Chaque jour depuis la victoire contestée à la présidentielle de Pierre Nkurunziza, les Burundais ne peuvent pas y couper. Chaque journal en kirundi, français, anglais ou swahili de la radio nationale publique, commence par ceci : « Des messages de félicitations ne cessent de nous parvenir… », grésille la voix du présentateur. Gouverneurs de provinces, administrateurs, présidents d’obscures associations ou chefs d’entreprises d’Etat, c’est pratiquement un exercice obligé pour tous ceux qui appartiennent à la galaxie CNDD-FDD, au pouvoir dans le pays.
Et pendant ce temps, rien, aucun message en provenance de l’étranger, ce qui fait jaser dans les quartiers anti-troisième mandat de Bujumbura où l’on se plaît à souligner que « cela prouve que le président Nkurunziza n’a aucune légitimité ». « Ce sont ses amis politiques qui le félicitent, la famille et même ses parents si ça se trouve, et pourquoi pas moi ? Le tour de mon message n'est pas encore arrivé peut-être ! », ironise un Burundais. « La légitimité nationale n’y est pas, pas du tout. Ça se sent, commente un autre. Ce sont des associations de la société civile satellites du pouvoir [qui le félicitent]. »
Dans le camp des pro-Nkurunziza, c’est tout le contraire : on envoie pratiquement balader cette communauté internationale qui n’a rien compris. « Ça les regarde, réagit François-Xavier Ndaruzaniye, le président d’une ligue des droits de l’homme réputée proche du parti au pouvoir. Mais nous, en tant que Burundais, qui sommes allés voter le 21 juillet, nous devons féliciter notre président parce que c’est le président des Burundais, non pas le président des Américains, le président des Français, le président des Belges. » Mais François-Xavier Ndaruzaniye espère quand même voir cette communauté internationale changer d’avis très bientôt.
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