Depuis quelques temps, c’est la guerre en Casamance au sens le plus meurtrier du terme. Des forêts brûlées ravageant des champs d’anacardier, des villages qui se vident avec des populations en déplacement, les braquages de véhicules, des soldats tués, on ne donne jamais le nombre de morts du côté des rebelles. C’est la guerre !
Seulement au moment où les crépitements des armes ne s’arrêtent plus, les autorités des deux camps, gouvernement et rébellion, gouvernement surtout occupent les médias pour exprimer des volontés d’aller à la table de négociations. Mais apparemment du côté du gouvernement, le sérieux semble manquer entoure de ce dossier. Comment un ancien ministre de la République, actuellement conseiller du Président et coordonateur des activités (vente de cartes) du parti au pouvoir puisse se permettre de révéler à la face du monde son soutien permanent à cette rébellion ? On ne peut pas croire que le régime en place n’a pas comme objectif de régler cette crise qui dure depuis Décembre 1982. En tout cas le laxisme est là et on accuse à gauche et à droite des émissaires qui se sont enrichis sur cette crise. Depuis la reprise et sans arrêts des combats, chaque camp politique y va pour ses réflexions et ses propositions, au premier chef, le Président de la République. Mais entendre qu’un chef rebelle démentir le Président sur le processus du dialogue pose problème.
Apparemment le pouvoir trompe son monde, il s’agit de dire non à l’option militaire à travers les médias et d’ordonner la guerre sur le terrain. Le Premier ministre est allé même jusqu’à dire non à des anciens généraux qui demandent plus de moyens pour nos soldats. Pour le mouvement séparatiste, des observateurs pensent qu’il ne semble pas avoir le choix parce que diminué, divisé et poussé dans ses derniers retranchements même si César Atoute Badiate soutient le contraire.
Si l’ancien régime comme l’actuel ont eu toujours le même objectif : ramener la paix en Casamance, c’est pour le moment l’échec sur toute la ligne. L’argent et le soutien à des ex combattants qui acceptent de déposer les armes ont été des options de l’ancien comme de l’actuel régime, cela n’a rien donné. Des journalistes qui suivent de prés ce dossier nous le rappellent souvent. En 2001, Walfadrji quotidien écrivait : « après les accords de Ziguinchor, conclus en juillet 1993, le gouvernement avait engagé un vaste programme de réinsertion de maquisards du front nord qui étaient sous le commandement de Sidy Badji, puis de Kamougué Diatta, à coups de milliards. Ces intéressements ont débouché sur une querelle de « généraux » et qui justifient l’épopée sanglante entre Kamougué et son ancien lieutenant Ousmane Goudiaby. En quelques mois, il y a eu plus de morts civils que pendant toute la durée du conflit ».
L’autre difficulté qui pourrait pousser le gouvernement à opter pour l’option de la guerre, le jeu pas très clair de nos voisins notamment la Gambie et la Guinée Bissau. Les Etats n’ont pas d’amis juste des intérêts. Tous les fils de ce pays, on peut le croire même ceux qui sont au pouvoir, sont pour la paix définitive. C’est là qu’il faut réfléchir sur l’option militaire. On ne peut pas tuer les fils d’une partie de ce pays pour avoir la paix avec leurs parents. « Une société socialement intégrée est celle dans laquelle peuvent coexister des aspirations individuelles et collectives différentes et divergentes dans le cadre d’un libre consensus sur les valeurs fondamentales et les intérêts communs ». Ce sont des propos de l’ancien Secrétaire Général de l’ONU et de l’OIF.
Il faut s’assoir parce qu’il est temps entre nous juste entre nous ! Non c’est sérieux ce n’est pas une histoire de cent jours.
NDIAGA DIOUF. Journaliste
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