Ce chef traditionnel sierra-léonais s'appelle Amadu Kargbo. Il a perdu sa femme, sa fille et son gendre, sans doute à cause du virus Ebola. Ce que lui reproche la justice, c'est d'avoir dissimulé leur maladie et ces décès suspects aux autorités locales et sanitaires et d'avoir enterré ses proches en catimini, lors de funérailles non sécurisées dans sa chefferie de Bumpeh, à 120 kilomètres de Freetown, la capitale.
Il a donc été condamné, mardi, à six mois de prison ferme et à une amende d'un million de leones, un peu moins de 200 euros. C'est la première décision de ce type en Sierra Leone. Elle peut paraître sévère à l'encontre de ce chef coutumier. Mais depuis plusieurs mois, le gouvernement sierra-léonais met en garde contre de telles pratiques, alors que le virus a déjà causé la mort de plus de 2 500 personnes dans le pays.
7 500 morts d'Ebola depuis le début de la crise sanitaire
Dès la fin du mois de juin, le ministre de la Santé avait souligné que cacher un malade était « un crime grave ». Fin août, le Parlement avait adopté en urgence une loi faisant de la dissimulation de malades un délit passible de deux ans de prison.
La décision prise contre le chef coutumier fait donc jurisprudence. Elle sensibilise aussi sur la question sensible des rituels funéraires traditionnels. Les coutumes qui consistent à toucher le corps ou le laver présentent en effet de grands risques de transmission du virus.
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