La visite à Dakar, à l’invitation de M. Mamadou Seck, président de l’Assemblée nationale sénégalaise, du Secrétaire général de la Francophonie les 5 et 6 juillet pour participer à la 36ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), présentait un aspect surréaliste : sous le thème « 50 ans après les indépendances, 10 ans après Bamako : la situation de la démocratie parlementaire dans l’espace francophone », la rencontre du monde francophone au Sénégal, entre le 4 et le 8 juillet, consacrait en fait l'exception sénégalaise d'un combat tendu sur une langue, in fine la culture, pour contourner une balkanisation de l’Afrique et du Tiers-monde contre laquelle Senghor s'est toujours élevé.
Le second aspect de cette exception sénégalaise est de consacrer la justesse de la vision de Senghor chanté par son successeur, secrétaire général de la Francophonie chez lui, au Sénégal, devant le naturel héritier de Senghor qu'est le président Abdoulaye Wade qui est en parfaite symbiose avec le président-poète et le parallélisme saisissant des projets culturels en serait une illustration parfaite : Porte du Millénaire, Place du Souvenir, Panthéon des Héros Nationaux et Musée de l’apport des Noirs au développement scientifique, Théâtre national, Monument de la Renaissance africaine, Festival mondial des Arts nègres, 3ème du nom, en droite ligne de la continuation de l’œuvre de Senghor qui, dès 1962 se tourna vers des infrastructures culturelles : École des Arts, de danse, (Mudra Afrique de Germaine Acogny et de Maurice Béjart, ) Conservatoire de musique, Manufacture des Arts décoratifs (tapisseries) de Thiès, Musée dynamique, Théâtre national Daniel Sorano, Festival mondial des Arts nègres, entre autres. Orchestre et ensemble nationaux verront le jour, ainsi que l’Université de Mutants. La culture devenait l'Alpha et l'Oméga, au début et à la fin du développement…d’une Nation nouvelle, prospère.
La fin de l’Etat-providence (détérioration des termes de l’échange, sévère sécheresse) du « Moins d’Etat mieux d’Etat » accompagne-t-elle le déclin de la culture ? Autrement dit, comme en Mai 68 en France, l’ère Abdou Diouf signifie-t-elle la mort de la culture faute de richesses, mort qui entraîne l’ennui et l’oisiveté ? La culture ne serait-elle pas, finalement, valable qu’avec la richesse ? Elle évoluerait alors en société aisée, ayant réglé le problème de la survie de l’espèce pour s’adonner à ordonner le chaos morbide et destructeur de la puissance de l’Homme. D’où, peut-être, la difficulté du peuple sénégalais des années 2000 à comprendre et à accepter le Monument de la Renaissance africaine devant la précarité.
Le désert avec Diouf, ce fut moins par goût ou nécessité de faire oublier un Immortel trop présent qu’il fallait coûte que coûte sortir de la mentalité des Sénégalais. La consolidation de l'Etat de droit et de la Démocratie sera cependant son trait de génie pour un géant qui épouse la densité mentale de son époque mais qui reste empêtré dans les aléas climatiques, les Programmes d'Ajustements structurels et autres « diktats du Fmi ». En bref, l'économique déterminant en dernière analyse comme facteur de rapports sociaux tendus ne lui donnera aucun loisir. Il reconnaîtra en privé "s'être privé et avoir privé les Sénégalais pendant 20 ans" (; entretiens avec l’auteur, juin 2002) face aux difficultés économiques et les bouleversements sociaux internationaux (arrivée de Reagan(omics), aux Etats-Unis, de Margaret Thatcher "I Want My Money Back" en Grande-Bretagne, de Solidarnosc, en Pologne et, plus généralement, de la déstructuration de l'Empire soviétique faute de respect des libertés fondamentales, des renversements de tendances en Afrique avec une « aide à la démocratie » plus ou enthousiaste en fonction du respect des droits de l’homme, base de l’esthétique, c’est-à-dire de la culture).
Le monde francophone a rendu à Sédar ce qui appartient à Senghor en fêtant le père de la Francophonie au Sénégal, entre le 4 et le 8 juillet, à Dakar et à Joal. Certains ont cru éreinter Wade en lui refusant le statut d'intellectuel, a fortiori celui d'homme de culture. Lui-même en a souffert (Cf.50 ans de politique culturelle au Sénégal : Du génie de Senghor au complexe de Wade. in "Le Quotidien", édition du 13-04-2010). Le regretté « Amadou Guèye Ngom est formel : «Par rapport à ses prédécesseurs, Wade est arrivé en 2000 auréolé d’une gloire de martyr populaire mais souffrant secrètement d’un double complexe : il n’avait ni l’aura intellectuelle de Senghor ni l’expérience administrative de Diouf. Pour tout programme, il proposait un slogan : Sopi, contenant sans contenu véritable, mais qui se remplit de fulgurances en guise de méthode et d’organisation. Sur le plan international, Wade voulut être aussi révéré que Senghor et faire mieux que Diouf. Malheureusement, en dix années d’Alternance, il a consommé presque autant de ministres de la Culture que pendant les quarante ans des précédents gouvernements. Erreur sur le choix des hommes ? Imprécision ou mauvaise définition des objectifs ? Sous l’Alternance, ils donnent l’impression d’être des bouche-trous ou de tourner en roue libre», analyse-t-il, sans complaisance ».
Le jeune avocat débonnaire déambulant entre les rues de Besançon (où il connut Viviane Vert) et de Paris vécut cependant intensément et culturellement les lendemains de Bandoeng. Brillant avocat, il approchera tous les intellectuels et leaders développant des thèses nouvelles sur la dignité de l’homme, du Noir en particulier. L’aveuglement du colon qui s’empressera de jeter les combattants de la liberté en prison sera du pain béni pour le jeune licencié en Droit qui plaidera gratis. C’est ce qui explique sa présence à Paris en 1956, lors du premier Congrès des Écrivains et Artistes noirs, et aussi partiellement sa fortune puisque les embastillés d’hier se retrouveront au pouvoir avec les années des indépendances, à partir de 1960.
Les rencontres du Cinquantenaire se sont tenues en juillet à Dakar quatre ans après un autre Cinquantenaire que le président avait déjà célébré, celui du premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs de 1956 auquel il avait assisté.
Les assises du souvenir du Premier congrès par l’Afrique et sa diaspora se sont tenues du 19 au 22 septembre 2006 à Paris, quatre mois après le 16 mai 2006 où Wade reçut le prix Houphouët Boigny pour la Paix en présence de l’éternel Diouf.
Le second aspect de cette exception sénégalaise est de consacrer la justesse de la vision de Senghor chanté par son successeur, secrétaire général de la Francophonie chez lui, au Sénégal, devant le naturel héritier de Senghor qu'est le président Abdoulaye Wade qui est en parfaite symbiose avec le président-poète et le parallélisme saisissant des projets culturels en serait une illustration parfaite : Porte du Millénaire, Place du Souvenir, Panthéon des Héros Nationaux et Musée de l’apport des Noirs au développement scientifique, Théâtre national, Monument de la Renaissance africaine, Festival mondial des Arts nègres, 3ème du nom, en droite ligne de la continuation de l’œuvre de Senghor qui, dès 1962 se tourna vers des infrastructures culturelles : École des Arts, de danse, (Mudra Afrique de Germaine Acogny et de Maurice Béjart, ) Conservatoire de musique, Manufacture des Arts décoratifs (tapisseries) de Thiès, Musée dynamique, Théâtre national Daniel Sorano, Festival mondial des Arts nègres, entre autres. Orchestre et ensemble nationaux verront le jour, ainsi que l’Université de Mutants. La culture devenait l'Alpha et l'Oméga, au début et à la fin du développement…d’une Nation nouvelle, prospère.
La fin de l’Etat-providence (détérioration des termes de l’échange, sévère sécheresse) du « Moins d’Etat mieux d’Etat » accompagne-t-elle le déclin de la culture ? Autrement dit, comme en Mai 68 en France, l’ère Abdou Diouf signifie-t-elle la mort de la culture faute de richesses, mort qui entraîne l’ennui et l’oisiveté ? La culture ne serait-elle pas, finalement, valable qu’avec la richesse ? Elle évoluerait alors en société aisée, ayant réglé le problème de la survie de l’espèce pour s’adonner à ordonner le chaos morbide et destructeur de la puissance de l’Homme. D’où, peut-être, la difficulté du peuple sénégalais des années 2000 à comprendre et à accepter le Monument de la Renaissance africaine devant la précarité.
Le désert avec Diouf, ce fut moins par goût ou nécessité de faire oublier un Immortel trop présent qu’il fallait coûte que coûte sortir de la mentalité des Sénégalais. La consolidation de l'Etat de droit et de la Démocratie sera cependant son trait de génie pour un géant qui épouse la densité mentale de son époque mais qui reste empêtré dans les aléas climatiques, les Programmes d'Ajustements structurels et autres « diktats du Fmi ». En bref, l'économique déterminant en dernière analyse comme facteur de rapports sociaux tendus ne lui donnera aucun loisir. Il reconnaîtra en privé "s'être privé et avoir privé les Sénégalais pendant 20 ans" (; entretiens avec l’auteur, juin 2002) face aux difficultés économiques et les bouleversements sociaux internationaux (arrivée de Reagan(omics), aux Etats-Unis, de Margaret Thatcher "I Want My Money Back" en Grande-Bretagne, de Solidarnosc, en Pologne et, plus généralement, de la déstructuration de l'Empire soviétique faute de respect des libertés fondamentales, des renversements de tendances en Afrique avec une « aide à la démocratie » plus ou enthousiaste en fonction du respect des droits de l’homme, base de l’esthétique, c’est-à-dire de la culture).
Le monde francophone a rendu à Sédar ce qui appartient à Senghor en fêtant le père de la Francophonie au Sénégal, entre le 4 et le 8 juillet, à Dakar et à Joal. Certains ont cru éreinter Wade en lui refusant le statut d'intellectuel, a fortiori celui d'homme de culture. Lui-même en a souffert (Cf.50 ans de politique culturelle au Sénégal : Du génie de Senghor au complexe de Wade. in "Le Quotidien", édition du 13-04-2010). Le regretté « Amadou Guèye Ngom est formel : «Par rapport à ses prédécesseurs, Wade est arrivé en 2000 auréolé d’une gloire de martyr populaire mais souffrant secrètement d’un double complexe : il n’avait ni l’aura intellectuelle de Senghor ni l’expérience administrative de Diouf. Pour tout programme, il proposait un slogan : Sopi, contenant sans contenu véritable, mais qui se remplit de fulgurances en guise de méthode et d’organisation. Sur le plan international, Wade voulut être aussi révéré que Senghor et faire mieux que Diouf. Malheureusement, en dix années d’Alternance, il a consommé presque autant de ministres de la Culture que pendant les quarante ans des précédents gouvernements. Erreur sur le choix des hommes ? Imprécision ou mauvaise définition des objectifs ? Sous l’Alternance, ils donnent l’impression d’être des bouche-trous ou de tourner en roue libre», analyse-t-il, sans complaisance ».
Le jeune avocat débonnaire déambulant entre les rues de Besançon (où il connut Viviane Vert) et de Paris vécut cependant intensément et culturellement les lendemains de Bandoeng. Brillant avocat, il approchera tous les intellectuels et leaders développant des thèses nouvelles sur la dignité de l’homme, du Noir en particulier. L’aveuglement du colon qui s’empressera de jeter les combattants de la liberté en prison sera du pain béni pour le jeune licencié en Droit qui plaidera gratis. C’est ce qui explique sa présence à Paris en 1956, lors du premier Congrès des Écrivains et Artistes noirs, et aussi partiellement sa fortune puisque les embastillés d’hier se retrouveront au pouvoir avec les années des indépendances, à partir de 1960.
Les rencontres du Cinquantenaire se sont tenues en juillet à Dakar quatre ans après un autre Cinquantenaire que le président avait déjà célébré, celui du premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs de 1956 auquel il avait assisté.
Les assises du souvenir du Premier congrès par l’Afrique et sa diaspora se sont tenues du 19 au 22 septembre 2006 à Paris, quatre mois après le 16 mai 2006 où Wade reçut le prix Houphouët Boigny pour la Paix en présence de l’éternel Diouf.
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