Ces nouveaux attentats du Sinaï sont les plus sophistiqués jamais menés dans la péninsule égyptienne, explique notre correspondant au Caire Alexandre Buccianti. L'opération était quasi militaire, selon les experts. Les jihadistes de l'organisation Etat du Sinaï ont simultanément réalisé une série d'attaques et d'attentats contre al-Arich et Rafah, en passant par Cheikh Zoweid.
La principale attaque a eu lieu à al-Arich, capitale du Nord-Sinaï, sur le quartier général de la police, ainsi que sur une base militaire adjacente. Un complexe résidentiel proche, où sont logés des officiers, a ensuite été frappé.Une autre attaque a eu lieu à un point de contrôle de l'armée à Rafah, à la frontière avec la bande de Gaza.
Au total, une douzaine de cibles ont été frappées dans un rayon de cinquante kilomètres. Les barrages de sécurité sur les routes ont été attaqués à la roquette et à l’arme automatique. Les camps militaires l'ont été au mortier. Quant aux zones résidentielles, elles ont fait les frais de la technique de la voiture piégée.
Les jihadistes ont déclaré dans un communiqué sur Twitter que « les combattants du califat, le groupe Etat islamique, ont mené leurs attaques contre toutes les positions de la police et l'armée ». Les assaillants sont en fait des membres de groupuscules qui s’étaient réunis sous l’appellation d’Ansar Beyt al-Maqdess. Ils ont multiplié les attentats après la destitution du président Frère musulman Mohamed Morsi en juillet 2013.
En octobre, ils avaient décidé de prêter allégeance au califat du groupe Etat islamique. Depuis lors, ils se sont baptisés Etat du Sinaï, un Etat autoproclamé comme celui de Tripolitaine et qui est censé faire parti du califat, comme l’étaient les différents Etats de l’Empire ottoman. Il s’agit là principalement de Bédouins du Sinaï, mais avec un apport de jihadistes palestiniens venus de Gaza et, selon des experts, des Tchétchènes entrés en Egypte quand les Frères musulmans étaient au pouvoir avant la destitution du président Morsi.
Face à l'ampleur de l'attaque, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a décidé d'écourter sa visite à Addis-Abeba, en Ethiopie, où se tient le sommet de l'Union africaine. « Après les opérations terroristes dans le nord du Sinaï hier soir, le président a décidé de couper court à sa participation au sommet de l'UA après avoir assisté à la séance inaugurale, et a regagné le Caire pour suivre la situation », a indiqué la présidence ce vendredi.
Près de 600 policiers et militaires, et plus d'une centaine de civils, ont été tués dans des attentats jihadistes depuis la destitution du président Morsi. Il faut voir, dans les attaques de jeudi spécifiquement, une réponse à l’offensive lancée par l’armée et la police depuis trois mois contre les jihadistes, après des attentats qui avaient fait trente morts dans les rangs des forces de l’ordre fin octobre, juste avant qu'Ansar Beyt al-Maqdess ne prête allégeance à l'EI.
Dans l'offensive des forces égyptiennes, les hélicoptères d’attaque Apache ont joué le rôle principal. Ces hélicoptères, l’Egypte en possède 46. Ils ont fait plus d’une centaine de morts dans les rangs jihadistes.
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