Les deux premiers villages, Ahili et Manzanzaba, sont situés à une dizaine de kilomètres de Oicha dans le secteur de Béni. Il fait déjà nuit ce samedi, tout est calme et les habitants dans leurs cases se préparent au repos. C’est alors qu’arrivent des hommes munis d’armes blanches qui s’introduisent dans chaque case, une après une, et assassinent hommes, femmes et enfants.
Tués à la machette ou brûlés vifs
Un habitant du premier village attaqué, la commune d'Ahily, raconte qu'il a échappé de peu au massacre. Ses voisins ont été tués, lui a réussi à se cacher dans la brousse. Deux heures plus tard, les assaillants repartent tranquillement laissant derrière eux plus de trente personnes tuées, pour la plupart à la machette. Onze cadavres calcinés sont retrouvés à Manzanzaba, l’un des deux villages, dans la maison incendiée du chef de groupement. On a appris un peu plus tard qu'un troisième village de la région, Moulobya, a été également la cible d'exactions.
RFI a joint Omar Kavota, représentant de la société civile dans la zone. Il récapitule la chronologie de la tragédie : « Autour de 20 heures locales, les assaillants ont encerclé trois villages, Ahili, Manzanzaba et Moulobya. Dans la première localité, ils ont fait du porte-à-porte, tué à la machette les personnes rencontré sur leur passage. Dans la deuxième localité, ils ont aspergé d'essence la maison du chef du village, qui est mort calciné avec sa famille, son épouse et ses enfants. Au total lui et dix membres de sa famille ont péri. Dans le troisième village, deux civils ont été retrouvés morts, toujours tués à la machette. Les personnes seront enterrées sur place parce que les autorités craignent que si l'on ramène tous ces corps en charpie dans le territoire de Béni, cela pourra créer une très grande psychose. »
La zone d'Ahili est traversée par la route nationale 4. Pour la première fois, les assaillants, qui ont toujours attaqué à l'est de cet axe sont passés à l'ouest. Selon Omar Kavota, «l'armée n'était pas déployée dans cette zone. Toutes les attaques ont été perpétrées à l'est de la RN4, et la partie ouest était encore sécurisée, donc c'est une surprise que cette attaque y soit opérée. »
Les tueurs toujours dans le secteur, selon les habitants
Un premier bilan fait état de 36 morts et deux blessés graves. Cette attaque a provoqué une panique générale et un exode massif des 20 000 habitants du secteur. « Toutes les populations ont quitté la zone, rapporte l'habitant d'Ahily cité plus haut. La population craint qu'il n'y ait encore de nouvelles exactions de l'ennemi. »
Depuis dimanche midi, l'armée régulière de RDC, patrouille dans la brousse à la recherche des assaillants. Assaillants qui sont toujours dans le secteur affirment les habitants. « L'armée régulière a déjà été dépêchée dans la zone pour y mener des opérations de râtissage et chercher les auteurs de ces crimes qui courent encore », témoigne Omar Kavota.
Depuis plusieurs semaines, le territoire de Béni fait l’objet de nombreuses attaques attribuées aux AFD-Nalu par la société civile, les autorités et l’armée. « Ce massacre est le énième du genre et amène le bilan à plus de 250 civils tués dans l'espace des deux derniers mois», établit Omar Kavota. Jusque-là, ces deux villages n’avaient pas été touchés. Les villageois survivants attendent une réaction des autorités.
-
Les cas de Mpox augmentent de plus de 500% en Afrique, touchant 19 pays (CDC Afrique)
-
Présidentielle américaine: les accusations de fraudes électorales mettent les assesseurs sous pression
-
Tchad: l'armée accusée d'avoir tué des dizaines de pêcheurs du Borno lors des représailles contre Boko Haram
-
Au Niger, des proches de Bazoum et des chefs rebelles inscrits dans un fichier sécuritaire
-
Crimes contre des journalistes: des cas toujours recensés au Mali et au Burkina Faso