L’électricité est vitale pour une économie et les populations. Toutefois, sa mauvaise gestion peut s’avérer explosive pour des chefs d'Etats. Des années 90 à maintenant, des pouvoirs ont tremblé du fait de mouvements et d’émeutes relativement aux coupures, délestages ou hausse du prix de l’électricité.
En effet, à la fin des années 1990, les difficultés d’approvisionnement et le coût de l’énergie au Sénégal avaient suscité une série de mouvements sociaux, de contestations et de mobilisations collectives. Ainsi des pans de la population notamment des membres de la société civile et plus particulièrement la jeunesse urbaine ont investi la rue et créé un véritable rapport de force.
Jean-François Haward, maître de conférences en Sciences politiques à l’Université de Haute-Alsace Bâtiment en France a ainsi travaillé ces tensions. Selon ses analyses, «le régime socialiste était alors à bout de souffle après 40 ans d’exercice du pouvoir, ceci dans un contexte social extrêmement difficile, après la dévaluation du franc CFA en 1994».
Or, c’est justement pour s’opposer à la privatisation de la SENELEC (Société Nationale d’Électricité du Sénégal) que le SUTELEC (Syndicat Unique des Travailleurs de l’Électricité), alors dirigé par Mademba Sock, engagea un mouvement de grève, dit «grève du zèle». «Un mouvement qui a porté sur le boycottage des heures supplémentaires, des cumuls de postes et des réparations en cas de panne…, lequel avait plongé le Sénégal dans le noir, et rappeler le précédent mouvement de contestation similaire de 1992, précise Haward.
Le chercheur français de rappeler que « Mademba Sock et 26 de ses camarades du SUTELEC, furent alors accusés de « sabotage », puis arrêtés et placés sous mandat de dépôt le 20 juillet 1998. Bref, s’en suivirent plusieurs mois de mobilisations pour la libération et la réintégration des syndicalistes engagés dans cette lutte. Mademba Sock sera, pour sa part, libéré le 22 janvier 1999, après six mois d’emprisonnement.
Les mouvements sociaux et les tensions politiques de l'époque qui ne cessaient de s'exacerber ont beaucoup contribué à la descente aux enfers du pouvoir de Abdou Diouf. Face à une forte volonté des populations mais surtout l'unité de l'opposition aidant, Le régime socialiste avait été envoyé au second tour et battu par Abdoulaye Wade gonflé à bloc.
En effet, à la fin des années 1990, les difficultés d’approvisionnement et le coût de l’énergie au Sénégal avaient suscité une série de mouvements sociaux, de contestations et de mobilisations collectives. Ainsi des pans de la population notamment des membres de la société civile et plus particulièrement la jeunesse urbaine ont investi la rue et créé un véritable rapport de force.
Jean-François Haward, maître de conférences en Sciences politiques à l’Université de Haute-Alsace Bâtiment en France a ainsi travaillé ces tensions. Selon ses analyses, «le régime socialiste était alors à bout de souffle après 40 ans d’exercice du pouvoir, ceci dans un contexte social extrêmement difficile, après la dévaluation du franc CFA en 1994».
Or, c’est justement pour s’opposer à la privatisation de la SENELEC (Société Nationale d’Électricité du Sénégal) que le SUTELEC (Syndicat Unique des Travailleurs de l’Électricité), alors dirigé par Mademba Sock, engagea un mouvement de grève, dit «grève du zèle». «Un mouvement qui a porté sur le boycottage des heures supplémentaires, des cumuls de postes et des réparations en cas de panne…, lequel avait plongé le Sénégal dans le noir, et rappeler le précédent mouvement de contestation similaire de 1992, précise Haward.
Le chercheur français de rappeler que « Mademba Sock et 26 de ses camarades du SUTELEC, furent alors accusés de « sabotage », puis arrêtés et placés sous mandat de dépôt le 20 juillet 1998. Bref, s’en suivirent plusieurs mois de mobilisations pour la libération et la réintégration des syndicalistes engagés dans cette lutte. Mademba Sock sera, pour sa part, libéré le 22 janvier 1999, après six mois d’emprisonnement.
Les mouvements sociaux et les tensions politiques de l'époque qui ne cessaient de s'exacerber ont beaucoup contribué à la descente aux enfers du pouvoir de Abdou Diouf. Face à une forte volonté des populations mais surtout l'unité de l'opposition aidant, Le régime socialiste avait été envoyé au second tour et battu par Abdoulaye Wade gonflé à bloc.
De Diouf à Wade le problème de l’électricité n’a pas connu de grands changementsSi les Sénégalais qui ont connu la première alternance en 2000, pensaient avoir fini avec les problèmes de coupure d’électricité avec l’arrivée de Wade, ça n'a pas été le cas. La privatisation de la Senelec avec l'arrivée des Canadiens, Helio Hydro Québec n'avait pas permis de trouver une solution. Chat échaudé craint l'eau froide. Le prédécesseur de Macky Sall a voulu donner un signal fort à la population. Il a demandé au ministre de l'Energie de l'époque, Abdoulaye Bathily de monter au créneau en cassant le contrat de concession qui liait l'Etat du Sénégal à l'entreprise québécoise. Cette concession signée en 1998 pour une durée de 25 ans à l'origine n'a pas fait plus de 18 mois. Cette rupture avait occasionné le remboursement de 40 milliards à Hélio Hydro Québec.
Cette mesure audacieuse du pouvoir de l'époque avait ainsi permis de noter une accalmie et donner un blanc-seing à Wade malgré les coupures d'électricité notées.
Quand Karim appelait Bourgi au secours
Ce n’est vraiment qu’à partir du deuxième mandat du président Wade, réélu en février 2007, que la contestation a pris un tournant décisif. Si en plus d'être privés d'électricité la majeure partie de la journée, les foyers reçoivent des factures identiques ou le plus souvent plus élevées que d'habitude grevant ainsi des budgets presque entièrement dédiés à l'alimentation, il y a de quoi être révolté, écrivait un certain Oumar Gueye dans son bloc sur Médiapart.
Gueye d’ajouter : « D'abord, le prix de l'électricité sous le régime de Abdoulaye Wade n'a cessé de croître. De 2002 à 2008, soit en 6 ans, le prix de l'électricité a doublé au Sénégal. En effet, de 73 F CFA le Kwh en 2002 (soit le 3ème plus cher de l'UEMOA), le prix de l'électricité moyenne tension est passé au Sénégal à 82 F CFA/Kwh en 2006 avant de culminer à 120 FCFA/Kwh pour le domestique et 160 F CFA/Kwh (hors taxes) pour l'usage professionnel sous la nouvelle grille tarifaire imaginée par Samuel Sarr dont on connait les dégâts faits au secteur de l'énergie au Sénégal notamment lorsqu'il était à la tête de la Senelec ».
Plusieurs fois, il a été noté une surchauffe du climat social. Des émeutes dans la capitale, également aussi dans quelques régions. Ces tensions ont tellement fait paniquer des autorités du pouvoir que Karim Wade avait câblé à l'époque Robert Bourgi pour de l'aide. Le plan Takkal avait été lancé. Il avait pour objectif d'accroître sensiblement les sources d'énergie avec la location de barges et de centrales. Ce plan a ruiné plusieurs fonds et entreprises publiques parce qu'il siphonnait des milliards un peu partout pour empêcher les coupures d'électricité.
Manifestation du Collectif Noo Lank pour dénoncer la hausse du prix de l'électricité en 2020
Avec Macky Sall, l’espoir était permis, mais n’aura duré que trois ansElu en 2012, dans un contexte de tensions liées au troisième mandat de son prédécesseur Abdoulaye Wade, il a fallu six (6 ans) au président Sall pour annoncer la baisse du prix de l’électricité de 10% lors de son discours de Nouvel an, samedi 31 décembre 2016. Le chef de l’Etat a imputé cette décision à « plusieurs acquis » : « La fourniture d’électricité connaît une nette amélioration. Ainsi, de 912 heures en 2011, le temps moyen annuel de coupure a été réduit à 73 heures en 2016 ». Toutefois cette baisse du prix de l'électricité était apparemment liée à l'élection présidentielle. Elle n'a duré que le temps d'une rose. Quelques mois après, le prix de l'électricité a encore grimpé à hauteur de 6 et 10%.
Une hausse qui mène vers l'électrocution
L’on pensait avoir définitivement fini avec les problèmes de l’électricité au Sénégal, surtout avec les récentes découvertes pétrolières et gazières. Fin novembre 2019, une note consultée, la Senelec a annoncé une « nouvelle grille tarifaire hors taxe » à partir du 1er décembre en application de la Décision N°2019-48 de la Commission nationale de régulation de l’électricité en date du 19 nombre 2019 « portant hausse des tarifs de vente au détail exclusive d’énergie électrique ».
La nouvelle grille prévoit une hausse de 6% sur la Moyenne et la haute tension et une hausse de 10% sur la Basse tension en épargnant les consommateurs des clients domestiques sur la 1ere tranche à compter du 1er décembre. Elle intègre la redevance électrification rurale au taux de 0,7 francs Cfa/KWH à prélever sur les consommations d’électricité des clients BT à l’exception des clients professionnels Grande puissance », selon la note, soulignant que cette grille annule et remplace celle appliquée depuis le 1er mai 2017.
Cette décision du gouvernement n’est pas partagée par des Sénégalais notamment ceux de la société civile, d’activistes, de politiciens qui se sont regroupés au sein du Collectif Noo Lank (Nous Disons Non, en wolof) pour demander au régime en place de retirer la mesure. Car, disent-ils les Sénégalais ne peuvent pas supporter cette hausse.
Noo Lank, prémisse d'une révolte feutrée des populations?Une première manifestation jugée réussie a été organisée, mobilisant des centaines de milliers de Sénégalais. La deuxième non-autorisée au vu l’arrestation puis l’emprisonnement du célèbre activiste Guy Marius Sagna, d’un universitaire, Dr. Babacar Diop (désormais libre) et d’étudiants. Une autre dont l’organisation était prévue à la Place de l’indépendance a été violemment réprimée par la police.
Si pour le moment, le pouvoir en place arrive à contenir les assauts et manifestations des membres et sympathisants du Collectif Noo Lank, rien n'assure que ce sera toujours le cas dans la durée. Désormais en plus de la hausse des tarifs de l'électricité, une augmentation des prix des denrées de premières nécessitées est annoncée par les commerçants qui s'offusquent du renchérissement des taxes et impôts sur les produits importants (de 2 à 12%). Les scandales signalés et notés dans la gestion des proches du chef de l'Etat ainsi que les problèmes politiques risquent de révulser davantage des pans importants de la population. Les contestations et les manifestations contre le pouvoir de Macky Sall pourraient connaitre une tournure plus grave et massive si jamais des solutions concrètes ne sont pas proposées.
Autres articles
-
Gestion fonds Covid-19 : « Je ne suis pas concerné par une quelconque information judiciaire » (Abdoulaye Diouf Sarr)
-
Radiation de Barthelemy Dias : « il y a un parfum de revanche politique dans cette affaire », Me Moussa Diop
-
Révocation de Barthelemy Dias : le préfet aurait agi sous l’Article, L 237 du code électoral, selon Me Moussa Diop,
-
"Les Sénégalais n'accepteront pas la dictature", avertit Mamadou Mbodji, Coordonnateur de F24
-
Vote de budget 2025 à l'Assemblée nationale : voici les ministères qui passeront devant la commission ce dimanche