Il ne reste plus que quelques semaines pour tenter de sauver un jeune condamné à mort iranien. L’homme, aujourd’hui âgé de 26 ans, risque la pendaison pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Il est en prison depuis sept ans déjà et à l’époque il avait été arrêté avec deux de ses amis suite à une rixe qui avait fait un mort. La justice a établi que les coups mortels avaient été portés par les deux amis, rapporte l’agence de presse Mehr, lesquels sont morts dans un accident de la circulation.
La famille de la victime s’était alors tournée vers le troisième homme pour exiger réparation. En Iran, dans une affaire de meurtre comme celle-ci, c’est la peine capitale qui est applicable. Mais, selon la charia en vigueur dans le pays depuis la Révolution islamique de 1979, les proches de la victime peuvent épargner la vie du condamné en réclamant le « prix du sang ».
C’est le choix qu’a fait la famille de la victime en fixant le montant du dédommagement à trois milliards de rials, soit 100 000 dollars. Une somme faramineuse dans un pays où le salaire moyen mensuel tourne autour de 400 dollars. Qu’à cela ne tienne, des membres de la société civile depuis environ une décennie, se font forts d’empêcher des exécutions capitales en collectant de l’argent ; le « prix du sang » peut aller de 10 000 à 100 000 dollars.
Le « prix du sang »
Dans cette affaire, c’est le cas du réalisateur Mostefa Kiaei qui se démène pour trouver les 100 000 dollars indispensables à la survie de ce jeune de 26 ans. Pour y parvenir, il a eu l’idée de rameuter le ban et l’arrière-ban de ce que le pays compte d’artistes, de personnalités et de sportifs pour assister à la projection de son film Ligne spéciale. La séance se tient dans une salle du nord-ouest de la capitale et la recette servira à payer le « prix du sang ».
« La vie humaine est précieuse », assure Mostafa Kiaei qui est convaincu que « tout ce que nous faisons dans cette affaire est utile, car cela donne une énergie positive à la société et aide des parents à retrouver leur fils ». Dans la mesure où le condamné n'est pas coupable du meurtre, « le pouvoir judiciaire voit notre action d'un bon œil », souligne le cinéaste. « Moins il y a d'exécutions, mieux c'est », ajoute-t-il.
Pendaisons en public pour l'exemple
Si cette opération de « sauvetage » n’est pas la première en Iran, elle se singularise par l’importance du montant à trouver. Une somme conséquente, mais dont le tiers a déjà été récolté, précise Mostafa Kiaei. La preuve que la société civile iranienne est très engagée dans les actions visant à empêcher les exécutions. Ces actions sont par ailleurs plutôt bien tolérées par le pouvoir dans la mesure où elles se limitent à ce type d’opération et ne prétendent pas remettre en cause le régime.
En Iran, la criminalité augmente et, faute de moyens mis en place pour la combattre, les autorités iraniennes multiplient les condamnations exemplaires. Ainsi, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est-il ému récemment « de la forte hausse » des exécutions au pays des mollahs.
Selon l’organisation internationale, ce sont au moins 500 personnes que l’Iran a exécutées en 2013, dont 57 en public, en majorité pour des affaires de drogue. La plupart du temps, les condamnés sont pendus dans l’enceinte des prisons, mais depuis quelques années, des exécutions se déroulent dans des lieux publics afin, espèrent les autorités, « de donner l’exemple et de juguler la hausse des crimes ».
Source : Rfi.fr
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