Méditations, derrière et au-delà des barreaux
Le 12 novembre dernier, en prison, j’écrivais ces pensées. De l’intérieur, pour hier, pour aujourd’hui, pour demain.
Il est tard, il fait nuit. Entre les quatre murs de cette cellule. Silence. Je suis seul. Je ne suis pas seul. Je vois passer les images de ma vie, de mon passé. Ce long chemin qui m’a amené à la prison. Rien n’arrive par hasard. Chercher le sens, les enseignements. Grandir. Pour cela, il faut regarder les choses en face, refuser de s’apitoyer sur son sort, assumer ses erreurs sans chercher des excuses. Comme le dit le Coran : « O vous qui portez la foi, vous avez à répondre de vous-mêmes » (5/105).
Il y a eu des blessures anciennes, des larmes, des défaites. Il y a eu des erreurs, des fautes. Je ne nie rien et rien ne justifie ces dernières. Je sais et je comprends que certains soient troublés, déçus, et même fâchés. D’aucuns sont habités par de l’incompréhension, d’autres le vivent comme une trahison. Je le comprends profondément et j’en suis désolé et triste. En traversant cette épreuve, je suis revenu au centre, forcément : j’ai été injuste avec moi-même, selon la formule coranique, et l’apparent paradoxe veut que l’injustice, judiciaire et politique, que je subis a finalement permis que je fasse, spirituellement, justice à mon cœur et à mon être. Ils ont voulu me salir médiatiquement, et extérieurement ; Dieu m’a offert la purification et la résilience, intérieurement et intimement. Certaines épreuves sont des bénédictions.
Cette épreuve est, et sera, ma libération et je peux vous promettre que, in sha Allah, j’en sortirai grandi.
Pour certains d’entre vous, l’épreuve est un peu différente. Il importe, avec sagesse, de s’attacher au Message, et non pas, émotionnellement, aux personnes : on l’apprend au gré des difficultés de la vie et des souffrances. C’est ainsi que l’on devient capable de pardonner, et d’avancer.
A quoi nous appelle ce message aujourd’hui ? D’abord il faut nous souvenir que les épreuves sont des rappels et peuvent être, spirituellement, des signes d’amour. Ensuite, les êtres humains doivent se garder de tout jugement définitif : Dieu seul sait ce qu’il en est des faits et de leur sens. Enfin, il faut rester debout, refuser les injustices et se battre dignement contre les accusations mensongères pour son innocence, sa dignité, son honneur, le droit et la liberté. Ne rien lâcher.
Il est tard. Silence. Le cœur s’apaise, la confiance grandit. Prière. Je suis seul. Je ne suis pas seul. Nous ne sommes pas seuls. Allons !
Tariq Ramadan
Le 12 novembre dernier, en prison, j’écrivais ces pensées. De l’intérieur, pour hier, pour aujourd’hui, pour demain.
Il est tard, il fait nuit. Entre les quatre murs de cette cellule. Silence. Je suis seul. Je ne suis pas seul. Je vois passer les images de ma vie, de mon passé. Ce long chemin qui m’a amené à la prison. Rien n’arrive par hasard. Chercher le sens, les enseignements. Grandir. Pour cela, il faut regarder les choses en face, refuser de s’apitoyer sur son sort, assumer ses erreurs sans chercher des excuses. Comme le dit le Coran : « O vous qui portez la foi, vous avez à répondre de vous-mêmes » (5/105).
Il y a eu des blessures anciennes, des larmes, des défaites. Il y a eu des erreurs, des fautes. Je ne nie rien et rien ne justifie ces dernières. Je sais et je comprends que certains soient troublés, déçus, et même fâchés. D’aucuns sont habités par de l’incompréhension, d’autres le vivent comme une trahison. Je le comprends profondément et j’en suis désolé et triste. En traversant cette épreuve, je suis revenu au centre, forcément : j’ai été injuste avec moi-même, selon la formule coranique, et l’apparent paradoxe veut que l’injustice, judiciaire et politique, que je subis a finalement permis que je fasse, spirituellement, justice à mon cœur et à mon être. Ils ont voulu me salir médiatiquement, et extérieurement ; Dieu m’a offert la purification et la résilience, intérieurement et intimement. Certaines épreuves sont des bénédictions.
Cette épreuve est, et sera, ma libération et je peux vous promettre que, in sha Allah, j’en sortirai grandi.
Pour certains d’entre vous, l’épreuve est un peu différente. Il importe, avec sagesse, de s’attacher au Message, et non pas, émotionnellement, aux personnes : on l’apprend au gré des difficultés de la vie et des souffrances. C’est ainsi que l’on devient capable de pardonner, et d’avancer.
A quoi nous appelle ce message aujourd’hui ? D’abord il faut nous souvenir que les épreuves sont des rappels et peuvent être, spirituellement, des signes d’amour. Ensuite, les êtres humains doivent se garder de tout jugement définitif : Dieu seul sait ce qu’il en est des faits et de leur sens. Enfin, il faut rester debout, refuser les injustices et se battre dignement contre les accusations mensongères pour son innocence, sa dignité, son honneur, le droit et la liberté. Ne rien lâcher.
Il est tard. Silence. Le cœur s’apaise, la confiance grandit. Prière. Je suis seul. Je ne suis pas seul. Nous ne sommes pas seuls. Allons !
Tariq Ramadan
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