Un texte court avec peu d’informations, pas de détail sur le jour et le lieu où Alassane Ouattara a été opéré, l’objectif du communiqué de la présidence ivoirienne dimanche soir était clair : couper court à toutes les supputations. Seule précision du texte, « l’intervention s’est bien déroulée et le chef de l’État se porte bien ».
Un communiqué laconique donc, mais qui a le mérite d’exister. Car depuis plusieurs semaines, le microcosme politico-médiatique abidjanais s’interrogeait tout bas sur la santé du chef d’État ivoirien, qui a été absent pendant quelques rendez-vous majeurs. D’abord à l’ouverture du grand rendez-vous économique « Investir en Côte d’Ivoire » il y a deux semaines.
Alassane Ouattara avait certes reçu en audience des personnalités allemandes, américaines et britanniques venues au Forum, mais il avait ralenti son rythme de travail. Le président en exercice de la Cédéao ne s’était pas non plus rendu à Addis-Abeba les 30 et 31 janvier, pour le 22ème sommet de l’Union africaine. Certains membres de son entourage expliquaient alors que c’était pour ne pas s’éloigner du Forum « Investir en Côte d’Ivoire » qui se tenait dans la capitale économique ivoirienne.
Le 2 février, Alassane Ouattara s’est envolé pour la France, officiellement pour « un séjour privé ». Selon le communiqué de la présidence, il « regagnera la Côte d’Ivoire après une période de repos » dont la durée n'a pas été précisée.
Désinformation, mutisme ou censure
Même pauvre en détails, le communiqué publié par la présidence ivoirienne ce dimanche 9 février après deux semaines de spéculations est une première. Une première pour les Ivoiriens, peu habitués à être informés officiellement des soucis de santé de leurs présidents, notamment du temps d'Houphouët Boigny. En Afrique, comme ailleurs, l'état de santé des dirigeants semble relever du secret d'État.
Quand elle existe, la communication officielle sur la santé des dirigeants porte généralement sur des problèmes bénins. C’est ainsi qu’en 2006, le président congolais Denis Sassou-Nguesso annonçait avoir été opéré d'une hernie discale. Pour les soucis plus graves en revanche, le manque de transparence prévaut souvent. Car la maladie d'un chef d'État interroge sur sa capacité à diriger d'une part, et peut aussi être vue comme une opportunité de lui prendre le pouvoir.
Certains ont alors tendance à minimiser les problèmes. Fin 2012, le ministre de la communication mauritanien annonce que le président a été blessé par balle au bras, mais lui-même reconnaîtra plus tard une blessure à l'abdomen. Autre tactique : le mutisme. En 2013, le président angolais disparait longuement à deux reprises en Espagne, officiellement pour des « visites privées ». Face à la déferlante de rumeurs sur la gravité de son état, il s'enferme dans le silence.
Il y a enfin le recours à la censure. Au printemps 2013, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, invisible depuis plusieurs mois, est hospitalisé en France pour un accident vasculaire cérébral. Deux journaux algériens le disent « comateux ». Ils sont interdits de publication. En 1998, pour avoir eu l’audace de s’interroger sur un malaise du président Paul Biya, un journaliste camerounais écope de deux ans de prison. Et d'un précieux conseil de l'avocat général : « Même si le président de la République est malade, vous devez écrire qu’il est en parfaite santé ».
Source : Rfi.fr
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