L'exécution de David Haines est un « odieux assassinat » selon l'Elysée ce dimanche matin. Dans le communiqué, la présidence française appelle à la mobilisation. « L'odieux assassinat de David Haines montre une nouvelle fois combien la communauté internationale doit se mobiliser contre Daesh (acronyme arabe de l'EI, NDLR), organisation de la lâcheté et de l'abjection ».
Un acte « odieux et révoltant » avait personnellement réagi dans la nuit le Premier ministre britannique, David Cameron. Il a promis à la famille de David Haines de faire tout ce qui est en son pouvoir pour « traquer » ces meurtriers et s’assurer qu’ils répondent de leurs crimes, rapporte notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix.
« Un message aux alliés de l’Amérique »
Le ministère des Affaires étrangères britannique, le Foreign Office, est en train d’authentifier la vidéo diffusée mais les images laissent peu de doute : intitulée « Un message aux alliés de l’Amérique », elle reprend la mise en scène des enregistrements précédents : en combinaison orange et à genoux dans le désert David Haines récite un texte où il accuse son Premier ministre d’être entièrement responsable de son exécution. A côté de lui son bourreau qui semble être le même homme que sur les deux autres vidéos ajoute que l’otage doit payer le prix de la promesse de David Cameron d’armer les combattants peshmergas contre l’Etat islamique. Il prévient le gouvernement que son alliance avec les Etats-Unis entraînera le peuple britannique dans une nouvelle guerre sanglante. Et à la fin de la vidéo les terroristes menacent d’exécuter un nouvel otage lui aussi britannique.
Cet enregistrement a été diffusé alors que les proches de David Haines venaient d’interpeller directement ses ravisseurs en leur demandant d’entrer en contact avec eux. Ce matin le frère de la victime a, dans un communiqué, rendu hommage à David Haines qui était âgé de 44 ans et père de deux enfants ainsi qu’à son travail durant 15 ans sur le terrain humanitaire.
Pressions pour un plus grand engagement des Britanniques ?
Après la diffusion de la vidéo montrant l’assassinat du 2è journaliste américain Steven Sotloff et où apparaissait l’otage britannique, David Cameron avait tenu plusieurs réunions d’urgence Cobra avec son gouvernement. A l’époque l’idée de conduire immédiatement des frappes militaires avait été écartée mais pas exclue. Depuis Londres a envoyé des armes et des munitions aux combattants kurdes qui luttent contre le mouvement jihadiste dans le nord de l’Irak. Il est clair que ce meurtre va provoquer une immense émotion en Grande-Bretagne et pourrait intensifier la pression déjà exercée par de nombreux députés sur David Cameron pour s’engager plus avant.
Et le chef du gouvernement britannique sait qu’il peut compter sur le soutien de son allié américain. La Maison Blanche a d'ailleurs rapidement réagi. Dans un communiqué, le président Obama a déclaré que « les Etats-Unis condamnaient fermement le meurtre barbare » de David Haines et qu’ils se tenaient aux côtés de leur ami et proche allié, la Grande-Bretagne, « dans le chagrin et la détermination », précise notre correspondant à Washington,Jean-Louis Pourtet.
Une exécution qui sert la stratégie d'Obama
La vidéo du mouvement l'Etat islamique a été captée par le centre américain de surveillance des sites islamistes, SITE. Elle dure 2 minutes 27 secondes, et comme dans les précédentes, David Haines fait une déclaration, de toute evidence dictée par ses ravisseurs, dénonçant son gouvernement pour s’être joint aux Etats-Unis dans la lutte contre l’Etat islamique.
Pour divers analystes, cette troisième exécution, après celle des journalistes américainsJames Foley et Steven Sotloff, sert d’une certaine façon la nouvelle stratégie d’Obama, dans la mesure où elle lui permet de justifier d’attaquer peut-être plus tôt que prévu le groupe radical en Syrie, auprès d’une opinion américaine révulsée encore un peu plus par les méthodes des djihadistes.
Le Congrès pourra difficilement lui refuser l’enveloppe qu’il demande pour aider les combattants syriens modérés. Cela donne aussi des arguments supplémentaires à l’administration pour obtenir un soutien plus ferme des pays qui ont donné à John Kerry leur accord à une « campagne militaire coordonnée » mais sans trop s’engager à fournir des troupes pour combattre sur le terrain.
John Kerry a achevé hier au Caire une tournée qui l'a mené dans plusieurs pays en quête d'alliés pour la grande coalition souhaitée par les Américains pour lutter contre l'Etat islamique. Les deux derniers pays visités par le secrétaire d'Etat américain, la Turquie etl'Egypte se sont montrés réservés dans leur soutien militaire à une telle entreprise.
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