, en vue de trouver, vaille que vaille, des boucs émissaires. Dans une telle entreprise, les barbus, seraient inévitablement, des proies faciles.
En attendant, j’espère que les autorités compétentes, feront taire les journalistes éclaireurs, qui ont la manie de divulguer, ce qui devait être, des secrets de l’instruction et qu’au terme de ce marathon judiciaire, Dame Justice dira finalement le droit et rien que du droit !
Par Bamba Ndiaye
Ancien Ministre chargé de la Communication de la Présidence de la République et des Affaires religieuses
Dans son édition N° 1888 du 24 janvier 2018, le canard attribué au directeur général de la SSPP, éditrice du quotidien « Le Soleil », M. Yakham Mbaye, est revenu à la charge en mettant « à la Une » un titre pompeux : « L’Imam Ndao parle sur PV ». La première question qui nous taraude l’esprit est de savoir, qui a bien voulu mettre les PV d’une affaire qui attend d’être jugée entre les mains d’un journaliste, avec l’autorisation de les publier ?
Nous avons comme l’impression qu’on se trouverait en pleine époque stalinienne où les sentences avaient été annoncées avant même l’instruction de l’Affaire !
Cette campagne médiatique a-t-elle pour but de préparer le terrain à un réquisitoire implacable, et/ou à manipuler l’opinion publique, de manière à la dresser contre les présumés accusés ?
N’est-il pas curieux de constater avec amertume, que ce que l’on accepte au quotidien « Libération, on le refuse pourtant au mouvement des rappeurs « Nitu Dëgg », qui voulait organiser des foires pour des témoignages à décharge, en vue de contrebalancer le témoignage à charge d’une certaine presse à la commande ?
Difficile d’accepter un lynchage médiatique à l’encontre d’Imam Alioune Ndao et Cie, au moment où, comme tout citoyen, ils jouissent encore de la présomption d’innocence. L’Etat a le devoir d’arrêter ces élucubrations tendancieuses qui visent à faire le procès à la place des juges. Nous savons que le dossier est déjà trop compliqué pour l’Etat. La Justice sénégalaise comme, nous l’avons répété plusieurs fois, ne semblait pas prête pour se prononcer sur une telle « Affaire »avec la sérénité requise. Les textes juridiques actuels, tout comme les hommes chargés de les interpréter, n’étaient pas, à notre humble avis, suffisamment initiés sur les crimes relatifs au terrorisme « Jihadiste ».
La jurisprudence en question est intimement liée à la connaissance des textes islamiques et à la réalité de la mouvance islamiste. Les terminologies et les concepts en vigueur dans ces milieux, peuvent induire en erreur n’importe quel profane non encore initié, fut-il un juriste éminent du droit positif occidental. L’autre difficulté résiderait dans la délimitation des minces frontières entre l’explicitation de certains textes religieux, relatifs au Jihâd (qui serait un pilier de l’islam, selon certains exégètes) et ce qu’on pourrait qualifier « d’apologie du terrorisme ». Il y a également, l’équation des charges invraisemblables, débitées par le quotidien « Libération », concernant notamment les sommes d’argent faramineuses qu’on aurait récupérées auprès de certains accusés voire des armes, illégalement détenues par devers eux. De la même manière, il ne serait pas aisé de faire la différence entre les sommes d’argent envoyées depuis l’étranger pour la construction de mosquées ou d’écoles coraniques et les sommes qui pourraient être classées dans la catégorie de « financement du terrorisme ».
En ma qualité de directeur régional, pendant près de dix ans, auprès d’Ong islamiques internationales (Organisation Islamique Internationale de Secours et El Muntada El Islami), dont l’une des missions était le financement de la construction de mosquées et d’écoles coraniques, j’avoue qu’il ne serait guère facile de démêler les pinceaux.
Pour étayer ces propos, il me suffit de rappeler que ce n’est que lors du Conseil des Ministres du03 janvier 2018 qu’un projet de loi dans ce sens a été adopté et transmis précipitamment à l’Assemblée nationale, qui l’a voté à l’unanimité, sous la référence de : projet de loi N°03/ 2018(contre le blanchiment et le financement du terrorisme),ce fut le mardi 13 février 2018, c’est-à-dire la veille de la reprise du Procès d’Imam Alioune Badara Ndao et Cie !
En tout état de cause, l’intervention de certains avocats de la défense, lors de la séance de reprise du procès le mercredi 14 février 2018, laisse supposer d’ores et déjà, que ce procès ne sera pas de tout repos pour l’Etat du Sénégal, qui semble embourbé dans un engrenage juridique, dont les contours restent encore très flous. D’autant que certains avocats de la défense évoquaient déjà l’existence d’un business florissant, pratiqué par certains Etats au nom de la lutte contre le terrorisme. Ce qui pourrait ouvrir la voie vers des abus manifestes, en vue de trouver, vaille que vaille, des boucs émissaires. Dans une telle entreprise, les barbus, seraient inévitablement, des proies faciles.
En attendant, j’espère que les autorités compétentes, feront taire les journalistes éclaireurs, qui ont la manie de divulguer, ce qui devait être, des secrets de l’instruction et qu’au terme de ce marathon judiciaire, Dame Justice dira finalement le droit et rien que du droit !
Par Bamba Ndiaye
Ancien Ministre chargé de la Communication de la Présidence de la République et des Affaires religieuses
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