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A la classe politique de mon pays.

« La science peut elle nous aider à comprendre dans quelles circonstances un système qui paraissait stable, voire immuable, s’effondre en quelques années sans crise externe majeure ? » Professeur René PASSET, Université Paris 1



A la classe politique de mon pays.







Au Sénégal certaines formes de leadership basées, exclusivement, sur l’expression du culte de la personnalité sont en voie de disparation totale. Cependant, quelques vestiges persistent. Mais n’affectent, en rien, l’évolution de la raison citoyenne qui, d’ailleurs, a terrassé, définitivement, le sentiment partisan.
Après le multipartisme aveugle, l’obscurantisme déroutant qui était resté la sève et le sang du populisme ou de la démagogie, une conscience collective nouvelle se développe. Et confère au peuple une intelligence collective citoyenne qui les rend, heureusement, moins vulnérables et très réceptifs à la pratique de la démocratie participative rendue, au demeurant, moins suffragiste et moins électoraliste.
Cinquante années d’indépendance ont permis une banalisation radicale du bluff et une prise de conscience faite de patriotisme ouvert, de nationalisme adopté, et engagement responsable. Bien que certaines racines de l’acculturation ou du mimétisme sauvage continuent de pousser. La réussite dans la construction d’un Etat nation entre 1960 et 2000, le lancement des fondations d’une économie émergente entre 2000 et 2010 , la réussite d’une politique permettant, à moyen terme, de disposer des bases d’un social améliorant, progressivement, le taux d’accès aux services sociaux de base. Tels sont les fondamentaux déterminants de la politique de développement du Sénégal.
2010 devrait inaugurer, certes, le cycle de la création de richesses et celui des emplois parce que les populations ont besoin de démarches afin que nous sortions, maintenant, du désordre qui est le générateur et la conséquence des cas d’instabilité politique née, souvent, de la dictature soit des militaires, soit des satellites des puissances financières qui croient que l’Afrique reste leur avenir.
Gouvernance, décentralisation et emploi demeurent les nouvelles préoccupations des populations confrontées, avec certaines problématiques comme le chômage, l’absence de revenus et la non-couverture des risques sociaux assurables. Cet état de fait appelle, maintenant, une restructuration de l’Etat du Sénégal en remettant en question la structure du budget et le financement du train de vie de l’Etat.
Comment, après cinquante ans d’indépendance au Sénégal, ne pas penser engager une réforme de l’Etat dans ses principes fondateurs et directeurs ? Le budget national est construit, dans son ensemble, à partir de fondamentaux essentiels à un pays qui a réglé tous les besoins animaux, voire, humains. Cependant, le financement de la création de ressources publiques devrait rester, en somme, la seule ligne d’action de l’Etat entre 2010 et 2020. Des réformes structurantes seraient à entreprendre en 2010 et l’organisation, peut être, d’élections générales à leur terme. Pour mettre en exécution toutes les transformations programmées à la fin de l’analyse de la situation générale de l’économie du Sénégal. Il ne serait pas déconseillé de réduire, par exemple, le niveau des charges publiques. De privilégier le financement de la création de richesses nationales et de promouvoir la solidarité pour neutraliser les effets de l’indigence. Dans une certaine mesure, une approche capable de générer des recettes substantielles.
Les centres de coûts, en considérant les collectivités locales, correspondent-ils à une rentabilité citoyenne évidente ?
Les centres de coûts afférents à certaines institutions, en pesant à la Présidence, à la Primature, au Parlement et autres un peu analogues, auraient-ils une rentabilité réelle en développement ?
Les centres de coûts en décentralisation induiraient-ils en une accélération du développement local ?
Ce présent questionnement est motivé, surtout, par l’acuité avec laquelle l’avenir des générations montantes se pose.
Notons, ensemble, la situation du chômage qui signale le cas des membres de la population active dont l’âge du célibat avoisine, désormais 50 ans, du fait du sans emploi et du manque de revenus. Toujours, ce questionnement est motivé par le déficit structurel dans le financement de la sécurité sociale où les bénéficiaires des assurances sociales, en s’inspirant de l’assurance vieillesse ou de la retraite, demeurent, de plus en plus, nombreux.
Enfin ce questionnement nous conduit à problématiser l’emploi des ressources publiques et leur inadaptabilité après cinquante années d’indépendance. Où une utilisation judicieuse des dites ressources est commandée, maintenant, par l’importance de la demande, la dimension de la fracture sociale et l’intensification de la frustration des citoyens du Sénégal qui vivent avec désespoir le présent et redoutent le futur.
Il y a lieu après la célébration du cinquantenaire inhérent à notre accession à l’indépendance, de s’interroger. Ce questionnement est motivé par le fait que la prépondérance de la lutte pour conserver le pouvoir, ou pour y accéder, reste, en somme, l’unique système de pertinence de l’ensemble des formations politiques au Sénégal.
Pourtant le niveau des besoins à résoudre continue, dans une totale mesure, à s’accentuer ou, même, à s’intensifier. Mais l’opinion nationale, sans démissionner, continue à s’assumer devant le rythme galopant de la pratique de la politique politicienne dont les lois et les règles restent, sans nul doute, analogues à celles de 1950-56.
Par ailleurs un simple bilan, pour évaluer l’impact de l’accession à l’indépendance, pourrait contribuer à apprécier, de manière effective, les résultats du parcours entre 1960 et 2010. Comparons la taille des dépenses totales de l’Etat du Sénégal en financement des acquis. C’est-à-dire, l’emploi des recettes publiques a-t-il privilégié la création de richesses nationales, de revenus et d’emplois ?
Bilan, non point pour faire le procès des systèmes ou des appareils. Mais, pour bien continuer la lutte contre le sous-développement et amorcer, avec certitude, l’émergence pour la modernisation économique et sociale. Faire face à la mondialisation, intégrer l’ordre induit par la gouvernance internationale et s’émanciper exigent, maintenant, un dialogue pour redéfinir nos méthodes d’adaptation aux nouvelles contraintes du marché politique. Au XXe siècle nous naviguions, jusqu’en 1960, dans la colonisation que d’aucuns ont qualifiée de mal nécessaire. Or, cette pratique a retardé notre émergence et, même, l’a empêchée. Donc il est urgent, avant d’avancer, de marquer une pause. De créer les conditions de la rectification pour entreprendre les mutations qui seraient de nature à préserver notre pays des risques de confrontation ou d’affrontement.
Chômer ne rime, en aucune façon, avec l’existence ici-bas et la sauvegarde de l’ordre. Par contre, réduire les risques de potentialisation de la révolte sociale et d’installation de l’insécurité humaine demeure une priorité, même, une urgence. Des menaces de déconfiture de l’ordre civil, la désintégration organique de l’éthique et l’enrichissement sans cause pourraient, demain, devenir le lit de toutes les catastrophes. Ce qui pourrait, à nos risques et périls, plonger une nation dans une situation regrettable, voire, imparable de non-Etat.
Il y a lieu de vérifier, après cinquante ans, les dimensions importantes prises par la conflictualité en Afrique qui a prouvé que sa marche n’est pas seulement que la démocratie. Mais l’impasse et le désordre semblent, également, choisir certains des Etats africains comme cibles. Le Sénégal échappe à l’affrontement et à la confrontation mais l’état d’insatisfaction se généralise, l’absence de futur pointe. Et le seul verrou qui soit, la religion s’entend, échappe encore aux agressions générées, souvent, par la lutte pour le pouvoir.
Il est temps de faire observer aux acteurs politiques, toutes obédiences confondues, l’état de la situation dans laquelle les populations se trouvent. Le niveau de leur inquiétude, l’aggravation de leur crainte et de leur impuissance devant, malheureusement, l’emploi non orthodoxe des ressources publiques. Les tendances lourdes en dépenses de fonctionnement préoccupent bon nombre de citoyens.
Au Sénégal beaucoup de citoyens se préoccupent de la structure de la fracture financière, parce que le haut niveau de l’accumulation de charges de structure ne cesse de croitre sans que le retour pour investissement ne soit lisible, ni visible. La communalisation, par exemple, n’est point au service du développement à la base. Donc la pratique de la décentralisation coûte plus quelle ne rend service. L’Administration appelle, également, une nouvelle division du travail et des rôles pour, enfin, réduire sa pression pléthorique
Notre Etat, sans l’apostropher, est interpellé car l’accentuation du niveau des charges de structure ne correspond, en effet, à aucune évolution imposée, par exemple, par la marche du pays en développement. Cette tendance très lourde enregistrée en stigmatisation et en potentialisation de la violence ne devrait, en aucune façon, suspendre le pouvoir.
Ne serait-il pas utile, sans gêner la marche de l’Etat, d’engager des réformes capables, à court et à moyen termes, de réduire l’accélération de la passion enregistrée en progression des centres de coût dont certains n’engendrent, au vu et au su des populations, aucun impact ? La structure de la réclamation en adduction d’eau, en équipements collectifs pour l’accès aux services sociaux de base, en emplois et en amélioration des conditions de travail en Agriculture suffit pour comprendre la nécessité de transformer, sans délai, nos approches en gestion du futur.
Peut-être préconiser une pause aiderait à évaluer la demande citoyenne au Sénégal car cinquante années d’autogestion publique auront permis, sans conteste, à l’Etat d’améliorer le social national. Mais la nouvelle expression des besoins exige, certes, une rigueur qui soit en corrélation avec nos ressources si le gouvernement du Sénégal souhaite faire décoller notre économie en passant par une émergence sans traumatisme.
C’est pourquoi nous pensons que l’organisation des élections générales en novembre 2010, au lieu de les organiser 2012, serait une urgence afin que l’Etat puisse, dés 2011, exécuter les reformes et les transformations qui nous permettraient de quitter l’indigence, la pauvreté dans laquelle végètent les populations qui vivent, désormais, un désarroi dont la durée risque d’être plus longue qu’une nuit sans aube. L’escalade de la potentialisation de la violence suffit par conséquent, pour comprendre l’urgence et la nécessité de retrouver un recours dans la tenue d’élection à la fin de l’année 2010.
D’ailleurs, des indices visibles confirment la nécessité de réduire l’escalade de la potentialisation de la violence dans la mesure où le pouvoir estime que sa légitimé pourrait lui permettre de continuer à gouverner et à administrer sans dialoguer. Alors que le contrepouvoir développe des approches pour parvenir, à la longue, à l’installation d’une situation de non Etat. La dualité ou la dyarchie de fait qui sévit au Sénégal, au lieu de la qualifier de bipolarisation, menace tous les équilibres institutionnels et pourrait, à la limite, déboucher sur un chaos difficile à débrouiller.
Aller vers 2012 suppose avoir aseptisé la pratique de la politique. Grâce à une rectification qui passerait essentiellement par une réforme radicale des principes directeurs afférents à l’emploi des ressources publiques, à une redistribution des rôles en fonction d’une division du travail dans l’Administration, A un regroupement idoine des collectivités locales en dépassant l’atomisation qui les caractérise actuellement. Enfin, à un financement adéquat de la politique de création de richesses nationales. Ce, pour éteindre, définitivement l’incendie social qui demeure effectivement le sans-emploi de plus de 40 % de la population active du Sénégal.
Sopi, Alternance 2000, célébration du cinquantenaire, inauguration du Monument de la Renaissance Africaine, révision des accords de défense avec la France sont les preuves d’une affirmation réelle d’une intelligence collective nationale. Basée sur le verrou confessionnel, la solidité de l’acquis citoyen des sénégalais. Autant de raisons pour que l’Etat confirme la fin de la synthèse politique .Et l’amorce, à partir de 2010, de l’étape qui inaugure, au cours des prochaines années, les cycles respectifs menant vers une synthèse économique. Ce qui pourra déboucher sur une réelle émergence pour une modernisation économique et sociale génératrice de l’émancipation, de l’épanouissement des populations. Et, enfin, sur un développement capable de neutraliser, sans risque, les facteurs déclenchant de l’indigence et de la pauvreté.
Ce qui précède devrait sanctionner, de façon positive, l’aboutissement des politiques de création de richesses. Et permettre aux générations montantes de donner, sans complexe et sans mimétisme, un contenu réel à la Renaissance Africaine en tant que réel référentiel pour pratiquer un panafricanisme intégrateur politique, économique et social dans notre continent.
Méditons, enfin pour terminer, cette citation, tirée du message du 03 avril 2010 par laquelle Monsieur le Président de la République précise que « chacun, par son engagement patriotique et citoyen, par son ardeur dans le travail et sa réussite personnelle, peut contribuer de façon décisive à la prospérité et au bien être commun de la Nation. »




Wagane FAYE, Coordonnateur des Cadres du FAP.

Samedi 8 Mai 2010 - 16:55


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