Me Abdoulaye Wade avait prévenu dès son accession au pouvoir que ses gouvernements, c’est comme une équipe de football. Il pouvait effectuer des changements comme et quand il le voulait. Sauf qu’au football, on n’a pas le droit de faire plus de trois remplacements. Mais enfin, on a compris que c’était sa manière à lui d’expliquer l’instabilité institutionnelle qui caractérise sa manière de diriger le pays. Toutefois, il ne faut croire que le Chef de l’Etat change les hommes pour le simple plaisir. Comme aux échecs tout coup est calculé et a un but précis. Et puis changer constamment de collaborateurs donne l’illusion d’une rigueur dans la gestion, mais avec comme inconvénient que les titulaires du poste n’ont jamais réellement le temps de faire le travail qu’on leur confie.
Ainsi donc, deux semaines après le léger réaménagement survenu suite au limogeage de Cheikh Tidiane Gadio du ministère des Affaires étrangères, le chef de l’Etat décide de relooker son gouvernement, à travers un jeu de chaises musicales qui abouti à la nomination d’Abdoulaye Baldé comme ministre des Forces Armées et le renvoi de Cheikh Tidiane Sy du ministère de l’Intérieur. Un départ qui n’a certainement pas encore livré ses secrets tant l’homme est réputé fidèle parmi les fidèles à Wade, et que surtout rien ne laisse penser qu’il s’agit d’une sanction. A moins que le maître n’ait déjà prévu un autre poste pour lui.
Il n’y aurait pas eu grand-chose à dire sur ce énième réaménagement gouvernemental n’eut été les cas Abdoulaye Baldé et Aminata Tall. Deux cas qui méritent qu’on s’y attarde un peu. Le maire de Ziguinchor tout d’abord, qui quitte le secrétariat général de la Présidence de la République pour faire son entrée dans le gouvernement, aux Forces Armées. Même avec le gallon de ministre d’Etat, cela pourrait ne pas être une promotion. En effet, Abdoulaye Baldé arrive à la tête de ce département au moment où les attaques armées se multiplient en Casamance et que le MFDC, du moins son aile militaire, semble reprendre du poil de la bête. Un fils de la Casamance, maire de Ziguinchor, pour mâter les irrédentistes casamançais. L’idée n’est pas saugrenue et elle peut porter ses fruits. Mais elle comporte aussi des pièges qui pourraient perdre Abdoulaye Baldé. C’est sûr, ce n’est pas un cadeau pour le maire de Ziguinchor. Avec lui, l’expression «filer la patate chaude prend tout son sens». Sans parler du fait qu’il pourrait aussi perdre toute l’influence que lui conférait la station qu’il occupait au Palais. Pourvu seulement que cela ne soit une porte de sortie qui est aménagée pour lui.
Au demeurant, un autre raisonnement pas du tout absurde et qui commence déjà à habiter certains esprits, est de dire que c’est la Génération du Concret qui étend ses tentacules, en prenant le contrôle de l’Armée. Vu sous cet angle, c’est plutôt une belle prise pour Karim Wade qui est en train ainsi de parachever sa mainmise sur l’appareil d’Etat. Avec l’armée sous contrôle, le sommet n’est plus très loin.
Aminata Tall, elle, effectue un retour fracassant aux affaires, alors même que l’écho de ses déclarations tonitruantes dans les médias ne s’est pas encore estompé. Elle qui se plaignait d’avoir été injustement mise à l’écart obtient donc gain de cause en se rapprochant davantage de Me Abdoulaye Wade que, pourtant, elle vouait aux gémonies, il y a peu. Comment peut-elle encore le regarder dans les yeux après tout ce qu’elle a dit sur lui ? Mais c’est certainement cela la politique. Et puis, ceux qui savent lire entre les lignes avaient compris que les menaces d’Aminata Tall de claquer la porte du Parti Démocratique Sénégalais n’étaient pas sérieuses. C’était un peu du chantage, un peu d’apitoiement et une manière de rappeler qu’elle était toujours là. Aujourd’hui qu’elle occupe un poste qui est à la mesure de son «poids politique», il est sûr qu’elle a déjà oublié tout le mal qu’elle a pensé et dit de Me Wade.
Somme toute, s’il y a un gagnant dans ce nouveau changement, c’est peut-être Aliou Sow qui, décidément, continue son retour en grâce. Puisqu’il n’est plus ministre délégué, mais ministre plein. Une récompense certainement pour son engagement dans son école du «wadisme» et son combat pour la suppression du second tour.
Me Wade, quant à lui, continue de placer tranquillement les pièces de son puzzle, tout en donnant l’impression de jouer aux échecs, avec son style du mouvement perpétuel. Attendons le prochain coup.
Samba Dialimpa BADJI
Rédacteur en Chef
Océan FM
www.oceanfm.sn
Ainsi donc, deux semaines après le léger réaménagement survenu suite au limogeage de Cheikh Tidiane Gadio du ministère des Affaires étrangères, le chef de l’Etat décide de relooker son gouvernement, à travers un jeu de chaises musicales qui abouti à la nomination d’Abdoulaye Baldé comme ministre des Forces Armées et le renvoi de Cheikh Tidiane Sy du ministère de l’Intérieur. Un départ qui n’a certainement pas encore livré ses secrets tant l’homme est réputé fidèle parmi les fidèles à Wade, et que surtout rien ne laisse penser qu’il s’agit d’une sanction. A moins que le maître n’ait déjà prévu un autre poste pour lui.
Il n’y aurait pas eu grand-chose à dire sur ce énième réaménagement gouvernemental n’eut été les cas Abdoulaye Baldé et Aminata Tall. Deux cas qui méritent qu’on s’y attarde un peu. Le maire de Ziguinchor tout d’abord, qui quitte le secrétariat général de la Présidence de la République pour faire son entrée dans le gouvernement, aux Forces Armées. Même avec le gallon de ministre d’Etat, cela pourrait ne pas être une promotion. En effet, Abdoulaye Baldé arrive à la tête de ce département au moment où les attaques armées se multiplient en Casamance et que le MFDC, du moins son aile militaire, semble reprendre du poil de la bête. Un fils de la Casamance, maire de Ziguinchor, pour mâter les irrédentistes casamançais. L’idée n’est pas saugrenue et elle peut porter ses fruits. Mais elle comporte aussi des pièges qui pourraient perdre Abdoulaye Baldé. C’est sûr, ce n’est pas un cadeau pour le maire de Ziguinchor. Avec lui, l’expression «filer la patate chaude prend tout son sens». Sans parler du fait qu’il pourrait aussi perdre toute l’influence que lui conférait la station qu’il occupait au Palais. Pourvu seulement que cela ne soit une porte de sortie qui est aménagée pour lui.
Au demeurant, un autre raisonnement pas du tout absurde et qui commence déjà à habiter certains esprits, est de dire que c’est la Génération du Concret qui étend ses tentacules, en prenant le contrôle de l’Armée. Vu sous cet angle, c’est plutôt une belle prise pour Karim Wade qui est en train ainsi de parachever sa mainmise sur l’appareil d’Etat. Avec l’armée sous contrôle, le sommet n’est plus très loin.
Aminata Tall, elle, effectue un retour fracassant aux affaires, alors même que l’écho de ses déclarations tonitruantes dans les médias ne s’est pas encore estompé. Elle qui se plaignait d’avoir été injustement mise à l’écart obtient donc gain de cause en se rapprochant davantage de Me Abdoulaye Wade que, pourtant, elle vouait aux gémonies, il y a peu. Comment peut-elle encore le regarder dans les yeux après tout ce qu’elle a dit sur lui ? Mais c’est certainement cela la politique. Et puis, ceux qui savent lire entre les lignes avaient compris que les menaces d’Aminata Tall de claquer la porte du Parti Démocratique Sénégalais n’étaient pas sérieuses. C’était un peu du chantage, un peu d’apitoiement et une manière de rappeler qu’elle était toujours là. Aujourd’hui qu’elle occupe un poste qui est à la mesure de son «poids politique», il est sûr qu’elle a déjà oublié tout le mal qu’elle a pensé et dit de Me Wade.
Somme toute, s’il y a un gagnant dans ce nouveau changement, c’est peut-être Aliou Sow qui, décidément, continue son retour en grâce. Puisqu’il n’est plus ministre délégué, mais ministre plein. Une récompense certainement pour son engagement dans son école du «wadisme» et son combat pour la suppression du second tour.
Me Wade, quant à lui, continue de placer tranquillement les pièces de son puzzle, tout en donnant l’impression de jouer aux échecs, avec son style du mouvement perpétuel. Attendons le prochain coup.
Samba Dialimpa BADJI
Rédacteur en Chef
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