Pour Denis Sassou-Nguesso, le président congolais et médiateur de la crise centrafricaine, il y avait de la satisfaction après cette signature : « Il fallait bien commencer par la cessation des hostilités. Les engagements qui viennent d’être pris constituent les fondations, les repères pour un long processus à poursuivre et à consolider en terre centrafricaine ».
Les deux premiers à parapher l'accord de fin des hostilités ont été Mohamed Moussa Dhaffane, pour la Seleka, et Patrice-Edouard Ngaissona, pour les anti-balaka. Par ce texte, les deux groupes armés s'engagent à mettre un terme aux exactions, à cantonner leurs hommes, à lever les barrages et à permettre la libre circulation dans les zones qu'ils contrôlent. Mais rien ne semble prévu pour le désarmement. Au vu des conditions de son accouchement, la question de la viabilité de cet accord minimal se pose d’ores et déjà.
Signera, ne signera pas ? Jusqu'au dernier moment, la délégation Seleka aura laissé planer le doute - . Et il aura fallu une audience chez Denis Sassou Nguesso pour débloquer les négociations gelées par les conditions posées par la Seleka, et rejetées en bloc par les autres parties et les médiateurs internationaux.
Un accord arraché de haute lutte, ce qui n’a rien de surprenant pour Abdoulaye Bathily, le représentant spécial des Nations unies pour l'Afrique centrale : « Ce pays meurtri par une des crises les plus graves de l’Afrique contemporaine ne pouvait pas, et nous nous y attendions, se régler d’un clin d’œil. Il fallait un travail en profondeur avec les acteurs pour les convaincre de la nécessité de l’arrêt des violences et des hostilités. Maintenant, le plus difficile reste encore à faire avec naturellement la question du désarmement ».
Vieilles revendications
Dès le début des travaux, en effet, en jetant sur la table des négociations la question de la partition du pays, les délégués de la Seleka étaient à deux doigts de torpiller le Forum de Brazzaville. Était-ce là leur intention, ou souhaitaient-ils faire avancer de vieilles revendications comme la primature dans le prochain gouvernement, ou encore une intégration de leurs éléments dans la future armée ?
Le plus difficile maintenant, va être de faire appliquer cet accord, comme l’explique l’ancien Premier ministre, Anicet Dologuélé : « Le processus qui démarre devra être suivi avec beaucoup d’attention par tous les participants au Forum de Brazzaville pour qu’il y ait des résultats tangibles pour le pays ».
Si certains observateurs émettent des doutes quant à la capacité de la chaîne de commandement anti-balaka à faire appliquer l'accord par sa base, ils sont encore plus dubitatifs à propos de la Seleka. À Brazzaville, comme en Centrafrique ou au Bénin, cette semaine, l'ex-rébellion est apparue incapable de masquer ses divisions. Des divisions qui risquent d’ailleurs de réduire à néant l’accord trouvé à Brazzaville
Fractures au sein de la Seleka
À peine signé à Brazzaville par le numéro 3 de la Seleka, le porte-parole du bureau politique de l’ex-rébellion dénonçait en effet le texte, affirmant qu'il n’engageait que ses signataires et pas la Seleka. « Nous ne reconnaissons pas cet accord, qui ne nous engage pas » déclarait ainsi à RFI Habylah Awal, au moment même où le texte était pourtant signé. « Nous sommes suffisamment représentatifs pour faire appliquer l'accord », lui a rétorqué Mohamed Dhaffane, pour rassurer mercredi soir, ceux qui doutent de la viabilité du texte signé à Brazzaville.
Cet épisode montre clairement les fractures qui existent au sein de la Seleka, sur les questions essentielles. Déjà, mercredi soir Habylah Awal apparaissait réticent à la signature d’un accord, soutenant toujours la position, toujours défendue alors par Dhaffane, de la partition du pays. Dans un entretien accordé à RFI, il expliquait qu’il n’était « pas question de signer un accord avec les anti-balaka, tant qu'ils ne demandaient pas pardon à la communauté musulmane ».
En renonçant à la partition et en acceptant de signer l'accord, Dhaffane a-t-il contrevenu aux ordres reçus à Cotonou de Michel Djotodia à la veille du forum ? « La partition est une menace que brandissent Djotodia et Nourredine pour éviter les sanctions et les poursuites. Mais même avec leurs hommes à Birao, ils sont minoritaires aujourd'hui », estime un cadre du mouvement. D'un côté la partition, de l'autre, la paix avec les anti-balakas et le partage du pouvoir : l'ex-rébellion est à l'heure du choix.
Source : Rfi.fr
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