● Cinq des kamikazes identifiés
À mesure que progresse l'enquête éclair portant sur les attentats qui ont foudroyé vendredi dernier le cœur de Paris et le Stade de France, les limiers de la Direction générale de la sécurité intérieure et de la Brigade criminelle précise les contours des trois commandos coordonnés qui ont semé la mort et l'épouvante. Avec méthode, ils sont parvenus à identifier cinq des kamikazes qui ont péri dans une équipée se soldant par un bilan encore provisoire de 129 morts et 352 blessés, dont plusieurs dizaines en «urgence absolue». Et le pire des scénarios, tant redouté, met en scène des profils «dormants» et sans relief, de petits voyous et d'illuminés en apparence parfaitement insérés. Jamais le spectre glaçant d'un terrorisme dilué dans tous les pores de la société n'a autant pris corps.
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Ainsi, Samy Amimour, 28 ans, un des trois kamikazes qui a ensanglanté le Bataclan, était-il conducteur de bus à la RATP, dont il a claqué la porte pour partir en Syrie. Ismaël Omar Mostefaï, 29 ans, identifié par l'empreinte d'un doigt retrouvé sectionné dans la salle de spectacle, paradait quant à lui dans des vidéos amateurs de musique rap. Bien que condamné à huit reprises entre 2004 et 2010, ce petit délinquant de Courcouronnes (Essonne), par ailleurs fiché «S», n'est jamais passé par la case prison. Salah Abdeslam, Français de 29 ans natif de Bruxelles, a été boulanger dans le quartier de la Madeleine à Chartres. Unique rescapé présumé de la bande de kamikazes toujours en cavale lundi soir, c'est lui qui aurait été au volant de la Seat noire utilisée pour les fusillades des Xe et XIe arrondissement. Détecté sur des images de vidéosurveillance, c'est aussi lui qui aurait déposé Brahim, son frère aîné qui a fait exploser son gilet rempli de TATP devant un restaurant du boulevard Voltaire. Bilal Hadfi, malfrat français de modeste envergure confondu par ses empreintes papillaires prélevées près du McDo du Stade de France où il est mort en martyr, et un migrant syrien de 25 ans passé par la Grèce et la Serbie répondant au nom d'Ahmad Al Mohammad si son identité se confirme, complètent presque ce singulier tableau. Seul un des terroristes du Bataclan reste, pour l'heure, inconnu.
● Camps d'entraînement de Daech
Si les profils des protagonistes varient, tous sont tombés assez jeunes, a priori sans grand bruit, dans la centrifugeuse de l'islam radical avant de se jouer des mailles pourtant resserrées des services antiterroristes. Au moins trois d'entre eux sont partis dans des camps d'entraînement de Daech qui a achevé de les métamorphoser en de redoutables machines à tuer. Analystes et experts du renseignement l'assurent: la cristallisation radicale se produit en un temps record. «Entre les mains de structures combattantes, les volontaires subissent un véritable processus d'évaluation visant à éprouver la sincérité de leur engagement, leur potentiel physique et opérationnel, confiait au Figaro dès mai 2014 Loïc Garnier, coordinateur de la lutte antiterroriste. Ils suivent ensuite des cours religieux et de maniement des armes légères. En général, la durée de ces «stages» varie très largement de deux semaines jusqu'à un mois, voire un mois et demi avant qu'ils soient directement envoyés au combat». Le patron de l'Uclat considérait alors que «seule une minorité est appelée à devenir des «kamikazes», à l'image de ceux qui se sont illustrés en Syrie mais aussi en Irak.»
De retour en Europe, les auteurs du carnage du vendredi noir revendiqué par l'État Islamique étaient inscrits au cœur d'une nébuleuse terroriste qui a planifié et supervisé les raids en région parisienne.
● Abdelhamid Abaaoud, le «cerveau» présumé
Par des moyens cryptés non encore déterminés, les kamikazes auraient été en lien direct et inspirés par Abdelhamid Abaaoud, 28 ans, bourreau de Daech. Originaire de la commune bruxelloise de Molenbeek, base arrière du djihad en Europe, ce djihadiste belge y aurait côtoyé Brahim et Salah Abdeslam.
Une source policière a par ailleurs confié au Figaro que ce «donneur» d'ordre est sans nul doute celui qui a téléguidé le Marocain Ayoub El Khazzani lors de l'attaque avortée du Thalys, le 21 août dernier, mais aussi Sid Amed Ghlam, quand il a voulu décimer une église de Villejuif en avril dernier.
● Traque tous azimuts entre la France et la Belgique
Éclatés entre la région parisienne, Molenbeek et, donc, les zones de combats en Syrie, les policiers poursuivaient lundi leur traque tous azimuts menée depuis plus de 72 heures pour neutraliser le reste de l'équipe et d'éventuels complices ayant fourni un soutien logistique. Outre ceux qui ont fourni les kalachnikovs, les policiers tentent de retrouver l'artificier qui a confectionné les ceintures d'explosifs. A moins que ce dernier figure au nombre des morts de vendredi.
Toute la journée, des opérations ont été menées en cascade en Belgique pour intercepter notamment Salah Abdeslam, plus que jamais considéré comme la «cible prioritaire» de tous les services. Alors que Mohammed, troisième de la fratrie, a été libéré, jurant ne pas savoir où se trouve Salah, deux suspects appréhendés samedi ont été quant à eux placés sous mandat d'arrêt pour «participation à un attentat terroriste et aux activités d'un groupe terroriste». Parmi eux, figure Mohamed Amri, propriétaire de la Golf 3 qui a «exfiltré» Salah Abdeslam vers la Belgique au lendemain des attentats de Paris. Du nitrate, pouvant entrer dans la composition du TATP, a par ailleurs été saisi en perquisition.
Preuve, s'il en était besoin, que la traque est européenne, les policiers allemands entendent depuis samedi un Algérien de 39 ans interpellé dans un foyer de réfugiés de l'Ouest du pays: devant d'autres migrants, il aurait assuré dimanche ou lundi dernier que «quatre jours plus tard une bombe ou des bombes allaient exploser à Paris». Des vérifications étaient toujours en cours pour établir une éventuelle «non-dénonciation de crime».
Perquisitions à Drancy et Bobigny
En France, la police met la pression sur les familles des kamikazes identifiés. Ainsi, trois membres de l'entourage de Samy Amimour ont été placés en garde à vue lundi alors que des perquisitions ont eu lieu à Drancy (Seine-Saint-Denis), d'où le terroriste est originaire. Par ailleurs, sept membres de l'entourage de Ismaël Omar Mostefaï, originaire de Courcouronnes (Essonne) ont dû répondre aux questions des enquêteurs. Selon nos informations, après avoir exploité le GPS de la Seat, ils ont passé au crible un appartement de Bobigny loué selon sa propriétaire à Brahim Abdeslam pendant une semaine au moment des attentats. Abritant des téléphones portables et des puces, il pourrait bien être le local conspiratif où les kamikazes ont pu se retrouver avant de semer la mort.
Source : Le Figaro.fr
À mesure que progresse l'enquête éclair portant sur les attentats qui ont foudroyé vendredi dernier le cœur de Paris et le Stade de France, les limiers de la Direction générale de la sécurité intérieure et de la Brigade criminelle précise les contours des trois commandos coordonnés qui ont semé la mort et l'épouvante. Avec méthode, ils sont parvenus à identifier cinq des kamikazes qui ont péri dans une équipée se soldant par un bilan encore provisoire de 129 morts et 352 blessés, dont plusieurs dizaines en «urgence absolue». Et le pire des scénarios, tant redouté, met en scène des profils «dormants» et sans relief, de petits voyous et d'illuminés en apparence parfaitement insérés. Jamais le spectre glaçant d'un terrorisme dilué dans tous les pores de la société n'a autant pris corps.
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Ainsi, Samy Amimour, 28 ans, un des trois kamikazes qui a ensanglanté le Bataclan, était-il conducteur de bus à la RATP, dont il a claqué la porte pour partir en Syrie. Ismaël Omar Mostefaï, 29 ans, identifié par l'empreinte d'un doigt retrouvé sectionné dans la salle de spectacle, paradait quant à lui dans des vidéos amateurs de musique rap. Bien que condamné à huit reprises entre 2004 et 2010, ce petit délinquant de Courcouronnes (Essonne), par ailleurs fiché «S», n'est jamais passé par la case prison. Salah Abdeslam, Français de 29 ans natif de Bruxelles, a été boulanger dans le quartier de la Madeleine à Chartres. Unique rescapé présumé de la bande de kamikazes toujours en cavale lundi soir, c'est lui qui aurait été au volant de la Seat noire utilisée pour les fusillades des Xe et XIe arrondissement. Détecté sur des images de vidéosurveillance, c'est aussi lui qui aurait déposé Brahim, son frère aîné qui a fait exploser son gilet rempli de TATP devant un restaurant du boulevard Voltaire. Bilal Hadfi, malfrat français de modeste envergure confondu par ses empreintes papillaires prélevées près du McDo du Stade de France où il est mort en martyr, et un migrant syrien de 25 ans passé par la Grèce et la Serbie répondant au nom d'Ahmad Al Mohammad si son identité se confirme, complètent presque ce singulier tableau. Seul un des terroristes du Bataclan reste, pour l'heure, inconnu.
● Camps d'entraînement de Daech
Si les profils des protagonistes varient, tous sont tombés assez jeunes, a priori sans grand bruit, dans la centrifugeuse de l'islam radical avant de se jouer des mailles pourtant resserrées des services antiterroristes. Au moins trois d'entre eux sont partis dans des camps d'entraînement de Daech qui a achevé de les métamorphoser en de redoutables machines à tuer. Analystes et experts du renseignement l'assurent: la cristallisation radicale se produit en un temps record. «Entre les mains de structures combattantes, les volontaires subissent un véritable processus d'évaluation visant à éprouver la sincérité de leur engagement, leur potentiel physique et opérationnel, confiait au Figaro dès mai 2014 Loïc Garnier, coordinateur de la lutte antiterroriste. Ils suivent ensuite des cours religieux et de maniement des armes légères. En général, la durée de ces «stages» varie très largement de deux semaines jusqu'à un mois, voire un mois et demi avant qu'ils soient directement envoyés au combat». Le patron de l'Uclat considérait alors que «seule une minorité est appelée à devenir des «kamikazes», à l'image de ceux qui se sont illustrés en Syrie mais aussi en Irak.»
De retour en Europe, les auteurs du carnage du vendredi noir revendiqué par l'État Islamique étaient inscrits au cœur d'une nébuleuse terroriste qui a planifié et supervisé les raids en région parisienne.
● Abdelhamid Abaaoud, le «cerveau» présumé
Par des moyens cryptés non encore déterminés, les kamikazes auraient été en lien direct et inspirés par Abdelhamid Abaaoud, 28 ans, bourreau de Daech. Originaire de la commune bruxelloise de Molenbeek, base arrière du djihad en Europe, ce djihadiste belge y aurait côtoyé Brahim et Salah Abdeslam.
Une source policière a par ailleurs confié au Figaro que ce «donneur» d'ordre est sans nul doute celui qui a téléguidé le Marocain Ayoub El Khazzani lors de l'attaque avortée du Thalys, le 21 août dernier, mais aussi Sid Amed Ghlam, quand il a voulu décimer une église de Villejuif en avril dernier.
● Traque tous azimuts entre la France et la Belgique
Éclatés entre la région parisienne, Molenbeek et, donc, les zones de combats en Syrie, les policiers poursuivaient lundi leur traque tous azimuts menée depuis plus de 72 heures pour neutraliser le reste de l'équipe et d'éventuels complices ayant fourni un soutien logistique. Outre ceux qui ont fourni les kalachnikovs, les policiers tentent de retrouver l'artificier qui a confectionné les ceintures d'explosifs. A moins que ce dernier figure au nombre des morts de vendredi.
Toute la journée, des opérations ont été menées en cascade en Belgique pour intercepter notamment Salah Abdeslam, plus que jamais considéré comme la «cible prioritaire» de tous les services. Alors que Mohammed, troisième de la fratrie, a été libéré, jurant ne pas savoir où se trouve Salah, deux suspects appréhendés samedi ont été quant à eux placés sous mandat d'arrêt pour «participation à un attentat terroriste et aux activités d'un groupe terroriste». Parmi eux, figure Mohamed Amri, propriétaire de la Golf 3 qui a «exfiltré» Salah Abdeslam vers la Belgique au lendemain des attentats de Paris. Du nitrate, pouvant entrer dans la composition du TATP, a par ailleurs été saisi en perquisition.
Preuve, s'il en était besoin, que la traque est européenne, les policiers allemands entendent depuis samedi un Algérien de 39 ans interpellé dans un foyer de réfugiés de l'Ouest du pays: devant d'autres migrants, il aurait assuré dimanche ou lundi dernier que «quatre jours plus tard une bombe ou des bombes allaient exploser à Paris». Des vérifications étaient toujours en cours pour établir une éventuelle «non-dénonciation de crime».
Perquisitions à Drancy et Bobigny
En France, la police met la pression sur les familles des kamikazes identifiés. Ainsi, trois membres de l'entourage de Samy Amimour ont été placés en garde à vue lundi alors que des perquisitions ont eu lieu à Drancy (Seine-Saint-Denis), d'où le terroriste est originaire. Par ailleurs, sept membres de l'entourage de Ismaël Omar Mostefaï, originaire de Courcouronnes (Essonne) ont dû répondre aux questions des enquêteurs. Selon nos informations, après avoir exploité le GPS de la Seat, ils ont passé au crible un appartement de Bobigny loué selon sa propriétaire à Brahim Abdeslam pendant une semaine au moment des attentats. Abritant des téléphones portables et des puces, il pourrait bien être le local conspiratif où les kamikazes ont pu se retrouver avant de semer la mort.
Source : Le Figaro.fr
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