Le chef de l'Etat, Me Abdoulaye Wade initiateur du dialogue politique
Tout le monde applaudit la volonté affichée depuis quelques jours par le chef de l’Etat et son opposition de renouer le fil du dialogue politique. On salue par ci les vertus bien sénégalaises du dialogue, par là la capacité de dépassement incommensurable des uns et des autres. Un enthousiasme compréhensible, mais qui, somme toute, illustre encore une fois ce qu’il est de coutume d’appeler «l’exception sénégalaise», quand dans ce pays on se trouve en face d’une incongruité que l’on a du mal à s’expliquer. Le Sénégal est, en vérité, le seul pays au monde, qui se veut démocratique et où le dialogue politique n’est pas permanent, mais circonstanciel et ne se fait jamais dans le cadre strict de l’aire de jeu démocratique. Il faut toujours qu’il y ait entre la classe politique un guide religieux ou une organisation de la société civile qui propose ses bons offices pour pacifier les rapports ente le pouvoir et l’opposition.
Tant mieux si cela nous évite les drames que connaissent d’autres pays africains qui s’essaient à la démocratie. Tout de même, il y a quelque chose de vraiment singulier dans le dernier appel au dialogue politique que Me Abdoulaye Wade vient de lancer à l’opposition. C’est en effet la première fois que le chef de l’Etat joint l’acte à la parole et donne des gages de sincérité dans sa démarche. Il a envoyé des émissaires, nommé un ministre-conseiller chargé des affaires politiques et échangé des correspondances avec l’opposition rien que pour rendre possible la tenue de ce dialogue. Malgré tout, cela n’a pas empêché l’opposition de faire preuve d’une extrême prudence.
C’est qu’il y a quelque chose de suspect dans cette démarche de Me Abdoulaye Wade, qui mêle précipitation et pression, consistant à obtenir le dialogue politique, ici et maintenant, après avoir répété à plusieurs reprises qu’il discuterait plus avec les partis politiques qui ont décidé d’eux même de se mettre en marge de la vie politique nationale, en boycottant les élections législatives de juin 2007, sous le prétexte de non fiabilité du processus électoral. Le chef de l’Etat avait aussi posé comme préalable à tout dialogue avec l’opposition dite boycotteuse ou significative, la reconnaissance de sa réélection dès le premier de la présidentielle du 25 février 2007.
Apparemment, il n’en tient plus rigueur. Bien sûr, avec la ruse qu’on lui connait, il a pris le soin de préciser dans une des lettres adressées à l’opposition que la question du fichier électorale, donc de la non transparence de la présidentielle de 2007 est dépassée, dans la mesure où ceux-là qui en contestaient les résultats ont participé aux élections locales du 22 mars 2009 avec le même fichier et en sont sortis avec d’excellents résultats.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour amener Me Abdoulaye Wade à changer son fusil d’épaule, mettre de l’eau dans son vin, et à vouloir dialoguer coûte que coûte, au point même de se dédire par rapport à ses déclarations précédentes ? Les résultats de l’opposition aux élections locales y sont certainement pour quelque chose, de même que le succès des assises nationales.
Ces deux évènements on changé le rapport de force dans le paysage politique sénégalais, et le chef de l’Etat s’est rendu compte qu’il n’avait plus l’initiative du jeu. Il lui faut nécessairement une pirouette pour garder la main. D’autant qu’il ne peut plus s’appuyer sur son parti, le PDS, laminé lors des élections locales et rudement éprouvé par l’affaire Macky Sall. Parti que Me Wade a d’ailleurs décidé d’euthanasier, pour créer sur ses cendres un grand parti présidentiel. Mais en attendant, il faut gagner du temps. Et pour cela quelle meilleure solution que d’apaiser l’atmosphère politique en engageant des discussions avec l’opposition, avec cette précision qui est en réalité très vague que ces discussions «vont porter sur tout». Si tant est que Wade veut réellement pacifier ses rapports avec son opposition, il lui suffisait de déclarer qu’il souscrivait aux conclusions des assises nationales, et qu’il allait dissoudre aussi bien le Sénat que le Conseil Economique et Social et qu’il renonçait à la création du poste de vice-président, tout en réduisant la taille de son gouvernement.
Bref, s’il y a quelqu’un qui sortira victorieux de ce dialogue, c’est bien Me Abdoulaye Wade, redoutable joueur d’échec, qui a pris la peine de dérouler tout l’agenda qu’il s’est fixé au préalable avant de daigner tendre la main à l’opposition. Une opposition qui a aussi le dos au mur, parce qu’obliger de répondre à l’appel du chef de l’Etat pour ne pas se mettre à dos l’opinion. Reste maintenant à s’entourer de suffisamment de garantis pour ne pas trop perdre la face, comme cela fut le cas lors de la première tentative d’une rencontre avec Me Wade. Parce que lui a certainement déjà prévu les concessions qu’il pourrait faire, sans perdre au change.
Tant mieux si cela nous évite les drames que connaissent d’autres pays africains qui s’essaient à la démocratie. Tout de même, il y a quelque chose de vraiment singulier dans le dernier appel au dialogue politique que Me Abdoulaye Wade vient de lancer à l’opposition. C’est en effet la première fois que le chef de l’Etat joint l’acte à la parole et donne des gages de sincérité dans sa démarche. Il a envoyé des émissaires, nommé un ministre-conseiller chargé des affaires politiques et échangé des correspondances avec l’opposition rien que pour rendre possible la tenue de ce dialogue. Malgré tout, cela n’a pas empêché l’opposition de faire preuve d’une extrême prudence.
C’est qu’il y a quelque chose de suspect dans cette démarche de Me Abdoulaye Wade, qui mêle précipitation et pression, consistant à obtenir le dialogue politique, ici et maintenant, après avoir répété à plusieurs reprises qu’il discuterait plus avec les partis politiques qui ont décidé d’eux même de se mettre en marge de la vie politique nationale, en boycottant les élections législatives de juin 2007, sous le prétexte de non fiabilité du processus électoral. Le chef de l’Etat avait aussi posé comme préalable à tout dialogue avec l’opposition dite boycotteuse ou significative, la reconnaissance de sa réélection dès le premier de la présidentielle du 25 février 2007.
Apparemment, il n’en tient plus rigueur. Bien sûr, avec la ruse qu’on lui connait, il a pris le soin de préciser dans une des lettres adressées à l’opposition que la question du fichier électorale, donc de la non transparence de la présidentielle de 2007 est dépassée, dans la mesure où ceux-là qui en contestaient les résultats ont participé aux élections locales du 22 mars 2009 avec le même fichier et en sont sortis avec d’excellents résultats.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour amener Me Abdoulaye Wade à changer son fusil d’épaule, mettre de l’eau dans son vin, et à vouloir dialoguer coûte que coûte, au point même de se dédire par rapport à ses déclarations précédentes ? Les résultats de l’opposition aux élections locales y sont certainement pour quelque chose, de même que le succès des assises nationales.
Ces deux évènements on changé le rapport de force dans le paysage politique sénégalais, et le chef de l’Etat s’est rendu compte qu’il n’avait plus l’initiative du jeu. Il lui faut nécessairement une pirouette pour garder la main. D’autant qu’il ne peut plus s’appuyer sur son parti, le PDS, laminé lors des élections locales et rudement éprouvé par l’affaire Macky Sall. Parti que Me Wade a d’ailleurs décidé d’euthanasier, pour créer sur ses cendres un grand parti présidentiel. Mais en attendant, il faut gagner du temps. Et pour cela quelle meilleure solution que d’apaiser l’atmosphère politique en engageant des discussions avec l’opposition, avec cette précision qui est en réalité très vague que ces discussions «vont porter sur tout». Si tant est que Wade veut réellement pacifier ses rapports avec son opposition, il lui suffisait de déclarer qu’il souscrivait aux conclusions des assises nationales, et qu’il allait dissoudre aussi bien le Sénat que le Conseil Economique et Social et qu’il renonçait à la création du poste de vice-président, tout en réduisant la taille de son gouvernement.
Bref, s’il y a quelqu’un qui sortira victorieux de ce dialogue, c’est bien Me Abdoulaye Wade, redoutable joueur d’échec, qui a pris la peine de dérouler tout l’agenda qu’il s’est fixé au préalable avant de daigner tendre la main à l’opposition. Une opposition qui a aussi le dos au mur, parce qu’obliger de répondre à l’appel du chef de l’Etat pour ne pas se mettre à dos l’opinion. Reste maintenant à s’entourer de suffisamment de garantis pour ne pas trop perdre la face, comme cela fut le cas lors de la première tentative d’une rencontre avec Me Wade. Parce que lui a certainement déjà prévu les concessions qu’il pourrait faire, sans perdre au change.
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