
Le monde fait face à des bouleversements économiques majeurs, notamment avec l’augmentation des droits de douane décidée par les États-Unis sous l’administration de Donald Trump. Cette décision, loin d’être un simple ajustement économique, a des répercussions profondes sur la stabilité financière internationale, notamment en affectant la balance commerciale des pays, l’équilibre des paiements et la cohésion du système économique global.
Face à cette situation, le Fonds Monétaire International (FMI) a pris une position prudente en relation avec l'OMC, exprimant des préoccupations générales sur les conséquences de ces mesures. Cependant, cette réaction, bien que pertinente, semble timide et insuffisante face à la gravité de la situation. Certes, le FMI ne peut ignorer la position dominante des États-Unis dans son capital, avec 16,5 % des droits de vote, ce qui lui confère un pouvoir de veto sur les décisions stratégiques. Néanmoins, cela ne doit pas empêcher une prise de position plus claire et proactive. Il est crucial que le FMI, en tant qu’acteur clé de la stabilité financière mondiale, prenne des mesures de pression plus efficaces, même si elles doivent passer par un dialogue multilatéral, sans confrontation directe avec les États-Unis.
Mais il n’est pas question ici de chercher une confrontation avec Washington. L’argument réside dans le fait que le FMI dispose des moyens pour alerter de manière plus technique et argumentée, et ce, sans s’opposer frontalement aux États-Unis. En effet, une analyse détaillée des conséquences économiques de ces droits de douane, accompagnée de projections concrètes sur les effets sur le commerce international et la croissance mondiale, pourrait permettre d’orienter le débat vers des solutions multilatérales.
Le FMI pourrait aussi mobiliser les autres pays actionnaires, notamment ceux de la zone euro, de l’Asie, et de l’Afrique, pour porter un message collectif, évitant ainsi de prendre position de manière isolée. Cela permettrait de renforcer le poids de l’institution tout en préservant ses relations avec ses principaux contributeurs.
Cependant, cette prudence du FMI ne fait que souligner un paradoxe inquiétant. En effet, l’institution internationale, souvent active dans ses recommandations sur des sujets tels que la corruption et les flux financiers illicites, reste étonnamment passive sur des enjeux tout aussi cruciaux. Par exemple, alors que des milliards de dollars sont perdus chaque année par l’Afrique en raison de la corruption et de l’évasion fiscale, ou encore des dérives budgétaires internes comme celles observées au Sénégal, tout ceci posant sur le système financier international, le FMI semble plus concentré sur les résultats des politiques déjà menées que sur les prévisions des crises à venir. Le cas du Sénégal, où l'institution a seulement constaté les dérives budgétaires après qu'elles aient éclaté, illustre bien cette réaction à posteriori, là où une action préventive aurait été souhaitable.
Le FMI devrait non seulement s’efforcer de maintenir une stabilité financière globale, mais également veiller à une gouvernance plus proactive et anticipative. Si l’institution veut véritablement jouer son rôle de garant de la stabilité mondiale, elle doit être en mesure de réagir de manière plus systématique et prévisionnelle face aux crises émergentes.
Ainsi, bien que le FMI ait pris une position sur les mesures commerciales américaines, cette prise de position reste insuffisante. Nous appelons donc à un FMI plus audacieux et plus impliqué, non seulement dans le suivi des crises après coup, mais dans la prévision et la gestion anticipée des risques systémiques.
Le monde a besoin d’un FMI capable de prendre les devants et de porter une voix forte dans les débats économiques mondiaux, en équilibrant les intérêts des grandes puissances et en défendant les principes de stabilité et d’équité économiques.
Magaye Gaye, économiste international et ancien Cadre de la BOAD
Face à cette situation, le Fonds Monétaire International (FMI) a pris une position prudente en relation avec l'OMC, exprimant des préoccupations générales sur les conséquences de ces mesures. Cependant, cette réaction, bien que pertinente, semble timide et insuffisante face à la gravité de la situation. Certes, le FMI ne peut ignorer la position dominante des États-Unis dans son capital, avec 16,5 % des droits de vote, ce qui lui confère un pouvoir de veto sur les décisions stratégiques. Néanmoins, cela ne doit pas empêcher une prise de position plus claire et proactive. Il est crucial que le FMI, en tant qu’acteur clé de la stabilité financière mondiale, prenne des mesures de pression plus efficaces, même si elles doivent passer par un dialogue multilatéral, sans confrontation directe avec les États-Unis.
Mais il n’est pas question ici de chercher une confrontation avec Washington. L’argument réside dans le fait que le FMI dispose des moyens pour alerter de manière plus technique et argumentée, et ce, sans s’opposer frontalement aux États-Unis. En effet, une analyse détaillée des conséquences économiques de ces droits de douane, accompagnée de projections concrètes sur les effets sur le commerce international et la croissance mondiale, pourrait permettre d’orienter le débat vers des solutions multilatérales.
Le FMI pourrait aussi mobiliser les autres pays actionnaires, notamment ceux de la zone euro, de l’Asie, et de l’Afrique, pour porter un message collectif, évitant ainsi de prendre position de manière isolée. Cela permettrait de renforcer le poids de l’institution tout en préservant ses relations avec ses principaux contributeurs.
Cependant, cette prudence du FMI ne fait que souligner un paradoxe inquiétant. En effet, l’institution internationale, souvent active dans ses recommandations sur des sujets tels que la corruption et les flux financiers illicites, reste étonnamment passive sur des enjeux tout aussi cruciaux. Par exemple, alors que des milliards de dollars sont perdus chaque année par l’Afrique en raison de la corruption et de l’évasion fiscale, ou encore des dérives budgétaires internes comme celles observées au Sénégal, tout ceci posant sur le système financier international, le FMI semble plus concentré sur les résultats des politiques déjà menées que sur les prévisions des crises à venir. Le cas du Sénégal, où l'institution a seulement constaté les dérives budgétaires après qu'elles aient éclaté, illustre bien cette réaction à posteriori, là où une action préventive aurait été souhaitable.
Le FMI devrait non seulement s’efforcer de maintenir une stabilité financière globale, mais également veiller à une gouvernance plus proactive et anticipative. Si l’institution veut véritablement jouer son rôle de garant de la stabilité mondiale, elle doit être en mesure de réagir de manière plus systématique et prévisionnelle face aux crises émergentes.
Ainsi, bien que le FMI ait pris une position sur les mesures commerciales américaines, cette prise de position reste insuffisante. Nous appelons donc à un FMI plus audacieux et plus impliqué, non seulement dans le suivi des crises après coup, mais dans la prévision et la gestion anticipée des risques systémiques.
Le monde a besoin d’un FMI capable de prendre les devants et de porter une voix forte dans les débats économiques mondiaux, en équilibrant les intérêts des grandes puissances et en défendant les principes de stabilité et d’équité économiques.
Magaye Gaye, économiste international et ancien Cadre de la BOAD
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