En Birmanie, Aung San Suu Kyi reste une icône, l'image de l'ouverture démocratique, la voix du petit peuple. Et même si, à l'étranger, les critiques pleuvent au sujet de sa passivité, voire de sa complicité durant le nettoyage ethnique des Rohingyas, c'est tout l'inverse à l'intérieur du pays.
Ce n'est même pas un sujet de campagne, car, pour la majorité des Birmans, elle s'est posée en garante de l'unité de la Nation. Et elle reste à leurs yeux le seul rempart face aux militaires qui conservent 25 % des sièges au Parlement et trois ministères stratégiques : l'Intérieur, la Défense et les Frontières.
Elle a la légitimité parce qu'elle est la fille d'un héros qui était aussi le fondateur de l'armée birmane. Elle a la capacité à parler avec l'armée grâce à cette légitimité. Et enfin, elle s'est battue pendant tellement d'années pour le peuple que ce peuple-là la glorifie en fait. C'est une icône.
À son arrivée au pouvoir en 2015, Aung San Suu Kyi avait promis de réduire l'influence de l'armée et de trouver un accord de paix avec les groupes rebelles qui agitent plusieurs États birmans. Cinq ans plus tard, on est loin du compte. Et le fait que, pour de vagues raisons sécuritaires, la Commission électorale ordonne l'annulation du scrutin dans certaines zones sensibles laisse à penser qu'Aung San Suu Kyi n'a qu'une idée en tête : conforter son pouvoir auprès de l'électorat bouddhiste traditionnel au détriment des petits partis et des ethnies minoritaires.
D’ailleurs, certains de ces anciens soutiens ont été déçus par son manque de soutien aux minorités du pays, explique Ludivine Roux, journaliste indépendante à Rangoun : « Aung San Suu Kyi bénéficie toujours d’un soutien très fort dans l’ethnie Bamar qui est l’ethnie majoritaire du pays, mais malgré ce soutien fort qui lui assure quasiment la victoire le 8 novembre, d'anciens soutiens s’avèrent un peu déçus notamment concernant les droits ethniques qui n’ont pas beaucoup progressé depuis 2015. Le conflit en Arakhan a aussi été source de débat dans la population birmane. »
En cas de victoire, il y aura en tout cas fort à faire notamment pour redresser l’économie du pays qui est à l’arrêt depuis mars et la pandémie du Covid-19. Aurore Candier, chercheuse rattachée à l'Irasec (Institut de Recherche sur l'Asie du Sud-Est Contemporaine) et à l'Ehess (École des hautes études en sciences sociales), décrit quelles seront ces principaux défis :
Ce n'est même pas un sujet de campagne, car, pour la majorité des Birmans, elle s'est posée en garante de l'unité de la Nation. Et elle reste à leurs yeux le seul rempart face aux militaires qui conservent 25 % des sièges au Parlement et trois ministères stratégiques : l'Intérieur, la Défense et les Frontières.
Elle a la légitimité parce qu'elle est la fille d'un héros qui était aussi le fondateur de l'armée birmane. Elle a la capacité à parler avec l'armée grâce à cette légitimité. Et enfin, elle s'est battue pendant tellement d'années pour le peuple que ce peuple-là la glorifie en fait. C'est une icône.
À son arrivée au pouvoir en 2015, Aung San Suu Kyi avait promis de réduire l'influence de l'armée et de trouver un accord de paix avec les groupes rebelles qui agitent plusieurs États birmans. Cinq ans plus tard, on est loin du compte. Et le fait que, pour de vagues raisons sécuritaires, la Commission électorale ordonne l'annulation du scrutin dans certaines zones sensibles laisse à penser qu'Aung San Suu Kyi n'a qu'une idée en tête : conforter son pouvoir auprès de l'électorat bouddhiste traditionnel au détriment des petits partis et des ethnies minoritaires.
D’ailleurs, certains de ces anciens soutiens ont été déçus par son manque de soutien aux minorités du pays, explique Ludivine Roux, journaliste indépendante à Rangoun : « Aung San Suu Kyi bénéficie toujours d’un soutien très fort dans l’ethnie Bamar qui est l’ethnie majoritaire du pays, mais malgré ce soutien fort qui lui assure quasiment la victoire le 8 novembre, d'anciens soutiens s’avèrent un peu déçus notamment concernant les droits ethniques qui n’ont pas beaucoup progressé depuis 2015. Le conflit en Arakhan a aussi été source de débat dans la population birmane. »
En cas de victoire, il y aura en tout cas fort à faire notamment pour redresser l’économie du pays qui est à l’arrêt depuis mars et la pandémie du Covid-19. Aurore Candier, chercheuse rattachée à l'Irasec (Institut de Recherche sur l'Asie du Sud-Est Contemporaine) et à l'Ehess (École des hautes études en sciences sociales), décrit quelles seront ces principaux défis :
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