La société civile burkinabè, et en particulier le collectif Balai citoyen, avait appelé au rassemblement ce dimanche matin, sous les fenêtres du médiateur Macky Sall, président sénégalais de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Mot d’ordre : annoncer clairement que certains points de négociation de l’accord en cours d’élaboration ne sont pas négociables. « On voulait passer un message fort aux médiateurs de la Cédéao, pour dire qu’on veut le statu quo sur les décisions du Conseil constitutionnel. Il n’y aura pas de revendication par rapport à l’inclusion. Il n’y aura aucune amnistie possible. Ce n’est pas négociable ! », confie un participant à notre envoyé spécial.
Devant l'hôtel Laico de Ouagadougou, où se tiennent les discussions depuis deux jours, les manifestants s’assoient alors par terre. C'est à ce moment que des éléments du Régiment de sécurité présidentielle arrivent en trombe devant le bâtiment. Cagoulés, arme au poing, ils déboulent en courant vers les manifestants pour les chasser. Scène de panique, un manifestant crie sa colère : « On ne veut plus parler de RSP ! Ils n’ont qu’à se disperser ! Aujourd’hui, on est de sortie. Tant que le RSP ne bouge pas, personne ne rentre. C'est tout ! » Certains trouveront refuge sur le parvis de l’hôtel et se mettront à entonner l’hymne national. Des militants favorables aux putschistes voudront pour leur part investir le bâtiment, relate notre second envoyé spécial.
Entre les partisans de la transition et des putschistes, un accord est-il possible ?
Il y aura des échanges de coups, des hommes tenteront de saccager le hall du Laico. Un garde du corps de l’opposant Roch Marc Christian Kaboré, qui arrivait à ce moment-là, sera blessé dans les bagarres. Cet instant de violence durera environ une quinzaine de minutes au total. « La police et la gendarmerie sécurisent actuellement l'hôtel. Il apparaît, après décantation, que ce sont des manifestants pro-Conseil national de la démocratie (CND, putschistes, NDLR) qui ont fait irruption à l'hôtel. Des journalistes ont reçu des coups. Notre consœur du Faso.net a été passée à tabac et sa tablette retirée », relatent les journaliste de Burkina24 présents sur place à l'hôtel Laico de Ouagadougou. Le calme étant revenu, les responsables politiques ont finalement pu arriver un par un, et entrer dans la salle de négociations à la faveur de l'accalmie.
Les médiateurs de la Cédéao sont censés annoncer un accord qui prévoirait un retour àl’ordre constitutionnel. On ne sait pas si cet accord est une base de discussion. En revanche, ce que l’on sait, c’est qu’il fait l’objet de beaucoup de méfiances, voire de rejet. Et pas seulement du côté des manifestants. Chérif Sy, le patron d’Assemblé nationale transitoire, seule personnalité du régime de transition libre de ses propos depuis le coup d'Etat, n’est pas d’accord avec les mesures préconisées. Il réclame lui aussi le retour à la situation d’avant-putsch. Il demande aussi l’arrestation des responsables du RSP, le général Diendéré en tête. Il refuse par ailleurs que des personnalités exclues des élections par le Conseil constitutionnel soient réintégrées dans le jeu politique. C’est l’un des points importants de l'accord qui aurait été conclu la nuit dernière et qui devait être dévoilé entièrement ce dimanche matin.
Source : Rfi.fr
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