A Diffa et ses alentours, il se passe rarement plus de trois jours sans qu'une attaque ou une incursion soit tentée par Boko Haram. Malgré la présence massive des militaires nigériens en ville, les spéculations vont bon train. Boko Haram chercherait à prendre la ville ou à y commettre un attentat très meurtrier avant la fin du ramadan.
Un climat de peur auquel les autorités répondent par une stratégie d'implication de la population. « Nous arrêtons des gens sur la base de preuves ou de dénonciations, explique Yacouba Soumana Gaoh, gouverneur de Diffa. Quelqu'un est dénoncé. On nous dit : voilà ce qu’on lui reproche. Pour tout musulman, lorsque vous levez le Coran, vous ne pouvez rien cacher. J’ai des parents qui sont venus me trouver ici à mon bureau avec leurs propres enfants en disant : il a été sur le front ou bien mon fils est là-bas caché dans la maison. C’est comme ça qu’on a arrêté les gens. »
La jeunesse perdue de Bagara
A quelques encablures de Diffa, coincé entre la ville et la rivière Komadougou qui sert de frontière avec le Nigeria, le petit village de Bagara a payé cher la lutte contre Boko Haram. Plusieurs de ses jeunes sont partis rejoindre les insurgés ou sont en prison à Niamey. Les trois fils de cette femme ont été arrêtés il y a quelques semaines. « Mes enfants ne sont pas des insurgés, affirme-t-elle. Ils ont été arrêtés ici à Bagara. Il y a des gens qui sont partis raconter aux militaires que mes enfants étaient des insurgés et ils ont été arrêtés. Maintenant ils sont à Niamey dans une prison. »
Qu'ils soient pris sur le fait, soupçonnés d'appartenir à Boko Haram ou même d'en être complices, on les envoie à Niamey ou ils sont interrogés pendant des jours.
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