Le président Pierre Nkurunziza avait été annoncé à plusieurs reprises depuis le matin à la Céni. Attendu à 11 h 30 puis 14 h, c’est finalement à 13 h (locale), alors que toute la presse étrangère ou presque était aux Nations unies pour assister aux négociations en vue d’une sortie de crise, que le chef de l’Etat a fait son apparition.
Il a serré quelques mains, notamment celle du président de la Céni, visage fermé, il est rentré dans la salle et s’est assis à un premier bureau comme s’il allait attendre. Deux agents de la commission électorale lui ont rapidement fait signe de s’installer face à eux. Après un rapide examen du dossier, ils ont demandé à Pierre Nkurunziza de signer les différentsrécépissés de dépôt.
Cela n’aura duré que quelques minutes et à la fin il a été salué par des applaudissements dans la salle venant de représentants de son parti, de son cabinet, mais aussi des cinq membres de la Céni. Le président s'est alors levé pour prendre le temps de leur serrer la main. Pierre Nkurunziza a aussi répondu à quatre questions des journalistes de la presse locale, toutes ou presque sur le mouvement de contestation qui se poursuit dans plusieurs quartiers de la capitale et les réactions internationales.
« La situation sera totalement maîtrisée »
Des contestations dont il a minimisé l’ampleur, en la comparant à d’autres épisodes de l’histoire du Burundi. « Le 1er mai, on a donné un message à la nation, il y a deux jours, on a de nouveau donné un message à la nation, message qui a été très bien apprécié par la communauté internationale et tous les Burundais. L’essentiel, c’est que ce qui a été commencé sous forme de manifestations, et qui s’est transformé en ce que certains appellent insurrection, nous vous garantissons que d’ici peu de jours, la situation sera totalement maîtrisée », a déclaré le président burundais.
« Le processus électoral se tiendra en bonne et due forme », a-t-il lancé avant de quitter la salle et d’effectuer un dernier arrêt, et des explosions de rires, pour enfin saluer un autre candidat venu déposer sa candidature. Il s’agit de Gérard Nduwayo de la branche de l’Uprona reconnue par le gouvernement.
Opposition divisée
La fin du dépôt des candidatures est prévue pour demain, le 9 mai. Plusieurs figures de l’opposition envisageaient de renoncer à se présenter — comme pour l'élection de 2010 largement boycottée — si Pierre Nkurunziza maintenait sa candidature. D'autres se sont d'ores et déjà déclarés candidats, notamment le patron de l'ancienne rébellion FNL Agathon Rwasa, de même que Jean Minani, le président du parti Frodebu Nyakuri. L'opposition est donc partagée entre la crainte d'affaiblir le mouvement de contestation et la volonté de ne pas laisser Pierre Nkurunziza concourir seul.
Lors de discussions informelles entre le gouvernement et les partis politiques sous l'égide des Nations unies, la possibilité d'un glissement pour les législatives et les communales avait été évoqué, puisque pour beaucoup — opposition, société civile et même chancelleries occidentales —, les conditions ne sont aujourd'hui pas réunies pour se diriger vers des élections.
Vendredi 8 mai dans la soirée, les forces de l'ordre ont reçu l'ordre de dégager toutes les barricades de plus en plus nombreuses dans les quartiers qui contestent la candidature de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat présidentiel. Cela a apparemment commencé dès ce vendredi soir, dans un quartier à proximité du centre de Bujumbura, où des coups de feu ont été entendus.
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