« On est fin prêts pour les élections de ce dimanche. Pour Jude Célestin, normalement, la question de sa participation doit être posée à Jude Célestin. Nous-mêmes, du côté de l'Etat, nous avons la responsabilité d'organiser les élections. Mais malheureusement, dès qu'il est prouvé qu'une personne qui n'est pas issue de l'opposition peut gagner, la situation vire dans le pays et l'opposition réussit à instaurer l'idée de manipulation.
On peut qualifier cela de vaste complot pour nous déstabiliser et ceci dure depuis plus de deux ans. Ils cherchent à nous faire perdre du temps pour arriver à une situation confuse le 7 février, une situation non prévue par la Constitution. Ils veulent faire leurs affaires, pour prendre le pouvoir à leur façon, car ils ne peuvent pas le prendre par les élections », a déclaré le président haïtien Michel Martelly.
Un véritable coup de théâtre
Une adresse à la nation du chef de l'Etat avait été annoncée pour mercredi soir ; de nombreux Haïtiens s'attendaient à ce que le président annonce un nouveau report des élections.
Depuis quelques jours en effet, tous les clignotants sont au rouge. Une présidentielle avec un seul candidat : Jovenel Moïse. L'autre, Jude Célestin, refuse de participer au scrutin, dénonçant des fraudes graves au premier tour. Des démissions au sein du Conseil électoral provisoire. Le boycott des organisations d'observateurs électoraux. Et enfin, une résolution du Sénat contre la tenue du scrutin dimanche prochain.
Les élections ou le chaos, selon Evans Paul
Face aux critiques, Michel Martelly est passé à l'offensive. Le président haïtien y voit « un complot » de l'opposition qui, selon lui, n'arrive pas « à prendre le pouvoir par les élections » et ne cherche qu'« à nous faire perdre du temps ».
Invité dans la même émission de la radiotélévision Métropole, le Premier ministre Evans Paul a déclaré qu'il n'y avait que deux possibilités : aller aux élections le 24 janvier, ou le chaos.
Mais pour Marcel Dorigny, historien spécialiste de l'Histoire coloniale et membre du comité de réflexion et de proposition pour les relations franco-haïtienne, cette mise en garde, qui relève en quelque sorte du chantage, est illusoire :
« On peut dire peut-être qu’il y aura les élections et le chaos. Il y a déjà des troubles extrêmement graves à Port-au-Prince, au Cap. Il y a des voitures qui brûlent, il y a des bagarres, il y a vraiment des incidents extrêmement violents alors que nous ne sommes pas encore le jour de l’élection et les jours qui vont suivre. C’est risqué de maintenir le second tour, c’est risqué de l’annuler.
Je crois qu’Haïti est dans une véritable impasse. Que va-t-il se passer ? Il est très probable que l’opposition et une grande partie de la population refuseront le résultat (...) A chaque élection, il y a des problèmes. Pas aussi graves peut-être que cette fois. Parce qu’une élection avec un seul candidat, c’est quand même du jamais-vu », déclare à RFI Marcel Dorigny.
Les propos du président Martelly et de son Premier ministre ne vont pas manquer d'attiser la colère des opposants. D'autant que toute manifestation a été interdite à partir de vendredi soir. Entre-temps, les autorités haïtiennes ont fait savoir que le matériel électoral était en train d'être déployé à travers le pays.
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