L’opinion publique américaine à près de 80%, a approuvé la décision du retrait complet d’Irak en 2011, et deux tiers des personnes interrogées dans les derniers sondages jugent,a posteriori, la stratégie de Bush et l’invasion de 2003 illégitimes.
Dans ce contexte, les élus en faveur d’une intervention militaire contre les rebelles irakiens évoquent la sécurité nationale. Lindsey Graham, est ainsi prêt à soutenir des frappes aériennes. L’influent sénateur républicain est même prêt à une coopération américaine avec l’Iran, expliquant à ses concitoyens que les risques pour les Etats-Unis sont grands si les Etats-Unis n’agissent pas. « Nous devons nous coordonner avec les Iraniens et les Turcs, afin que les Arabes sunnites soient réintroduits dans le jeu, forment un nouveau gouvernement, sans Maliki. C’est un nouveau 11 septembre qui se prépare, le directeur du FBI nous a prévenus au Congrès. »
Les démocrates sont beaucoup plus réticents. Beaucoup craignent comme Barack Obama, l’engrenage dans un conflit qui, disent-ils, ne peut se régler à long terme qu’avec une ouverture du gouvernement irakien aux sunnites modérés. Si la réflexion sur d’éventuelles frappes aériennes contre les rebelles irakiens est engagée à la Maison Blanche, elle est donc aussi en débat sur la place publique.
L'embarras turc
Avec notre correspondant à Istanbul,Jérôme Bastion
Ankara ne perçoit - pour l’instant - la crise irakienne qu’au travers de l’affaire de ses otages à Mossoul et du pont aérien organisé pour rapatrier les plus de 100 000 ressortissants vivant dans le pays. La Turquie ne semble toujours pas saisir la vraie dimension de la menace jihadiste. Et pour cause : à l’instar du vice-ministre des Affaires étrangères, Naci Koru, les dirigeants turcs n’arrivent tout simplement pas à accepter l’idée que les 80 hôtes de l’Emirat Islamique d’Irak et du Levant (EIIL) puissent être retenus contre leur gré.
Pourtant, des tractations se poursuivent bien via plusieurs canaux avec les ravisseurs, affirme-t-on à Ankara, où on compte sur une décision venant « d’en haut ». Autrement dit, la Turquie ne sait pas comment discuter avec ses anciens alliés dans la lutte contre Bachar el-Assad, et n’arrive pas à réaliser de quoi ils sont capables, surtout au-delà de la question des otages de Mossoul.
S’il est difficile pour Ankara de considérer l’EIIL comme une organisation terroriste – inscrite il y a moins de deux semaines à peine sur la liste des organisations terroristes – on comprend qu’il soit aussi malaisé de percevoir comme une menace leur installation durable pas très loin au-delà de sa frontière. Mais finalement, ce sera peut-être l’occasion pour la Turquie de composer vraiment avec les Kurdes, qui constituent une zone tampon presque naturelle sur une bonne partie de cette longue frontière, pour se protéger. Ce qui constituerait au passage un singulier retournement de l’histoire…
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