L’enquête de personnalité est habituellement un acte très important dans un procès d’assises. Mais celle sur Hissène Habré a déçu. L’expert, Mme Diop, a en effet rencontré de grandes difficultés. « Pendant toute la durée de l'enquête, pendant les trois mois, nous n'avons pas pu parler à M. Hissène Habré, et encore moins le voir. Donc, ça a été la première grande difficulté », a-t-elle expliqué à la cour.
La famille d’Hissène Habré a également refusé toute question. La cour a par ailleurs bloqué tout déplacement au Tchad : « Pour sa situation au niveau du Tchad, les Chambres africaines ne pouvaient pas assurer notre sécurité », a relaté Mme Diop.
Au final, les experts ont interrogé sept personnes à Dakar. Notamment l’un des fils adoptifs de M. Habré, un ami de longue date et deux réfugiés tchadiens. Aucune information n’est donnée sur la période du règne d’Hissène Habré. « Nous n'avons pas eu d'informations sur des tortures, sur des faits de guerre. Nous avons juste écrit ce qui nous a été relaté », confie l'expert.
« Nul ne peut ignorer l’étendue des horreurs que le peuple tchadien a subies »
Concrètement, Hissène Habré est présenté comme quelqu’un de courtois, qui peut également être implacable avec ses ennemis. Les avocats des victimes estiment que c’est un travail bâclé. « Le rapport ne dit pas clairement qui est M. Hissène Habré », dira l'un de leurs conseils en pleine séance. L’audience est alors levée. Hissène Habré n’est visiblement pas affecté par ce qu’il vient d'entendre. Il lève les bras en signe de victoire et sort sous les applaudissements de ses proches.
Le président de l'association des victimes, Clément Abaifouta, considère néanmoins que tout ceci, l'existence même de ce procès, est une victoire, ainsi qu'un message envoyé à tous les despotes. « Aujourd’hui au Sénégal, aujourd’hui en Afrique, aujourd’hui dans le monde entier, nul ne peut ignorer l’étendue des horreurs que le peuple tchadien a subies de 1982 à 1990 sous le joug de Hissène Habré. Et la violence de son pouvoir », confie-t-il.
« Faire connaître nos récits, ajoute M. Abaifouta, c’est faire comprendre à tous les despotes aujourd’hui encore au pouvoir, qu’un jour oui, qu'un jour, comme Habré, ils feront face à la justice. »
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