Vingt ans après ses débuts professionnels avec Parme (le 19 novembre 1995), Gianluigi Buffon n’a rien perdu de sa superbe ni de sa volonté d’installer la Juventus au firmament. «Que dire de Gigi? Il a été un point de référence pour ma génération et continue de l’être pour la suivante. Pour des gens comme moi qui rêvaient de devenir gardien de but, il a été une grande vitrine, on rêvait d’être sur l’écran à côté de lui», raconte le gardien madrilène Iker Casillas avec admiration.
Trois jours après avoir remporté son sixième titre de champion d’Italie, le quatrième consécutif, avec la «Vecchia Signora», le légendaire gardien italien de 37 ans entend à nouveau briser l’ambition du Real Madrid de devenir le premier club depuis l’AC Milan (1989 et 1990) à remporter deux Ligues des champions consécutivement. «Nous sommes fiers, la demi-finale est une étape importante, mais l’histoire de la Juventus impose de ne jamais être satisfait. Dans nos cœurs, nous voulons tous aller encore plus loin, il y a l’espoir et le désir de se qualifier pour la finale. Et peut-être aller encore plus loin», avait martelé Gigi Buffon à l’issue du tirage au sort afin de pousser ses partenaires à bousculer les coéquipiers de Cristiano Ronaldo, ce mardi au Juventus Stadium lors de la manche aller de ce choc européen classique.
Je ne suis jamais fatigué de gagner. Plus vous vieillissez, plus vous appréciez les triomphesComme en 2003 lorsqu’il élimina les Merengue de Zidane et Figo en demi-finale de la compétition européenne phare (1-2, 3-1). Pour finalement s’incliner aux tirs au but en finale devant l’AC Milan de Carlo Ancelotti, aujourd’hui entraîneur du Real Madrid. Un souvenir douloureux pour Gigi Buffon dont le fabuleux palmarès (le titre de champion du monde 2006 restant le point d’orgue) déplore toujours un triomphe sur la scène continentale.
— Gianluigi Buffon
«Je ne suis jamais fatigué de gagner. Plus vous vieillissez, plus vous appréciez les triomphes», expliquait-il samedi à Gênes après que la Juve a conquis le 31e scudetto de son histoire avant de se projeter sur un autre défi: «Après un titre, la joie est inévitable, mais toutes nos pensées sont tournées vers le Real Madrid. Nous voulons nous dévouer corps et âme à cette demi-finale pour ne nourrir aucun regret par la suite. Notre groupe est animé par une mentalité de fer et l’envie d’aller toujours plus loin.» Emblématique par sa classe et sa dévotion à toute épreuve de l’identité du club piémontais, Buffon concentre l’esprit de sacrifice qui habite les Bianconeri avant de disputer au munificent Real Madrid une place pour la finale de Berlin, qui se déroulera à l’Olympiastadion le 6 juin prochain. Une enceinte dans laquelle Buffon a écrit la page la plus mémorable de son immense carrière en arrêtant une tête imparable de Zinédine Zidane dans la prolongation de la finale du Mondial 2006. Pour offrir une quatrième étoile mondiale à la Nazionale à l’issue d’une séance de tirs au but durant laquelle son coéquipier turinois de l’époque David Trezeguet craqua.
Alors au faîte de sa gloire, le héros italien afficha son caractère chevaleresque en décidant de rester à la Juventus pourtant reléguée administrativement en Serie B à la suite d’une affaire de corruption. Sur les tablettes des plus grands d’Europe, Buffon - dont le transfert de Parme à Turin en 2001 pour 53 M€ reste à ce jour le plus onéreux pour un gardien - préféra la loyauté à l’ambition personnelle. Neuf ans après, le retour de la Juventus dans le dernier carré européen lui offre la possibilité de remonter le mur du temps.
«Je donnerais volontiers trois ou quatre ans de carrière pour la gagner la Ligue des champions. Je suis déjà arrivé en finale une fois et ça ne m’a vraiment pas plu de la perdre», insiste-t-il, histoire d’afficher son envie intacte d’atteindre les sommets. Sous contrat avec la Juventus jusqu’en 2017, le recordman de sélections en Italie (145) entend ainsi rester le numéro un jusqu’au Mondial 2018 en Russie. Pour y disputer sa sixième Coupe du monde et battre le record de longévité qu’il partage avec le gardien mexicain Antonio Carbajal et le milieu allemand Lothar Matthäus. Buffon aurait alors un printemps de plus que le légendaire Dino Zoff, sacré champion du monde à 40 ans en 1982.
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