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Boko Haram: au Tchad, les rescapés du Nigeria témoignent de l'horreur

Les rives du lac Tchad accueillent depuis deux semaines des Nigérians qui ont fui l’Etat de Borno après les attaques sanglantes de la secte islamiste Boko Haram. Fuyant en pirogue pour traverser le Lac, la plupart sont arrivés à Ngouboua, le premier village tchadien en venant du Nigeria. Notre correspondant est allé à la rencontre de ces hommes et femmes rescapés.



Le camp de réfugiés est situé en face d’un bras du lac qui longe le village de Ngouboua. Il faut une pirogue pour y arriver. On aperçoit, dès qu’on accoste, plusieurs rangées d’abris couverts de bâches blanches. Le camp conçu pour un millier de personnes a reçu en deux semaines 4 000 personnes qui n’hésitent pas à raconter ce qu’elles ont vécu entre le 2 et le 3 janvier  :

« Ils sont arrivés et se sont mis à brûler les maisons, à tuer. C’est pour çà que j’ai fui à bord de ma pirogue en direction du Tchad, explique l’un d’eux. L’horreur était à son comble. Impossible d’enterrer les morts. Nous avons enjambé des morts jusqu’à la rive pour prendre la pirogue jusqu’ici. »

« J’ai vu mon père mourir à Baga, raconte un enfant. Tout le monde fuyait. Ce sont des voisins qui m’ont récupéré sur une moto pour m’emmener ici. »

Plusieurs barques motorisées de l’armée tchadienne ratissent le lac Tchad à la recherche de victimes. Mardi dernier, une pirogue qui transportait des personnes ayant passé plusieurs jours dans l’eau a été ramenée à terre par des militaires tchadiens. Une femme de l’équipage, exténuée, est tombée morte dès qu’elle a posé pied à terre.

La faim, principal problème

Dans le camp, les réfugiés ont reçu une première assistance, mais demeurent dans le plus grand dénuement. En ce mercredi après midi, le camp de Ngouboua est calme. A l’ombre des arbres, sortis des abris de fortune, on entend ici le cri d’un enfant, là des coups de hache pour fendre du bois mort. Plus à l’écart, l’aire de jeux des enfants est plus animée. On y joue à la balançoire ou au football.

Assis à l’ombre, un groupe de chefs de famille médite. La faim est notre principal problème, lance Hamid Wandaye, venu de Baga : « Dans ce camp, nous n’avons qu’une seule préoccupation. Que nous venions de Baga, Doro, Badrang, nous n’avons qu’un seul souci : la faim. Si nous avons à manger, nous resterons jusqu’à ce que ça s’arrange chez nous. Sinon, qu’on nous laisse aller nous débrouiller au lieu de nous enfermer dans le camp », déclare-t-il.

Une première assistance composée de vêtements, de couvertures, de savon et de jouets pour les enfants a été apportée. Mais il reste beaucoup à faire estime Jean Louboya, chef des équipes de l’Unicef à Ngouboua : « Il y a beaucoup d’enfants et de femmes qui vivent dans des conditions particulièrement précaires parce qu’ils ont fui leur maison depuis longtemps,indique-t-il. Il y a beaucoup d’enfants non accompagnés aussi. Dans cette région, il n’y a pas longtemps, il y a eu une épidémie de choléra. C’est pourquoi nous avons suffisamment prépositionné des couvertures et des médicaments essentiels pour que la situation ne puisse pas s’empirer davantage. »


Rfi

Vendredi 16 Janvier 2015 - 14:14


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