Le vendredi 10 juillet 2015 a eu lieu à l’amphithéâtre Kocc Barma Fall de la FASTEF la présentation du livre du Professeur El Hadji Ibrahima Diop, Doyen sortant de la Faculté des Sciences et Technologies de l’Éducation et de la Formation et Formateur au Département d’allemand de cette institution.
Hadji Ibrahima DIOP dans son livre intitulé Racialité et rationalité. De l’altérité de l’Afrique noire en Allemagne au Siècle des lumières examine la question suivante : comment s’est construite, dans un pays qui contrairement aux autres puissances européennes n’a pas une histoire de conquête coloniale, la construction de l’altérité radicale du continent dit noir ?
La question elle-même s’accompagne d’un paradoxe puisque beaucoup de philosophes des Lumières, malgré toute leur sophistication intellectuelle et leur insistance sur l’idée de droits humains, ont non seulement contribué à théoriser l’altérité de l’homme noir, mais ont également théorisé son infériorité. Comment une telle contradiction est-elle possible au cœur de la pensée la plus humaniste qui soit, telle est la question fondamentale à laquelle le livre de Diop apporte un éclairage érudit en lisant attentivement les Lumières allemandes des plus connues comme Kant ou Herder, Wieland aux plus obscures (en tout cas vu de l’horizon limité des études francophones sur les Lumières).
Il met au jour une littérature largement inconnue de la plupart des débatteurs, notamment les philosophes d’éducation et de culture francophone ou anglo-saxonne,...L’exploration par l’auteur de ce fameux exceptionnalisme Allemand ou Sonderweg lui permet de soutenir les deux hypothèses structurantes du livre à savoir « D’une part, le Siècle des lumières a modelé la rationalité et le pragmatisme de nos savoirs modernes. D’autre part, l’empreinte de ces savoirs et leur influence civilisatrice se sont modelées en fonction de l’histoire des pays et de leurs cultures. » (p. 15)
L’érudition et la fine connaissance des débats intellectuels allemands de l’époque est justement ce qui est ressorti dans les discussions et présentations comme l’une des contributions majeures du livre de Diop aux débats philosophiques africains et internationaux sur la construction de l’altérité et donc d’une forme d’identité noire qui perdure jusqu’à nos jours. L’autre contribution majeure du livre de Diop est le caractère pluridisciplinaire des auteurs convoqués et étudiés en profondeur.
En effet, Diop étant avant tout un historien des idées a étudié non seulement des penseurs comme Wieland mais également des philosophes comme Kant et des naturalistes comme Forster. Ce faisant, il apporte un éclairage original à des problématiques philosophiques qui sont discutées au moins depuis l’époque glorieuse des débats sur la négritude et sur l’existence ou la non existence d’une philosophie africaine.
Ce double apport du travail de Diop, n’a pas manqué d’être souligné par tous les intervenants lors de la présentation du livre. Ainsi le Recteur Thioub a-t-il montré les convergences qui pouvaient exister entre ce travail d’histoire des idées et son propre travail d’historien de la traite négrière. En effet, l’un des enjeux de toute oppression, selon le recteur Thioub est d’arriver à naturaliser l’oppression et à en faire quelque chose de, non pas conjoncturel, mais prédéterminé et inscrit dans des forces cosmiques.
Le travail de Diop, en examinant une construction particulière de l’altérité, contribue à éclairer ce processus de réification de l’oppression et est à classer, concernant le décentrement du regard qu’il induit, sur le même plan que des œuvres majeures des études postcoloniales comme Provincialiser l’Europe de l’indien Dipesh Chakrabarty. En effet, le chef de Département de philosophie de la FASTEF, après avoir procédé à une fidèle restitution de la structure du livre, des débats qui y sont étudiés notamment celui opposant Herder et Kant quant à l’égale dignité des êtres humains, terminera en soulignant l’originalité de la thèse du Professeur Diop qui voit en Cheikh Anta Diop un précurseur des études postcoloniales.
Un point sur lequel tous les intervenants ont insisté c’est l’érudition qui traverse un livre qui en 215 pages effectue 314 renvois sous formes de notes de bas de pages et donne à ses lecteurs une bibliographie complète de 22 pages. L’un des rares regrets qui ont été exprimés par les intervenants est le fait que l’auteur ait fait dans la brièveté et n’ait souvent pas explicité des idées qui, chez un auteur plus bavard aurait pu tenir en deux à trois fois plus de pages. C’est un peu le sens de l’intervention du Professeur Mamoussé Diagne selon qui ce livre aurait pu être étendu pour faire une somme en plusieurs tomes.
La présentation du livre a été faite, en présence du Doyen actuel de la Fastef le professeur Mamadi Biaye, par d’éminentes personnalités de l’Université sénégalaise à savoir le Professeur Ibrahima Thioub, Recteur de l’UCAD, le Professeur Dakha Dème du Département de Langues et Civilisations Germaniques de la FLSH, M. Mamoussé Diagne, professeur des Universités au Département de Philosophie de la FLSH et Dr Mamadou Kabirou Gano chef du Département de philosophie de la FASTEF.
Hadji Ibrahima DIOP dans son livre intitulé Racialité et rationalité. De l’altérité de l’Afrique noire en Allemagne au Siècle des lumières examine la question suivante : comment s’est construite, dans un pays qui contrairement aux autres puissances européennes n’a pas une histoire de conquête coloniale, la construction de l’altérité radicale du continent dit noir ?
La question elle-même s’accompagne d’un paradoxe puisque beaucoup de philosophes des Lumières, malgré toute leur sophistication intellectuelle et leur insistance sur l’idée de droits humains, ont non seulement contribué à théoriser l’altérité de l’homme noir, mais ont également théorisé son infériorité. Comment une telle contradiction est-elle possible au cœur de la pensée la plus humaniste qui soit, telle est la question fondamentale à laquelle le livre de Diop apporte un éclairage érudit en lisant attentivement les Lumières allemandes des plus connues comme Kant ou Herder, Wieland aux plus obscures (en tout cas vu de l’horizon limité des études francophones sur les Lumières).
Il met au jour une littérature largement inconnue de la plupart des débatteurs, notamment les philosophes d’éducation et de culture francophone ou anglo-saxonne,...L’exploration par l’auteur de ce fameux exceptionnalisme Allemand ou Sonderweg lui permet de soutenir les deux hypothèses structurantes du livre à savoir « D’une part, le Siècle des lumières a modelé la rationalité et le pragmatisme de nos savoirs modernes. D’autre part, l’empreinte de ces savoirs et leur influence civilisatrice se sont modelées en fonction de l’histoire des pays et de leurs cultures. » (p. 15)
L’érudition et la fine connaissance des débats intellectuels allemands de l’époque est justement ce qui est ressorti dans les discussions et présentations comme l’une des contributions majeures du livre de Diop aux débats philosophiques africains et internationaux sur la construction de l’altérité et donc d’une forme d’identité noire qui perdure jusqu’à nos jours. L’autre contribution majeure du livre de Diop est le caractère pluridisciplinaire des auteurs convoqués et étudiés en profondeur.
En effet, Diop étant avant tout un historien des idées a étudié non seulement des penseurs comme Wieland mais également des philosophes comme Kant et des naturalistes comme Forster. Ce faisant, il apporte un éclairage original à des problématiques philosophiques qui sont discutées au moins depuis l’époque glorieuse des débats sur la négritude et sur l’existence ou la non existence d’une philosophie africaine.
Ce double apport du travail de Diop, n’a pas manqué d’être souligné par tous les intervenants lors de la présentation du livre. Ainsi le Recteur Thioub a-t-il montré les convergences qui pouvaient exister entre ce travail d’histoire des idées et son propre travail d’historien de la traite négrière. En effet, l’un des enjeux de toute oppression, selon le recteur Thioub est d’arriver à naturaliser l’oppression et à en faire quelque chose de, non pas conjoncturel, mais prédéterminé et inscrit dans des forces cosmiques.
Le travail de Diop, en examinant une construction particulière de l’altérité, contribue à éclairer ce processus de réification de l’oppression et est à classer, concernant le décentrement du regard qu’il induit, sur le même plan que des œuvres majeures des études postcoloniales comme Provincialiser l’Europe de l’indien Dipesh Chakrabarty. En effet, le chef de Département de philosophie de la FASTEF, après avoir procédé à une fidèle restitution de la structure du livre, des débats qui y sont étudiés notamment celui opposant Herder et Kant quant à l’égale dignité des êtres humains, terminera en soulignant l’originalité de la thèse du Professeur Diop qui voit en Cheikh Anta Diop un précurseur des études postcoloniales.
Un point sur lequel tous les intervenants ont insisté c’est l’érudition qui traverse un livre qui en 215 pages effectue 314 renvois sous formes de notes de bas de pages et donne à ses lecteurs une bibliographie complète de 22 pages. L’un des rares regrets qui ont été exprimés par les intervenants est le fait que l’auteur ait fait dans la brièveté et n’ait souvent pas explicité des idées qui, chez un auteur plus bavard aurait pu tenir en deux à trois fois plus de pages. C’est un peu le sens de l’intervention du Professeur Mamoussé Diagne selon qui ce livre aurait pu être étendu pour faire une somme en plusieurs tomes.
La présentation du livre a été faite, en présence du Doyen actuel de la Fastef le professeur Mamadi Biaye, par d’éminentes personnalités de l’Université sénégalaise à savoir le Professeur Ibrahima Thioub, Recteur de l’UCAD, le Professeur Dakha Dème du Département de Langues et Civilisations Germaniques de la FLSH, M. Mamoussé Diagne, professeur des Universités au Département de Philosophie de la FLSH et Dr Mamadou Kabirou Gano chef du Département de philosophie de la FASTEF.
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