Le général Rubén Dario Alzate commande la force spéciale Titan chargée de la sécurité dans le département du Chocó, qui borde le Pacifique à l'ouest du pays, jusqu'à la frontière du Panama. Une région où sont implantés plusieurs groupes armés: le clan Úsuga, très impliqué dans le trafic de drogue, l'ELN (Armée de Libération Nationale), et le Front 34 des FARC, à qui les autorités imputent l'enlèvement.
Le plus haut gradé de l'armée dans la région se trouvait avec le caporal Jorge Rodriguez et la conseillère Gloria Urrego dans une embarcation pour vérifier l'état d'un projet énergétique de l'armée. Des guérilleros auraient voulu s'emparer du bateau. Le soldat qui le manœuvrait a réussi à prendre la fuite et à donner l'alerte. Le général, le caporal et la conseillère, eux, ont été retenus par le groupe armé. Des renforts de l'armée ont été déployés pour tenter de les localiser.
Des questions se posent sur la présence du général vêtu en civil dans cette zone à risque
La localité de Las Mercedes dans le Chocó est connue pour être un fief du Front 34 des FARC. Une « zone rouge » selon l'armée, raison pour laquelle le président Juan Manuel Santos exige des éclaircissements : pourquoi le général était-il habillé en civil, sans escorte, dans une région infestée par la guérilla, rompant avec le protocole de sécurité ? Une enquête est en cours selon le ministère de la Défense qui considère néanmoins ce qui s'est passé comme un enlèvement. Les FARC s'étaient engagés à ne plus y avoir recours pour les civils, se réservant le droit d'enlever des militaires et des policiers, qu'ils considèrent comme des prisonniers de guerre.
Où en sont ces négociations à La Havane ?
Depuis près de deux ans, gouvernement et FARC ont réussi à s'accorder sur trois points: la réforme agraire, la participation politique d'ex-guérilléros, et la question des drogues illicites (qui a fait l’objet d’un accord partiel). Le quatrième point qui est en négociations est l'un des plus sensibles: celui qui porte sur les victimes du conflit. Reste encore le cinquième sur la fin du conflit, et enfin celui sur les mécanismes pour que tous ces accords soient validés (referendum ou assemblée constituante).
La semaine dernière, le président Santos avait exhorté les FARC à accélérer les négociations de paix et à diminuer l'intensité du conflit armé, sinon "il pourrait leur arriver la même chose qu'à leur chef Alfonso Cano", abattu par l'armée il y a trois ans.
En quelques jours, c'est le troisième incident qui se produit
Deux gardes indigènes ont été tués par une milice des FARC dans le Valle del Cauca ; deux soldats ont été enlevés dans l'est du pays (département d’Arauca, frontalier du Venezuela) : les FARC les considèrent comme prisonniers de guerre, un terme rejeté par les autorités selon lesquelles la guérilla est responsable de violation grave du droit humanitaire. Et enfin ce dimanche 16 novembre, le général Alzate, un caporal et une femme ont été enlevés dans le Chocó. C'est l'incident de trop. L'éditorialiste d'un site en ligne (Semana.com) estime pour sa part que les FARC ont trop longtemps dédaigné les victimes - estimant que c'étaient elles-mêmes qui s'étaient placées dans des situations de danger. "Il serait temps que la guérilla reconnaisse ses responsabilités", écrit-il.
Le processus de paix menacé ?
Certains estiment que c'est l'ensemble du processus de paix qui est remis en cause. Côté FARC d’une part : ceux qui négocient à La Havane, la vieille garde du commandement des FARC, sont désormais déconnectés de leur base. Une base qui selon le chef de la police, entretien des liens avec les bandes criminelles impliquées dans le narcotrafic, et qui ne veut pas forcément de cette paix qui met en danger ses principales sources de revenus: le trafic de drogue, les mines illégales et l'extorsion.
Côté politique d’autre part : le président Santos a misé sa réélection sur le processus de paix qui n’avance pas suffisamment vite. Et le parti du Centre Démocratique avec le sénateur et ex-président Alvaro Uribe, lui, s’oppose à ces discussions menées sans cessez-le-feu des FARC. Il accuse le gouvernement de laisser le pays à ceux qu’il appelle les « terroristes ».
Mais pour d'autres, ce processus est simplement suspendu : il s'agirait d'un moyen de pression des autorités colombiennes pour obliger les FARC à diminuer l’intensité de leurs attaques et à accélérer les négociations qui se déroulent depuis près de deux ans à La Havane.
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