Le temps de la Justice est lent !
Il est engoncé dans le carcan étroit de la procédure judiciaire qui dure le temps de l’instruction à charge et à décharge et de la préparation des dossiers de l’accusation et de la défense.
Le temps de la Justice est long... Très long !
Dans le contexte particulier que traverse mon parti, le Pds, dont plusieurs hauts responsables subissent l’infamante accusation d’enrichissement illicite, il est impensable d’espérer que la formation politique qui a ouvert la séquence historique de la première alternance au Sénégal ait une réaction autre que celle d’ordre politique ! Les manifestations qui ont marqué, dernièrement, l’actualité, ignorent ostensiblement et à juste titre, le temps de la Justice. J’aurais aimé, à dire vrai, voir une mobilisation de cette ampleur dès l’arrestation des premières personnalités de notre Parti, même si je reconnais tout ce qui a été dit et fait pour le maire de Ndioum, arrêté dans des conditions injustes en pleine campagne électorale pour les Législatives alors qu’il était donné vainqueur dans son département de Podor où il était notre tête de liste. C’est juste une question de principe ! Nous sommes, «nés libres et égaux en droit»...
Le temps de la politique se conjugue au présent !
Il est ponctué des spasmes d’une société sénégalaise que nous, politiques de tous bords, avons pris en otage en faisant appel aux plus bas instincts de nos compatriotes et à leurs plus morbides expressions... Nous nous préoccupons, de moins en moins, des difficultés extraordinaires de nos concitoyens ! Nous nous enfermons, tous les jours un peu plus, dans une rhétorique politicienne qui n’apporte aucune valeur ajoutée au quotidien de Sénégalais qui n’en pourront, bientôt, plus d’attendre de nous le tracé salvateur de perspectives nouvelles...
Faites un tour du côté des fora sur Internet. Loin de mon pays, je vois, avec consternation, s’exprimer ce qui est devenu une tendance lourde de la politique sur notre substrat socioculturel ; insultes d’une vulgarité sans nom, accusations d’une gravité extrême dans un langage outrancier qu’on ne peut accepter de voir utiliser dans une République qui se veut un avenir. Les prochaines crises sociales, je le sens, se cristalliseront et exploseront en trouvant, comme socle, cet espace d’expression débridé qui finira par détruire notre jeune démocratie. L’enjeu, pour le Pds, est de trouver les postures opératoires prenant en charge les contraintes propres à ces deux temps. Concomitamment.
Il est venu, dans le Parti où j’ai construit toute la carrière politique, le temps du soupçon. Des insultes et des invectives... souvent adressées à ceux d’entre nous qui refusent de rentrer dans cette «solidarité mécanique» qui nous obligerait à adopter des postures que notre conscience et nos convictions républicaines réprouvent... J’ai bien compris que c’est une manière subtile d’anticiper sur un débat dont on ne pourra, éternellement, faire l’économie. Celui de l’avenir du Parti démocratique sénégalais.
Nous sommes à la croisée des chemins. Maître Abdoulaye Wade est le dernier leader charismatique capable de rassembler autour d’un projet toutes sortes de personnalités politiques ayant comme seul dénominateur commun de ne point discuter son leadership ! Aujourd’hui est venu, dans le temps politique, le moment d’inventer le nouveau «modus operandi» qui va nous permettre de travailler, ensemble, autour d’un «modus vivendi» inédit !
Le temps de l’unanimisme est révolu !
Ne demandons pas à une génération talentueuse d’hommes politiques de se faire «Hara Kiri» ! Tous ceux qui ont accompagné Me Wade, durant l’exceptionnelle trajectoire qui l’a mené à la Magistrature suprême en mars 2000, sont à ses côtés depuis 40 ans... Ils ont pour certains sacrifié leurs études ou connu l’incarcération. D’autres ont laissé leurs jeunes vies dans ces temps obscurs où les libertés n’étaient pas ce qu’elles sont devenues sous le magistère de Me Wade.
Quand nous avons demandé à Idrissa Seck de le faire, il a préféré se frayer un avenir politique, ailleurs en créant «Rewmi». Il est parti de notre famille en amenant tous ceux de nos frères qui se sentaient proches de sa sensibilité. L’histoire retiendra qu’à l’issue de la Présidentielle de 2007, il dirigeait la seconde force politique de l’échiquier ...
Quand nous avons essayé d’imposer à Macky Sall de mettre en pointillés une postérité politique qu’il ne pouvait voir, à l’époque, que dans le parti qui lui a donné accès aux plus hautes responsabilités de l’Etat, il en est parti ! Nous avons la responsabilité historique d’avoir créé le monstrueux «Léviathan » qui nous a fait perdre le pouvoir en 2012.
Apprenons de nos erreurs et évitons-nous les turpitudes de nos errements passés ! Le Peuple sénégalais nous regarde faire. Il jugera de notre capacité à répondre à ses légitimes exigences à l’aune de notre management de la justice et de la démocratie internes.
Nous devons faire notre mue.
Nous avons, dans la bataille judiciaire qu’ils mènent, le devoir de défendre les intérêts politiques de nos frères. Nous devons, aussi, travailler à un programme alternatif nous permettant de rassembler une majorité de Sénégalais autour de notre projet politique !
C’est un travail de longue haleine. Chaque jour qui passe, dans ce temps politique, nous éloigne de ce qui doit être notre seule préoccupation : recouvrer l’adhésion populaire aux valeurs du Libéralisme et aux Hommes qui l’incarnent au Pds.
Faire renaître l’Esperance Bleue. C’est là le combat qui me fait sortir de mon mutisme et me préparer à revenir dans le champ politique. C’est ce que je dois à Me Wade : me battre de toutes mes forces, pour que son héritage survive à une Vie que nous lui souhaitons bien longue !
Pour que, jamais ne meure l’«Espérance bleue» !
Me Souleymane Ndéné NDIAYE
Avocat au Barreau du Sénégal
Membre du Comité Directeur du Parti démocratique sénégalais
Ancien Premier ministre
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