La sécheresse continue d'accabler la Corne de l'Afrique. Dans le comté de Garissa, au Kenya la pluie n'est quasiment pas tombée depuis plusieurs années. Les récoltes sont mauvaises, le bétail meurt et les animaux sauvages se rapprochent des villes afin de trouver des points d'eau. Tous les modes de vie sont bouleversés. C'est ce que nous raconte Florence Morice, la correspondante permanente de RFI en Afrique de l'Est.
Dans ce nouvel épisode deTémoins d'actu, Florence Morice commence par présenter ce comté. La ville de Garissa est bordée par le fleuve Tana : « Une oasis de verdure dans cet environnement, qui pour le reste est essentiellement composé de vastes étendues de savane désertique avec quelques villages peuplés pour l'essentiel par des éleveurs et des agriculteurs ».
Conséquence du changement climatique, la sécheresse modifie ce paysage et bouleverse les modes de vie : « Il n'y a plus de pâturages, 70 % des sources d'eau sont asséchées et l'on ne voit plus de bétail à l'horizon. Ce que l'on voit en revanche, ce sont des huttes de fortunes au bord des routes. Des familles qui ont tout perdu et qui se rapprochent de la ville ».
En écoutant cet épisode, on comprend que les hommes laissent les femmes et les enfants et partent avec leurs troupeaux pour essayer de trouver des points d'eau. « Beaucoup de femmes ne savent même pas où se trouve leur mari. Elles se retrouvent sans ressources. L'une d'entre elles m'a raconté qu'en partant, son époux lui a laissé deux chèvres, qu'elle a réussies à vendre au marché. Elle en a tiré seulement l'équivalent de trente euros et depuis, elle n'a que cela pour vivre avec ses six enfants ».
Presque deux ans sans pluie font de cet épisode de sécheresse le plus long depuis quarante ans. Depuis ces vingt dernières années, les sécheresses sont de plus en plus intenses et rapprochées et elles exacerbent aussi les conflits entre les humains et les animaux. « Comme les animaux sauvages manquent cruellement de pâturages, poussés par la faim, ils entrent dans les fermes et détruisent les récoltes », explique notre correspondante. « Résultat, poursuit Florence, certains fermiers les chassent violemment où installent des pièges qui blessent gravement les animaux. Tout cela peut paraître anecdotique, mais cela ne l'est pas du tout. Cela montre vraiment à quel point la compétition pour les ressources est exacerbée ».
Florence Morice conclut en disant que ce qui l'a frappé, c'est : « L'inquiétude que j'ai vue dans les regards des mères de famille, inquiétude pour leur avenir. Les gens se demandent vraiment comment ils vont faire dans les années à venir et ils commencent à prendre conscience qu'il va falloir inventer d'autres modes de vie pour s'adapter aux bouleversements ».
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