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Cheikh Tidiane Gadio: «L'Union africaine a montré ses limites en Libye»

Fallait-il bombarder la Libye du colonel Kadhafi ? En Afrique, le débat fait rage sur cette question. Cheikh Tidiane Gadio connait bien le numéro 1 libyen. Il l'a beaucoup fréquenté pendant les neuf ans et demi où il a été ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Depuis Dakar, l'actuel président de Mouvement politique citoyen (MPC) répond aux questions de RFI



Cheikh Tidiane Gadio: «L'Union africaine a montré ses limites en Libye»
RFI : Qu’est-ce que vous pensez de cette action militaire internationale contre le régime de Mouammar Kadhafi ?

Cheikh Tidiane Gadio : Cette résolution 1973 prise par les Nations unies me semble être pertinente. Je ne partage pas une certaine hypocrisie, de ceux qui voulaient qu’on arrête les massacres et que les chars de combat de l’armée libyenne n’entrent pas à Benghazi, mais, en même temps, qui ne sont pas d’accord que les Nations unies aient pris la responsabilité d’arrêter ces chars de combat. Personnellement, je pense qu’il n’y avait franchement pas de choix et qu’on est maintenant dans une situation d’où il faut extirper le peuple libyen le plus rapidement possible.

RFI : Donc, si jeudi dernier le Sénégal avait siégé au Conseil de sécurité, vous auriez conseillé au président Wade de voter pour la résolution ?

C.T.G : Mais je serais même allé peut-être plus loin, en demandant que les Etats africains prennent l’initiative de cette résolution. Vous savez, la responsabilité de protéger n’est pas l’apanage des pays occidentaux. L’Union africaine a montré ses limites historiques. Cette organisation n’est pas capable de protéger les populations africaines. Là, je pense que les pays africains devraient eux-mêmes prendre l’initiative et ne pas être encore une fois se faire remarquer.

RFI : Beaucoup de chefs d’Etat africains ont bénéficié des largesses et de la générosité du guide libyen. N’est-ce pas la raison pour laquelle ils sont indulgents avec lui aujourd’hui ?

C.T.G. : C’est un peu ça. Mais c’est surtout le fait, quand même, que beaucoup ont un respect pour la mémoire historique. Kadhafi n’est pas un tout positif ou un tout négatif. Je dois dire aussi qu’il a beaucoup fait pour la lutte contre l’apartheid en Afrique du sud. Contrairement à ceux qui parlent toujours de pétrodollars que Kadhafi aurait donné à certains chefs d’Etat, je pense que ça va au-delà de cela. Et ces chefs d’Etat-là sont très embarrassés aujourd’hui. Ils ne sont pas d’accord avec la réaction brutale du régime libyen, par rapport au mouvement citoyen libyen.

Ils doivent reprendre l’initiative. Ils doivent se rendre en Libye très rapidement. Ils doivent demander un cessez-le-feu et ils doivent parler à leur frère Kadhafi, lui demander d’engager les réformes nécessaires, discuter avec ses compatriotes. Et là, je crois que les chefs d’Etat africains sont les mieux indiqués pour prendre le relais.

RFI : Donc en fait, ce que vous souhaitez, Cheikh Tidiane Gadiot, ce n’est pas la chute du régime Kadhafi, c’est une solution politique ?

C.T.G : Il faut absolument une solution politique en Libye. Franchement, je pense que des personnalités comme l’ancien chef de l’Etat nigérian Obasanjo, pour qui Kadhafi a un immense respect, Kofi Annan, ou l’ancien président mozambicain Chissano, et peut-être Amr Moussa de la Ligue arabe, sont les plus indiqués pour aller parler à Mouammar Kadhafi. Et je ne le dis pas pour défendre un régime particulier. Il faut que le choix du changement et la forme du changement soient laissés au peuple libyen.

RFI : Oui, mais le Conseil national de transition à Benghazi ne veut pas de négociation avec Mouammar Kadhafi. Il dit : « c’est un menteur. Jamais, il n’acceptera le verdict des urnes ! »

C.T.G : Tout à fait. Je peux comprendre leur position. Mais je pense que tout conflit se termine autour d’une table. Est-ce que vous voulez qu’on vous laisse vous battre d’abord, tuer cent mille de vos compatriotes, et ensuite vous retrouver autour d’une table ? Ou est-ce que vous êtes prêt à aller directement à la table de négociations ? Mieux vaut aller à la table de négociations dès maintenant.

RFI : Est-ce que l’Union africaine a mieux joué en Côte d’Ivoire qu’elle ne joue aujourd’hui en Libye ?

C.T.G. : La Côte d’Ivoire est un désastre pour l’Union africaine, comme la Libye est un cas d’embarras total pour l’Union africaine. Mais la Côte d’Ivoire appelle un autre commentaire sur les « deux poids, deux mesures ».

Pourquoi la Côte d’Ivoire n’a pas sa résolution 1973 ? Pourquoi on s’est empressé d’aller protéger les civils innocents en Libye, mais pas les civils innocents en Côte d’Ivoire ? Le plus grave maintenant, c’est que le Côte d’Ivoire abrite une mission des Nations unies, forte de milliers d’hommes armés jusqu’aux dents, mais cette mission ne peut pas protéger les populations ivoiriennes. On parle de six cents morts. Si on y prend garde, six cents morts ça peut aller rapidement à soixante mille morts. Cela peut aller plus loin.

Je pense que la Cédéao n’a pas réussi, l’Union africaine n’a pas réussi, mais les Nations unies non plus, alors que ces deux pays-là sont dirigés par deux leaders africains, que appellons des « compagnons historiques » : Kadhafi et Laurent Gbagbo. Mais ce sont ces compagnons historiques qui sont en train de plonger le peuple dans des désastres extraordinaires. Laurent Gbagbo doit, dans un sursaut d’orgueil patriotique vraiment, accepter de se retirer dans l’intérêt supérieur de son propre pays.


Par RFI

Mardi 22 Mars 2011 - 17:19


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1.Posté par SAMBA KA le 23/03/2011 15:54
La ruse, la stratégie, le mensonge et la trahison ont toujours été des éléments déterminants dans les pratiques de nos dirigeants
« essence même de notre mouvement ».
C’est pour cela au-delà de notre mission classique de prise en charge du bien-être de la collectivité ; il est urgent de définir aux Sénégalais et aux Africains le sens d’un engagement politique. Il est dit que quand une « minorité d’individus se sentent intérieurement voués à l’intérêt général et au devoir politique, ces individus deviennent alors des militants. Le militant dans son principe est le sel de la terre. Il se détache de l’égoïsme qui l’environne pour se consacrer aux fins collectives. Il est prêt à risquer sa vie pour la cause qu’il soutient et qui le soutient. Il sécrète les vertus de ferveur, solidarité, fraternité ».
Monsieur, aujourd’hui force est de constater que nous sommes au chevet d’un peuple malade de son économie, de ses institutions, de son système éducatif, de ses valeurs et de sa foi à une seconde alternance.
Croire à ce mouvement est pour nous un désir profond de prise en charge des besoins des démunis, des faibles et des laissés pour compte du régime libéral est tout aussi vital pour notre pays. Pour cela, elle doit être une action de tous et de tous les instants.

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