L’ Union européenne va donc maintenir son aide à la réforme de la police de la RDC, un appui de 11 millions d'euros pour un programme étalé sur six ans. Cette annonce intervient alors que les forces de l'ordre de Kinshasa ont été accusées de graves bavures. Dans deux rapports récents, les Nations unies et l’ONG Human Rights Watch (HRW) ont fait état de dizaines d’exécutions et de disparitions au cours de l’opération Likofi (« Coup de poing » en lingala) contre la délinquance menée, à Kinshasa, de novembre 2013 à février 2014.
Ces violations des droits de l’homme ont provoqué la suspension, par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, d’un programme de coopération policière. L'Union européenne, elle, a donc décidé de maintenir son aide, comme l’a expliqué Jean-Michel Dumond, ambassadeur de l’UE à Kinshasa :
« Les informations qui sont dans ces rapports sont des informations sérieuses. Nous avons donc demandé des explications au gouvernement congolais et il nous a été dit qu’il y avait eu, effectivement, des dérapages et qu’il y a des investigations qui sont conduites. Nous attendons, par conséquent, que ces investigations soient menées à bout, que les mesures correctives nécessaires soient prises et que ceux qui apparaitraient responsables des dérapages qui ont été commis ainsi que ceux, quel que soit leur niveau de responsabilité, soient sanctionnés, si besoin traduits en justice. ».
« Aussi, à ce stade, nous avons, pour l’instant donc, maintenu notre coopération. Notre objectif est donc de construire une police qui soit professionnelle, républicaine, respectueuse des droits de l’homme et avec un objectif très clair : éviter, à l’avenir, que ces faits se reproduisent. »
La France suspend une formation
La France, de son côté, maintient elle aussi sa coopération, excepté une formation de 30 policiers de maintien de l’ordre qui devait avoir lieu, cette semaine, à Kinshasa. Cette formation est suspendue, en attendant que le gouvernement congolais livre les résultats de l’enquête interne sur ces violations des droits de l’homme commises par la police, ainsi que le confirme Luc Hallade, ambassadeur de France, en RDC :
« Nous poursuivons notre coopération en matière de police en espérant fortement que le gouvernement congolais pourra répondre aux préoccupations qui ont été exprimées, à la fois par les rapports de l’ONU, par celui de HRW, par la communauté internationale et par tous ceux qui observent le comportement de la police ».
« La seule action que nous avons prise immédiatement, si je puis dire, c’est de reporter une opération de formation de la (police antiémeutes) qui était programmée pour cette semaine, parce que nous avons le souci et la préoccupation d’éviter que des actions de formation au profit de forces de maintien de l’ordre puissent éventuellement aboutir à ce que ces forces de maintien de l’ordre aient un comportement qui se soit pas respectueux des droits de l’homme et des prescriptions internationales en la matière ».
« C’est une décision que j’ai notifiée, hier, au ministre de l’Intérieur et qui est, à ce stade, un report, c'est-à-dire que nous n’excluons pas de pouvoir reprendre cette coopération particulière. Pour tout le reste, cela continue à fonctionner normalement et nous attendons des réponses du gouvernement pour pouvoir reprendre une coopération complètement apaisée et normale ».
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