Pour les connaisseurs de la société éthiopienne, c'est la crise la plus grave que traverse le régime actuel. Celle-ci débute dans la région Oromia en novembre 2015 lorsque les autorités annoncent un nouveau plan de développement pour Addis Abeba. Ce plan prévoyait un agrandissement de la capitale et donc des expropriations en masse de fermiers de l'ethnie oromo, majoritaire en Ethiopie, mais historiquement repoussée aux marges de la société.
Deux mois de manifestation s'ensuivent. Puis le projet est suspendu, mais son annonce a déjà agi comme le catalyseur des frustrations du peuple oromo, qui dénonce la domination sans partage de la minorité ethnique des Tigréens sur la vie économique et politique du pays. Résultat : depuis, et malgré la répression, la contestation gagne du terrain. La nouveauté est, que, ces dernières semaines, Les Amhara qui forment la deuxième ethnie d'Ethiopie, ont à leur tour organisé des manifestations pour réclamer une ouverture politique dans le pays.
Certains ont même exprimé leur solidarité vis-à-vis des Oromos. Il est trop tôt pour parler de lutte commune, mais ce n'est pas anodin, car historiquement les deux ethnies ont toujours été antagonistes. Le régime éthiopien serait fragilisé par une éventuelle alliance entre les deux. Ensemble, Amhara et Oromo représentent 60% de la population du pays.
Le régime craint une alliance ethnique inédite
« Il y a non pas un, mais deux mouvements de protestation. Le principal, ce sont les Oromos, ils manifestent contre la marginalisation et les persécutions dont ils sont victimes historiquement et surtout ces 25 dernières années. Le deuxième mouvement de protestation, mené par les Amhara, est beaucoup plus récent. Ces derniers forment le deuxième groupe ethnique en Ethiopie. Historiquement, ils ont dirigé le pays jusqu'à ce que le Front de libération du peuple tirgréen prenne le pouvoir et qu'ils soient relayés à l'arrière-plan. Traditionnellement ces deux groupes ethniques ont toujours été des adversaires, mais - et c'est le développement les plus significatifs de ces dernières semaines - on a vu l'expression croissante d'une forme de solidarité entre Amhara et Oromo. La coalition au pouvoir a toujours tout fait pour attiser l'antagonisme entre les deux peuples, pour asseoir son pouvoir. Et le fait qu'ils puissent dire désormais, "nous sommes les victimes d'un même système" marqué par la mauvaise gouvernance et l'oppression, c'est quelque chose qui peut changer la donne », explique le docteur Awol Allo, chercheur à la London School of Economics.
Le gouvernement a suspendu son plan
« La contestation qui s'exprime actuellement est donc sous-jacente depuis longtemps. Mais ce qui a fait déborder le vase c'est l'annonce par le gouvernement de ce qu'il a appelé son "Plan de développement intégré d'Addis Abeba". Les Oromos n'y ont pas vu un projet de développement, mais un instrument politique destiné à vider la périphérie d'Addis Abeba de toute présence ou référence à la culture et à l'identité oromo. Le plan est temporairement suspendu, mais les Oromos sont persuadés que la politique d'expropriation et de déplacement des populations oromos va se poursuivre », estime encore le docteur Awol Allo.
Des centaines de détenus
Les manifestations du week-end dernier ont été meurtrières. Au moins 97 personnes sont mortes. En Oromia et en Amhara, les deux régions où se sont déroulés les évènements, des centaines de personnes sont même détenues dans des centres non officiels, notamment des bases d’entraînement de la police et de l’armée. L'ONG Amnesty International réclame leur libération.
« En termes de droits humains, les violations en Ethiopie sont courantes depuis 20 ans. Il y a eu de nombreuses victimes, on a tiré à balles réelles sur les manifestants. Mais en termes de chiffres, si l'on regarde ce qui s'est passé ce week-end, c'est l'une des plus importantes crises qu'a traversé le pays ces dernières années. Il y a déjà eu auparavant des manifestations antigouvernementales qui réclamaient la liberté, le respect des droits humains et des lois. En Ethiopie, ces protestations contre le gouvernement ou celles de l'opposition ne sont pas nouvelles. Mais la réponse des autorités est souvent la même. Elles utilisent souvent la force de manière excessive », estime le chercheur Fisseha Tekle, spécialiste de la corne de l'Afrique pour l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International.
Source: Rfi.fr
Deux mois de manifestation s'ensuivent. Puis le projet est suspendu, mais son annonce a déjà agi comme le catalyseur des frustrations du peuple oromo, qui dénonce la domination sans partage de la minorité ethnique des Tigréens sur la vie économique et politique du pays. Résultat : depuis, et malgré la répression, la contestation gagne du terrain. La nouveauté est, que, ces dernières semaines, Les Amhara qui forment la deuxième ethnie d'Ethiopie, ont à leur tour organisé des manifestations pour réclamer une ouverture politique dans le pays.
Certains ont même exprimé leur solidarité vis-à-vis des Oromos. Il est trop tôt pour parler de lutte commune, mais ce n'est pas anodin, car historiquement les deux ethnies ont toujours été antagonistes. Le régime éthiopien serait fragilisé par une éventuelle alliance entre les deux. Ensemble, Amhara et Oromo représentent 60% de la population du pays.
Le régime craint une alliance ethnique inédite
« Il y a non pas un, mais deux mouvements de protestation. Le principal, ce sont les Oromos, ils manifestent contre la marginalisation et les persécutions dont ils sont victimes historiquement et surtout ces 25 dernières années. Le deuxième mouvement de protestation, mené par les Amhara, est beaucoup plus récent. Ces derniers forment le deuxième groupe ethnique en Ethiopie. Historiquement, ils ont dirigé le pays jusqu'à ce que le Front de libération du peuple tirgréen prenne le pouvoir et qu'ils soient relayés à l'arrière-plan. Traditionnellement ces deux groupes ethniques ont toujours été des adversaires, mais - et c'est le développement les plus significatifs de ces dernières semaines - on a vu l'expression croissante d'une forme de solidarité entre Amhara et Oromo. La coalition au pouvoir a toujours tout fait pour attiser l'antagonisme entre les deux peuples, pour asseoir son pouvoir. Et le fait qu'ils puissent dire désormais, "nous sommes les victimes d'un même système" marqué par la mauvaise gouvernance et l'oppression, c'est quelque chose qui peut changer la donne », explique le docteur Awol Allo, chercheur à la London School of Economics.
Le gouvernement a suspendu son plan
« La contestation qui s'exprime actuellement est donc sous-jacente depuis longtemps. Mais ce qui a fait déborder le vase c'est l'annonce par le gouvernement de ce qu'il a appelé son "Plan de développement intégré d'Addis Abeba". Les Oromos n'y ont pas vu un projet de développement, mais un instrument politique destiné à vider la périphérie d'Addis Abeba de toute présence ou référence à la culture et à l'identité oromo. Le plan est temporairement suspendu, mais les Oromos sont persuadés que la politique d'expropriation et de déplacement des populations oromos va se poursuivre », estime encore le docteur Awol Allo.
Des centaines de détenus
Les manifestations du week-end dernier ont été meurtrières. Au moins 97 personnes sont mortes. En Oromia et en Amhara, les deux régions où se sont déroulés les évènements, des centaines de personnes sont même détenues dans des centres non officiels, notamment des bases d’entraînement de la police et de l’armée. L'ONG Amnesty International réclame leur libération.
« En termes de droits humains, les violations en Ethiopie sont courantes depuis 20 ans. Il y a eu de nombreuses victimes, on a tiré à balles réelles sur les manifestants. Mais en termes de chiffres, si l'on regarde ce qui s'est passé ce week-end, c'est l'une des plus importantes crises qu'a traversé le pays ces dernières années. Il y a déjà eu auparavant des manifestations antigouvernementales qui réclamaient la liberté, le respect des droits humains et des lois. En Ethiopie, ces protestations contre le gouvernement ou celles de l'opposition ne sont pas nouvelles. Mais la réponse des autorités est souvent la même. Elles utilisent souvent la force de manière excessive », estime le chercheur Fisseha Tekle, spécialiste de la corne de l'Afrique pour l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International.
Source: Rfi.fr
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