« Je suis un homme nuancé », aime à dire le Président Abdoulaye Wade. Une posture qui lui permet de valser souvent d’une opinion à une autre sans en donner l’impression. L’annonce transatlantique de sa candidature à la prochaine présidentielle semble obéir à la même logique. Il ne déroge pas à sa légendaire règle. Etonner et détonner. C’est n’est pas un hasard s’il a pris la précaution (f)utile de préciser que cette candidature est conditionnée par sa santé physique et mentale. Cela va de soi. Plus fondamentalement si Wade a décidé de proclamer sur la Voix de l’Amérique qu’il allait briguer un nouveau mandat, c’est davantage pour resserrer les rangs libéraux et semer la zizanie et la peur dans ceux de l’opposition. Cette déclaration cherche à unifier ses troupes dont il est le seul dénominateur commun, qu’on puisse en penser.
La carte Karim ayant jusqu’ici du mal à passer à l’intérieur du parti comme à l’extérieur, il faut la mettre en veilleuse et en sourdine pour ne pas totalement ruiner ses chances plus que compromises. Le leader auto désigné de la « Génération du concret » n’a pas manqué de saluer l’acte public posé par son géniteur. « Cette candidature est une superbe promesse faite à la jeunesse », a-il commenté dans un communiqué. Une annonce qui sonne, pour lui, comme un répit dans la pression qu’il subit depuis longtemps exacerbée par la sortie du brûlot hivernal des « Contes et mécomptes de l’Anoci » du journaliste-écrivain Abdou Latif Coulibaly. L’attention sera momentanément tournée vers cette énième bravade du baroudeur Wade qui devance l’opposition appelée à se choisir également un candidat pour répondre au challenge démesuré d’Abdoulaye Wade. Un défi sous forme de piège parce que Benno Siggil Sénégal pour relever cet affront risque de s’étriper autour de la « nécessaire » candidature unique. Au bout du compte, elle se déchirera et n’aura pas le résultat escompté.
On rétorquera à cette opposition qu’elle est incapable de transcender ses divergences et de s’unir donc inapte à réclamer le leadership national. Logique simplement formelle. La coalition de l’opposition doit se mettre à l’esprit qu’elle ne peut avoir un candidat unique. C’est un vœu pieu qui ne repose sur aucune réalité.
Les partisans de Moustapha Niasse s’aligneraient difficilement au premier tour derrière Ousmane Tanor Dieng qu’ils accusent d’avoir précipité le départ de leur leader du Ps au pouvoir avant 2000. Idem, ceux de Tanor n’oublieront pas facilement que Niasse a décisivement contribué à leur faire perdre le pouvoir au profit de Wade. Les sorties musclées et croisées des jeunesses socialistes et progressistes (Barthélemy Dias et Mbaye Dione notamment) ont fini de réveiller les utopistes de leurs illusions simplistes. Ils avançaient comme argument commode l’ « union » aux locales pour faire le deuil des divergences. Les élections locales, ce sont plusieurs sièges tandis que la présidentielle, c’est un seul et unique fauteuil. Les expériences de la Ca 2000 et du Fal sont encore fraîches. Wade a congédié quasiment tous les alliés qui l’avaient aidé à accéder au pouvoir. Aucun leader ne va sacrifier ses ambitions sur l’autel d’un altruisme béat. Le parti de Macky Sall a déjà annoncé les couleurs en prônant les candidatures multiples parce que convaincu qu’il ne sera pas choisi, au nom de l’opposition, pour briguer les suffrages du peuple. Sa rupture récente avec Wade n’est pas un gage suffisant pour lui permettre de commander des troupes qui contiennent Tanor, Niasse, Bathily, Dansokho, Madior, Bamba Dièye…La politique, c’est l’art du réel, disait Djibo Kâ.
Le stratège Wade joue ainsi sur cette divisibilité de l’opposition en direction des prochaines échéances qu’il peut anticiper le moment où il estimera que ses adversaires sont suffisamment éparpillés et son camp optimalement uni pour attaquer la dévolution du pouvoir. Il se présenterait comme il pourrait laisser la place à son Karim Wade, « meilleur expert financier africain » ou un Idrissa Seck, redevenu « jardinier de ses rêves ». L’objectif étant pour l’octogénaire, bien entendu, de perpétuer le régime libéral et de couvrir sa sortie. L’agitation de la suppression du second tour n’est ni fortuite ni gratuite. Sa mise en œuvre assurerait de meilleures chances au candidat sortant ou à son protégé. L’expérience a montré que ce dernier n’est quasiment jamais devancé au premier tour. Le Chef de l’Etat en sait quelque chose. N’eut été le second tour, il ne serait pas élu en 2000. Abdou Diouf l’avait distancé de dix points au premier tour avant qu’il ne rattrape son retard au second .Son maintien est la clé de la prochaine élection présidentielle.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
La carte Karim ayant jusqu’ici du mal à passer à l’intérieur du parti comme à l’extérieur, il faut la mettre en veilleuse et en sourdine pour ne pas totalement ruiner ses chances plus que compromises. Le leader auto désigné de la « Génération du concret » n’a pas manqué de saluer l’acte public posé par son géniteur. « Cette candidature est une superbe promesse faite à la jeunesse », a-il commenté dans un communiqué. Une annonce qui sonne, pour lui, comme un répit dans la pression qu’il subit depuis longtemps exacerbée par la sortie du brûlot hivernal des « Contes et mécomptes de l’Anoci » du journaliste-écrivain Abdou Latif Coulibaly. L’attention sera momentanément tournée vers cette énième bravade du baroudeur Wade qui devance l’opposition appelée à se choisir également un candidat pour répondre au challenge démesuré d’Abdoulaye Wade. Un défi sous forme de piège parce que Benno Siggil Sénégal pour relever cet affront risque de s’étriper autour de la « nécessaire » candidature unique. Au bout du compte, elle se déchirera et n’aura pas le résultat escompté.
On rétorquera à cette opposition qu’elle est incapable de transcender ses divergences et de s’unir donc inapte à réclamer le leadership national. Logique simplement formelle. La coalition de l’opposition doit se mettre à l’esprit qu’elle ne peut avoir un candidat unique. C’est un vœu pieu qui ne repose sur aucune réalité.
Les partisans de Moustapha Niasse s’aligneraient difficilement au premier tour derrière Ousmane Tanor Dieng qu’ils accusent d’avoir précipité le départ de leur leader du Ps au pouvoir avant 2000. Idem, ceux de Tanor n’oublieront pas facilement que Niasse a décisivement contribué à leur faire perdre le pouvoir au profit de Wade. Les sorties musclées et croisées des jeunesses socialistes et progressistes (Barthélemy Dias et Mbaye Dione notamment) ont fini de réveiller les utopistes de leurs illusions simplistes. Ils avançaient comme argument commode l’ « union » aux locales pour faire le deuil des divergences. Les élections locales, ce sont plusieurs sièges tandis que la présidentielle, c’est un seul et unique fauteuil. Les expériences de la Ca 2000 et du Fal sont encore fraîches. Wade a congédié quasiment tous les alliés qui l’avaient aidé à accéder au pouvoir. Aucun leader ne va sacrifier ses ambitions sur l’autel d’un altruisme béat. Le parti de Macky Sall a déjà annoncé les couleurs en prônant les candidatures multiples parce que convaincu qu’il ne sera pas choisi, au nom de l’opposition, pour briguer les suffrages du peuple. Sa rupture récente avec Wade n’est pas un gage suffisant pour lui permettre de commander des troupes qui contiennent Tanor, Niasse, Bathily, Dansokho, Madior, Bamba Dièye…La politique, c’est l’art du réel, disait Djibo Kâ.
Le stratège Wade joue ainsi sur cette divisibilité de l’opposition en direction des prochaines échéances qu’il peut anticiper le moment où il estimera que ses adversaires sont suffisamment éparpillés et son camp optimalement uni pour attaquer la dévolution du pouvoir. Il se présenterait comme il pourrait laisser la place à son Karim Wade, « meilleur expert financier africain » ou un Idrissa Seck, redevenu « jardinier de ses rêves ». L’objectif étant pour l’octogénaire, bien entendu, de perpétuer le régime libéral et de couvrir sa sortie. L’agitation de la suppression du second tour n’est ni fortuite ni gratuite. Sa mise en œuvre assurerait de meilleures chances au candidat sortant ou à son protégé. L’expérience a montré que ce dernier n’est quasiment jamais devancé au premier tour. Le Chef de l’Etat en sait quelque chose. N’eut été le second tour, il ne serait pas élu en 2000. Abdou Diouf l’avait distancé de dix points au premier tour avant qu’il ne rattrape son retard au second .Son maintien est la clé de la prochaine élection présidentielle.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
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