«Même pour éteindre un incendie à l’immeuble Tamaro, on a besoin d’eux. Ils sont incontournables».
Cette réflexion simpliste d’un ami qui préfère le raccourci tranche avec l’annonce solennelle de la reprise de la souveraineté du Sénégal sur les bases militaires françaises actuelles. Il y a dans cette annonce historique des raisons que sans doute la raison ignore. La science politique nous apprend que les régimes politiques en quête de renaissance (terme à la mode) sont tentés d’agiter des thèmes populaires voire populistes pour mailler large et faire oublier le souci quotidien des masses qui aussi vivent de symboles. Certains régimes n’hésitaient pas à aller même en guerre pour créer le ciment patriotique autour du chef suprême des armées. Parlant de guerre, elle n’est pas simplement rituelle. Elle peut être virtuelle dans le subconscient des masses.
Il est difficile pour un esprit libre de naviguer à contre-courant de l’annonce de souveraineté du Sénégal sur les bases militaires françaises reliques visibles de la colonisation. C’est un thème qui titille le cœur avant d’interpeler la raison. Cependant, c’est une annonce qui ne doit pas mettre des bandeaux affectifs sur la réflexion. Les questions essentielles demeurent en suspens.
Est-ce une annonce simplement historique pour être un peu plus au panthéon des libérateurs ? Est-ce une annonce clin d’œil pour obliger la France à rouvrir les vannes d’une coopération sérieusement secouées après les errances du compagnonnage avec le monde arabe notamment du Golf ? Est-ce une annonce en fanfare et trompette pour désaxer les déterminants du vote de 2012 en les plaçant dans le canal de l’affectif comme c’est le cas avec la loi annoncée sur la parité ? Est-ce une annonce stratégique posée en monnaie d’échange sur la table de l’ancienne puissance coloniale dans la perspective de l’agenda électoral local de 2012 ? Est-ce enfin une annonce sérieuse pour régler définitivement la question de la présence trop importante des bases militaires françaises sur le sol national après un demi-siècle d’indépendance ?
Une chose est sure c’est une annonce pas encore un fait tangible.
Une annonce faite au moment où le Niger de Tandja a fini d’abdiquer face à la volonté des peuples et aussi face à un appui évident de forces extérieures occidentales occultes. Le discours de la Baule semble lier la France qui ne peut plus se permettre aujourd’hui de soutenir à ciel ouvert le burlesque de régimes dictatoriaux de fer ou de velours. L’uranium du Niger ne devait pas être entre les mains d’un chef d’Etat impopulaire qui pensait avoir fini de tordre le cou à la constitution de son pays en dépit de l’avis de la CEDEAO. Tandja est parti au grand jour par une révolution interne sans doute préparée en nocturne. Abdallahi qui semblait laisser faire Al Qaida dans une Mauritanie charnière est aussi passé à la trappe en douce avec certainement l’aval tacite extérieur laissant la place à un Aziz rassurant l’occident et ayant eu un quitus démocratique indéniable. Dadis le « visiteur » qui s’était trompé d’époque à trop joué la comédie dans une Guinée assise sur une mine d’or et sur des mines explosives. Il a fini en drame après la baroud d’honneur avec Kouchner. Il vivote au Burkina attendant d’être traduit à la cours pénale internationale au moment où la Guinée semble emprunter la voie irréversible de la démocratie civile en parlant de moins en moins de Toumba Diakité sans doute exfiltré par des forces nocturnes.
Dans les autres pays de la sous région, l’environnement politique quoique tendu, ne porte pas en lui les germes d’un forcing démocratique gros de danger.
C’est dans ce contexte sous régional spécifique qu’arrive l’annonce de la reprise de la souveraineté du Sénégal sur les bases militaires françaises. Le protecteur virtuel serait-il devenu une menace pour la stabilité du Sénégal dans la perspective de l’incertitude de 2012 ? En 2012, il y aura une tension politique certaine et inédite au Sénégal avec un pouvoir que certains souhaitent conserver en route vers le sommet et que d’autres veulent remettre en marche démocratique impersonnelle.
Le dilemme cornélien de l’actuel régime est double. S’il présente sans un référendum préalable, l’actuel chef de l’Etat ( à quatre vingt six ans) pour un troisième mandat, ce sera en violation évidente de l’article 27 de la constitution qui dispose « La durée du mandat du Président de la République est de sept ans. Le mandat est renouvelable une seule fois. Cette durée ne peut être modifiée que par voie référendaire. ». Si c’est le fils que l’on présente pour assurer les arrières, cela reviendrait à faire imploser le PDS qui ira vers une mort politique certaine.
Les deux termes du choix qui s’offrent à l’actuel régime sont tous les deux anachroniques dans un Sénégal qui tient à la liberté. Les deux alternatives pourraient installer le pays dans une tension évidente aux conséquences incertaines.
Face à cette tension quelle sera l’attitude de ceux dont on a besoin « même pour éteindre un feu » comme disait mon ami le simpliste railleur ? Vont-ils défendre le régime ou vont-ils, pour être en phase avec le discours de la Baule, donner un coup de pouce tacite (même par neutralité) à la démocratie ?
Une chose est sure. Les bases militaires étrangères doivent quitter le Sénégal. L’armée sénégalaise républicaine doit être assez outillée pour faire face à tous les dangers d’agression extérieure. Au-delà de l’annonce en fanfare de la reprise de la souveraineté territoriale sur ces bases, la question fondamentale est la reprise de la souveraineté de penser et d’agir vis-à-vis de l’extérieur dans sa globalité y compris les nouveaux amis du Golf qui donnent l’impression de prêter l’œil en indiquant obligatoirement la direction du regard.
A l’évidence, le Sénégal, dix ans après 2000, n’est pas plus libre dans les faits en dépit de l’audace solennelle du discours. Les nouveaux amis du Sénégal et leurs relais locaux ont leurs conditionnalités qui touchent souvent à la souveraineté économique du pays et, ce débat là semble plus important que le symbolisme de la reprise des bases quand on a encore du mal à assurer la protection civile minimale en cas d‘incendie d’envergure. Mais il est des raisons que la simple raison ignore.
Mon ami simpliste a certes réduit la réflexion à l’incendie que nous avons du mal à éteindre mais dans le fond, il a raison au présent.
Après l’annonce, il urge de se donner les moyens de l’audace en donnant à l’armée les moyens véritables au-delà des peintures blanches du défilé.
Et ce ne sera pas que des paroles en l’air mais une attitude concrète qui fera dire dans un futur proche à l’ami simpliste « Enfin nous pouvons éteindre en propre nos incendies ! Enfin nous pouvons lutter contre les inondations ! Enfin nous pouvons assurer la sécurité civile et militaire intégrale en Casamance ! Enfin nous avons un renseignement militaire autonome ! Enfin nous reprenons nos bases !
Au-delà de l’annonce de la souveraineté sur les bases militaires françaises, ce pays a besoin de placer la liberté et l’égalité des citoyens au cœur de la démarche démocratique. Ce chantier dépasse le cadre d’un discours. C’est le seul véritable chantier qui vaille. Ce chantier là va au-delà des considérations claniques, ethniques et familiales. C’est un challenge alléchant parce que républicaine.
Cette réflexion simpliste d’un ami qui préfère le raccourci tranche avec l’annonce solennelle de la reprise de la souveraineté du Sénégal sur les bases militaires françaises actuelles. Il y a dans cette annonce historique des raisons que sans doute la raison ignore. La science politique nous apprend que les régimes politiques en quête de renaissance (terme à la mode) sont tentés d’agiter des thèmes populaires voire populistes pour mailler large et faire oublier le souci quotidien des masses qui aussi vivent de symboles. Certains régimes n’hésitaient pas à aller même en guerre pour créer le ciment patriotique autour du chef suprême des armées. Parlant de guerre, elle n’est pas simplement rituelle. Elle peut être virtuelle dans le subconscient des masses.
Il est difficile pour un esprit libre de naviguer à contre-courant de l’annonce de souveraineté du Sénégal sur les bases militaires françaises reliques visibles de la colonisation. C’est un thème qui titille le cœur avant d’interpeler la raison. Cependant, c’est une annonce qui ne doit pas mettre des bandeaux affectifs sur la réflexion. Les questions essentielles demeurent en suspens.
Est-ce une annonce simplement historique pour être un peu plus au panthéon des libérateurs ? Est-ce une annonce clin d’œil pour obliger la France à rouvrir les vannes d’une coopération sérieusement secouées après les errances du compagnonnage avec le monde arabe notamment du Golf ? Est-ce une annonce en fanfare et trompette pour désaxer les déterminants du vote de 2012 en les plaçant dans le canal de l’affectif comme c’est le cas avec la loi annoncée sur la parité ? Est-ce une annonce stratégique posée en monnaie d’échange sur la table de l’ancienne puissance coloniale dans la perspective de l’agenda électoral local de 2012 ? Est-ce enfin une annonce sérieuse pour régler définitivement la question de la présence trop importante des bases militaires françaises sur le sol national après un demi-siècle d’indépendance ?
Une chose est sure c’est une annonce pas encore un fait tangible.
Une annonce faite au moment où le Niger de Tandja a fini d’abdiquer face à la volonté des peuples et aussi face à un appui évident de forces extérieures occidentales occultes. Le discours de la Baule semble lier la France qui ne peut plus se permettre aujourd’hui de soutenir à ciel ouvert le burlesque de régimes dictatoriaux de fer ou de velours. L’uranium du Niger ne devait pas être entre les mains d’un chef d’Etat impopulaire qui pensait avoir fini de tordre le cou à la constitution de son pays en dépit de l’avis de la CEDEAO. Tandja est parti au grand jour par une révolution interne sans doute préparée en nocturne. Abdallahi qui semblait laisser faire Al Qaida dans une Mauritanie charnière est aussi passé à la trappe en douce avec certainement l’aval tacite extérieur laissant la place à un Aziz rassurant l’occident et ayant eu un quitus démocratique indéniable. Dadis le « visiteur » qui s’était trompé d’époque à trop joué la comédie dans une Guinée assise sur une mine d’or et sur des mines explosives. Il a fini en drame après la baroud d’honneur avec Kouchner. Il vivote au Burkina attendant d’être traduit à la cours pénale internationale au moment où la Guinée semble emprunter la voie irréversible de la démocratie civile en parlant de moins en moins de Toumba Diakité sans doute exfiltré par des forces nocturnes.
Dans les autres pays de la sous région, l’environnement politique quoique tendu, ne porte pas en lui les germes d’un forcing démocratique gros de danger.
C’est dans ce contexte sous régional spécifique qu’arrive l’annonce de la reprise de la souveraineté du Sénégal sur les bases militaires françaises. Le protecteur virtuel serait-il devenu une menace pour la stabilité du Sénégal dans la perspective de l’incertitude de 2012 ? En 2012, il y aura une tension politique certaine et inédite au Sénégal avec un pouvoir que certains souhaitent conserver en route vers le sommet et que d’autres veulent remettre en marche démocratique impersonnelle.
Le dilemme cornélien de l’actuel régime est double. S’il présente sans un référendum préalable, l’actuel chef de l’Etat ( à quatre vingt six ans) pour un troisième mandat, ce sera en violation évidente de l’article 27 de la constitution qui dispose « La durée du mandat du Président de la République est de sept ans. Le mandat est renouvelable une seule fois. Cette durée ne peut être modifiée que par voie référendaire. ». Si c’est le fils que l’on présente pour assurer les arrières, cela reviendrait à faire imploser le PDS qui ira vers une mort politique certaine.
Les deux termes du choix qui s’offrent à l’actuel régime sont tous les deux anachroniques dans un Sénégal qui tient à la liberté. Les deux alternatives pourraient installer le pays dans une tension évidente aux conséquences incertaines.
Face à cette tension quelle sera l’attitude de ceux dont on a besoin « même pour éteindre un feu » comme disait mon ami le simpliste railleur ? Vont-ils défendre le régime ou vont-ils, pour être en phase avec le discours de la Baule, donner un coup de pouce tacite (même par neutralité) à la démocratie ?
Une chose est sure. Les bases militaires étrangères doivent quitter le Sénégal. L’armée sénégalaise républicaine doit être assez outillée pour faire face à tous les dangers d’agression extérieure. Au-delà de l’annonce en fanfare de la reprise de la souveraineté territoriale sur ces bases, la question fondamentale est la reprise de la souveraineté de penser et d’agir vis-à-vis de l’extérieur dans sa globalité y compris les nouveaux amis du Golf qui donnent l’impression de prêter l’œil en indiquant obligatoirement la direction du regard.
A l’évidence, le Sénégal, dix ans après 2000, n’est pas plus libre dans les faits en dépit de l’audace solennelle du discours. Les nouveaux amis du Sénégal et leurs relais locaux ont leurs conditionnalités qui touchent souvent à la souveraineté économique du pays et, ce débat là semble plus important que le symbolisme de la reprise des bases quand on a encore du mal à assurer la protection civile minimale en cas d‘incendie d’envergure. Mais il est des raisons que la simple raison ignore.
Mon ami simpliste a certes réduit la réflexion à l’incendie que nous avons du mal à éteindre mais dans le fond, il a raison au présent.
Après l’annonce, il urge de se donner les moyens de l’audace en donnant à l’armée les moyens véritables au-delà des peintures blanches du défilé.
Et ce ne sera pas que des paroles en l’air mais une attitude concrète qui fera dire dans un futur proche à l’ami simpliste « Enfin nous pouvons éteindre en propre nos incendies ! Enfin nous pouvons lutter contre les inondations ! Enfin nous pouvons assurer la sécurité civile et militaire intégrale en Casamance ! Enfin nous avons un renseignement militaire autonome ! Enfin nous reprenons nos bases !
Au-delà de l’annonce de la souveraineté sur les bases militaires françaises, ce pays a besoin de placer la liberté et l’égalité des citoyens au cœur de la démarche démocratique. Ce chantier dépasse le cadre d’un discours. C’est le seul véritable chantier qui vaille. Ce chantier là va au-delà des considérations claniques, ethniques et familiales. C’est un challenge alléchant parce que républicaine.
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