Abdallah Tocha Djohar, député suppléant du député élu Fahmi Saïd Ibrahim, a été arrêté à l’issue d’une conférence de presse de soutien à la candidature d’Ahmed Abdallah Sambi, qui a présidé les Comores de 2006 à 2011, pour un mandat qu'il avait prolongé de plusieurs mois.
Mais, bien que le gouvernement se soit prononcé contre cette candidature, les autorités comoriennes affirment qu’il ne s'agit pas d’une mesure destinée à museler l'opposition ni à entraver la liberté d'expression. Selon le ministre comorien de l’Intérieur, Houmed Ali Msaidié, la seule raison qui a motivé l’arrestation d’Abdallah Tocha Djohar est qu’il aurait enfreint la loi en tenant des propos « dangereux ». « Tout le monde est justiciable. Il a dit que si d'aventure Mr Sambi était empêché d'être candidat, il ferait couler le sang. C'est quand même dangereux comme propos. […] Il faut bien que les services de sécurité en sachent plus sur de telles déclarations », a déclaré le ministre de l’Intérieur au micro de RFI, précisant que, désormais, c’est « à la justice de décider » du sort du député suppléant.
Les partisans de Sambi dénoncent une « dérive totalitaire »
Fahmi Saïd Ibrahim, le député dont Abdallah Tocha Djohar est le suppléant, n'a pas été autorisé à le voir durant sa garde à vue. Il s'étonne que nul ne sache qui a déclenché la procédure. « On m'a certifié que le parquet n'a pas diligenté cette enquête préliminaire », assure l’élu, qui affirme par ailleurs qu’« il n'y a pas eu d'incitation à la violence ». Pour Fahmi Saïd Ibrahim, l’interpellation de son suppléant s’explique par le fait que « le gouvernement actuel ne veut pas que le président Sambi dépose sa candidature ». Dénonçant une « dérive totalitaire », le député juge la situation « extrêmement grave » et accuse le gouvernement de vouloir « se substituer à la Cour constitutionnelle ». Abdallah Tocha Djohar devrait être fixé sur son sort dans la journée de ce dimanche, les 48 heures légales de sa garde à vue arrivant à leur terme dans l’après-midi.
Le gouvernement se pose en garant de la Constitution de 2001
La candidature à l’élection présidentielle de 2016 de l’ancien président comorien Ahmed Abdallah Sambi, originaire de l’île d’Anjouan, a été dénoncée à plusieurs reprises par le porte-parole du gouvernement. Selon la Constitution de 2001, le scrutin qui se tient l’an prochain doit en effet respecter la règle dite de la présidence « tournante » : les présidents élus doivent être originaires d’une île de l’archipel après l’autre. Après des présidents issus des îles d'Anjouan (Ahmed Abdallah Sambi) et de Mohéli (l'actuel président, Ikililou Dhoinine), le futur chef de l’Etat doit donc en théorie être issu d’une élection primaire en Grande-Comore. Début juin, le ministre de l'Intérieur déclarait que « si Sambi veut être candidat, c'est qu'il veut créer des troubles , et on ne peut pas permettre cela ». Houmed Ali Msaidié avait alors accusé les partisans d’Ahmed Abdallah Sambi de « vouloir réveiller les démons séparatistes et nous replonger dans une crise politique et institutionnelle. »
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