Dès les premières heures de la matinée, des groupes de militaires se sont positionnés aux carrefours principaux de Bangkok et devant les sièges des stations de télévision, a constaté notre correspondant sur place, Arnaud Dubus. Un porte-parole du chef de l’armée a indiqué que la loi martiale visait à restaurer l’ordre après six mois de troubles politiques qui ont causé la mort de plus de près de 30 personnes.
Le chef de l'armée thaïlandaise a par ailleurs décrété la censure des médias. Une décision encore justifiée au nom de la « sécurité nationale ». L'armée « interdit à tous les médias de rapporter ou de distribuer toute information ou toute photographie nuisibles à la sécurité nationale », a ainsi annoncé le général Prayut Chan-O-Cha dans sa déclaration, lue sur toutes les chaînes de télévision et de radio.
Dix chaînes de télévision ont ainsi été rapidement privées d'antenne. Jugées partisanes, elles risquaient de « déformer l'information » et d'« aggraver le conflit », a encore justifié l'armée. C'est notamment le cas de BlueSky, pro-opposition, et d'AsiaUpdate et UDD, favorables au gouvernement.
Un gouvernement dépourvu de tout pouvoir
Techniquement, le gouvernement dirigé par le Premier ministre intérimaire Niwat-Thamrong Boonsong-paisan reste en place, mais dans les faits, il est dépourvu de tout pouvoir. Et il n’a pas été consulté par les militaires avant la mise en place de la loi martiale.
Le mouvement antigouvernemental avait prévu des défilés à travers la ville ces prochains jours pour forcer le gouvernement à la démission. Il a annulé ces manifestations, mais continue à occuper les abords du siège du gouvernement. Quant aux leaders des Chemises rouges, les partisans du gouvernement, ils ont indiqué qu’ils continueraient leur rassemblement dans un quartier de la banlieue de Bangkok. Ils ont demandé aux manifestants d’accueillir les militaires de manière amicale.
Dans un communiqué, la porte-parole du département d'Etat Jen Psaki a exprimé l'inquiétude de Washington face à la crise politique en Thaïlande : « Toutes les parties en présence doivent respecter les principes démocratiques, y compris la liberté d'expression ». Pour les Etats-Unis, la loi martiale instaurée par l'armée thaïlandaise doit donc être « temporaire ».
Source : Rfi.fr
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