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Beaucoup de Tunisiens renoncent à sacrifier un mouton pour l'Aïd

En tuant un mouton, les fidèles commémorent le geste de soumission d’Ibrahim à Dieu. Aujourd’hui, en Tunisie, l’Aïd el Kébir est autant une célébration religieuse qu’une grande fête familiale. Mais cette année, elle tombe en même temps que la rentrée scolaire, et avec l’augmentation du coût de la vie, de nombreux Tunisiens renoncent à acheter un animal vivant pour le sacrifier.



Dans un quartier populaire de Tunis, Mounir vend des moutons pour l’Aïd depuis plus de 10 ans. Et cette année, les acheteurs ne se bousculent pas : « Regardez le marché, il est presque vide, dit le commerçant. Il y a 50 % de personnes en moins, vous comprenez. Parce que c’est cher, et les gens disent qu’ils n’ont pas d’argent. », déplore-t-il.
 
En fait, un mouton entier ne coûte pas forcément plus cher cette année, mais cela reste une dépense énorme pour la plupart des Tunisiens, même pour des cadres comme Noomen, qui n’achètera pas d’animal pas cette fois-ci : « Un mouton représente un tiers, parfois un demi-salaire... »
 
Un pouvoir d'achat qui a baissé de 40 %
 
Surtout, l’Aïd arrive cette année en même temps que d’autres dépenses lourdes pour les familles. Pour Seratiba, la priorité, c’est l’éducation de ses deux filles. Cette année, elle n'achètera pas de mouton, car « avec la rentrée scolaire, l'achat des fournitures, etc. ce n'est pas possible... », soupire-t-elle.
 
Avec ces dépenses de rentrée et un pouvoir d’achat qui a baissé de 40% depuis la révolution de 2011, près d’un Tunisien sur cinq affirme ne pas acheter de mouton pour l’Aïd cette année, selon l’Organisation de défense du consommateur. « Le pouvoir d'achat de la famille tunisienne est de plus en plus érodé, constate Taoufik Ben Jémia, membre de l'organisation. Malheureusement, l'arrivée de l'Aïd coïncide avec des échéances encore plus chaudes comme celles de la rentrée scolaire et celle de la facture de l'électricité qui constituent un pic dangereux dans la consommation au niveau de la famille. »
 
Une fête qui sera tout de même célébrée par la majorité des Tunisiens
 
L’association recommande de ne pas s’endetter. Et selon Fadhel Achour, porte-parole du syndicat des imams, le Coran ne dit pas autre chose : « La religion dit : "Dieu ne charge aucune âme au-delà de ce qu’elle peut supporter". Donc, si le moment venu, la famille ne détient pas suffisamment d’argent en réserve, de fait, elle n’est pas obligée de supporter la charge du sacrifice. »
 
Pour autant, pour l’immense majorité des Tunisiens, pas question de rater cette fête familiale majeure. Alors ceux qui ne sacrifient pas d’animal achètent de la viande dans le commerce.


Source: Rfi.fr


Lundi 12 Septembre 2016 - 07:00


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