■ Rakotozafy, 96 ans, le dernier vétéran malgache encore en vie
Le président malgache, Hery Rajaonarimampianina, assistera, ce vendredi 15 août, aux cérémonies. Plusieurs centaines de soldats malgaches ont participé à ce débarquement, en août 1944, au sein des troupes coloniales. Rakotozafy, 96 ans, est aujourd’hui le dernier ancien combattant malgache. Il embarquera, ce vendredi, sur le porte-avion Charles de Gaulle.
Difficile de savoir combien de Malgaches ont participé au débarquement de Provence. Sans doute plusieurs centaines, éparpillés dans différentes unités. Ils viennent alors de divers horizons : certains ont rejoint l’armée de la France libre en 1942, après la libération de Madagascar, d’autres se sont engagés avant 1940 et combattent au sein des troupes coloniales stationnées en Afrique du Nord.
C’est le cas de Rakotozafy, 96 ans, il est aujourd’hui le dernier ancien combattant malgache. Incorporé en 1939, il passe une partie de la guerre au Maroc, il participe à la campagne d’Italie menée par les Alliés. Puis en août 1944 c’est le débarquement de Provence avec la première division française libre. Et la remontée vers le nord pour la libération de la France.
Certains Malgaches ont aussi participé au débarquement malgré eux et de manière indirecte. Prisonniers, ils ont été utilisés par les Allemands pour construire des ouvrages de défense sur la côte méditerranéenne. A la fin de la guerre, près de 12 000 Malgaches attendent leur rapatriement. Le brigadier Rakotozafy rentre chez lui en août 1 946, il rejoint son village des hautes terres et reprend ses activités agricoles, après plus de six années de service.■ Benyoucef Makarni et Allaoua Mokrane, vétérans algériens : « La moitié ont été jetés en mer »
Au coeur des troupes du débarquement, il y avait les tirailleurs algériens. Douze d’entre eux sont présents aujourd’hui à Toulon. Ils se souviennent de combats difficiles. Ce jour là, Benyoucef Makarni a 25 ans. Il prend la mer sans savoir quel sera l’objectif. «J'étais avec mon régiment en Corse, se souvient-il. Nous étions préparés pour un débarquement. On ne nous disait pas où nous allions aller demain ou après demain. Non. On nous donnait notre destination en haute mer. Le débarquement, c'est militaire. Le militaire, c'est la discipline, c'est les ordres. » Autour de lui, il y a des soldats africains et des alliés. « Il n'y avait pas beaucoup de Français, il y avait des Américains et des Anglais. »
A l’approche des côtes françaises, Allaoua Mokrane, 21 à l’époque, se souvient de la violence et de la panique. « La moitié ont été jetés à la mer. C'était le débarquement à la nage. Il y avait des morts. Et on est venu à pieds jusqu'à Toulon. A Toulon, on a trouvé la résistance, et il y a eu un peu de casse. »
Arrivés sur la côte, les tirailleurs algériens se dirigeront vers Marseille, une ville qu’ils libèreront le 28 août.
■ Abdelaziz Ayari, vétéran tunisien : « Je ne regrette rien »
Lancé les 14 et 15 Août 1944, le débarquement a joué un rôle essentiel pour les Alliés durant la seconde guerre mondiale. À l'époque, la Première armée française, sous les ordres du Général de Lattre de Tassigny était alors constituée de plus de 400 000 maghrébins, dont des milliers de Tunisiens.
« Voici mes médailles, regardez ce casque, il a été abimé par des cartouches », témoigne Abdelaziz Ayari. À 83 ans, il est l'un des rares anciens combattants tunisiens encore vivant. De sa mobilisation durant la seconde guerre mondiale, il garde ses médailles et plusieurs éclats d'obus dans le corps. « Je ne regrette rien parce que j'ai bien travaillé et je suis content d'avoir bien combattu et défendu la France avec mon corps et mon sang. »
La participation des soldats maghrébins au débarquement de Provence a été très importante rappelle Mohamed nourredine Dhouib auteur d'un ouvrage sur la Tunisie et la seconde guerre mondiale. « Les Maghrébins, en gros, représentaient de l'ordre de 60%, explique-t-il, et dans cette proportion, les Tunisiens représentaient peut-être 10 à 12% à peu près de l'effectif.Durant ce débarquement de Provence, ils ont participé massivement dans la reconstruction de l'armée française. » Seulement ces anciens combattants ont vu leurs pensions bloquées après les indépendances.« Les anciens combattants touchaient une indemnité, mais qui a été bloquée, poursuit Mohamed nourredine Dhouib, sans possibilité d'augmentation au fil du temps. Ce qui fait qu'au bout de plusieurs années, les gens se retrouvaient sans rien.»
Il aura fallu attendre 2002, pour que les autorités françaises entament un processus dit de décristallisation, et de révision des pensions des anciens combattants africains.
■ Tanou Cissé, vétéran de Guinée Conakry : « Ce n’est pas nous qui avons déclaré la guerre »
Tanou Cissé a 96 ans aujourd'hui. Bien qu'originaire de la Guinée Conakry, il appartenait à ceux qu'on appelait les tirailleurs sénégalais. Les soldats d'Afrique subsaharienne engagés sous le drapeau de la France Libre. Ces tirailleurs composaient le gros des troupes lors du débarquement de Provence. « Ce n’est pas nous qui avons déclaré la guerre. La France et l’Allemagne ont déclaré la guerre. Mais la France est venue recruter les jeunes gens», se souvient-il. 70 ans après, crâne chauve et une seule dent, il assure que tous les trois mois, il touche une pension. « Mais ça ne suffit pas », confie-t-il.■ Boakal Lourba, vétéran burkinabè, raconte l’enrôlement de force
Le Caporal Boakal Lourba, originaire du Burkina Faso, faisait partie de ceux qui ont débarqué sur les plages de Provence, il y a exactement 70 ans. Malgré ses 94 ans, il se rappelle encore très bien de ce jour là, qu'il nous raconte avec l'aide d'un traducteur. Et si il insiste sur le fait que, parmi les soldats « il y avait une très bonne entente entre les Français et les non-Français », il rappelle que les tirailleurs ont été pour beaucoup enrôlés de force. « Il n’y avait pas de volontaires, on recrutait les gens par force, dans leurs villages », se souvient-il.
Un an après le débarquement de Provence, il est à Berlin, avec six autres de ses compatriotes maliens. Pour ses faits d'armes, le vétéran africain a reçu deux médailles. La première en 1947. Et la deuxième, ce jeudi 14 août. Malgré ses décorations, il reste amer quant au traitement injuste que réserve la France à ces anciens combattants. Il demande à être traité sur un pied d’égalité avec les anciens combattants français.
Source : Rfi.fr
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