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Dans la tête de Macky Sall



Ma foi et si j’en ai une, que sais-je encore, un embrouillamini dans ma tête et je ne sais quoi raconter et au rythme où vont les évènements. Que vais-je devenir? Ousmane Sonko et Emmanuel Macron, mes deux malheurs et sans oublier mon bienfaiteur Mohamed VI, le roi de ce doux royaume chérifien où j’ai posé mes pénates et ma douce Marième, ma moitié, épouse et compagne des bons et des vieux jours. Je m’appelle Sa Rondeur Sall, ancien petit dictateur d’un doux pays se nommant le Sénégal. Mais je ne suis guère un trafiquant même si mon nom dans l’imaginaire des sénégalais, mes anciens sujets, est mêlé à tout. Un trafic d’armes auquel je suis mêlé, cela est vrai.

En effet, mêlé à tout parce je régnais sur tout et ma personne était sanctifiée avant d’être chassée par le peuple sous la houlette d’un vaillant homme voire un démiurge. Répéter son nom dans ce testament me fait pousser des cris d’orfraie parce que je n’ai nullement envie de le voir en fresque. De mon départ de ce pays, de gros cafards commentent à sortir des tiroirs et à ternir mon image et je ne sais quoi faire en ce moment. Je me sens abandonné. Les nuits sont longues et sont mon refuge. Fort heureusement que ma chère et tendre épouse est là pour me réconforter. Je me sens lâché par tout le monde et même par mon griot des temps modernes, grand voleur devant l’éternel. Oh mon Farba, t’es où, on t’interdit aussi de sortir du territoire. Mais bon tu pourrais traverser le fleuve et me rejoindre au Maroc, ce doux pays où vivre fait revivre et dans mon très joli riad des mille et une nuits. Un jardin d’Eden fleuri et où se racontent les fables de Sa Majesté Sall Lamtoro Bur Guédé, cette lignée de guerriers, aimant la guerre et assoiffés de sang. Oh le pouvoir est grisant. Il m’a rendu très riche. Mais riche, je le suis quand mon mentor Wade m’a offert or et argent à mi-mandat. Ah Abdoulaye Wade, le généreux, l’homme qui a plusieurs flèches à son arc. Mais la trahison a été mon arme fétiche. En effet, je l’ai traîné dans la boue quand il a perdu le pouvoir. Je me suis acharné sur son fils, un véritable pilleur de nos maigres deniers publics. Mais bon, j’ai fait pire que Wade fils.

L’argent et moi, une vieille histoire. Je l’aime trop. Je le compte et même dans mes rêves. Face à l’argent, je perds le contrôle de tout et je peux même vendre ma douce moitié, elle le sait et c’est cela qui nous unit. Rire jaune. Face au pouvoir et à l’argent, je suis capable de vendre ma famille dont mon frère Aliou qui ne m’est d’aucune utilité, ce traître ayant pris ses aises chez mon ancien Premier ministre. Lui-là, surnommé Amwang ou Bazoum, l’éternel mal aimé de la politique sénégalaise. Je le déteste mais il me fait toujours peur parce que trop riche. Après une batterie d’enquêtes, je me suis rendu compte qu’il volait autant que moi. Mais non, l’on ne peut être fonctionnaire dans ce très pauvre pays et être si riche comme Crésus. Me suis rendu compte qu’il n’est pas que moi qui faisais office de voleur de deniers publics. Et l’histoire des 2750 kg d’or sortis du territoire par mon très cher homme lige, cela est de moi, hein. Lui n’a eu que commissions et rétrocommissions. Un fabuleux homme de paille même si dans une autre époque, on s’était pris le bec mais bon ma chère compagne a fait taire nos querelles de ripoux. Vous savez, chers amis lisant ce testament, je risque d’être emmerdé jusqu’au cou. Je traîne des casseroles et je sais qu’elles sont si grosses qu’elles ne pourront pas entrer dans une soute d’avion. Raison pour laquelle j’en ai laissé pas mal quand je filais à l’anglaise à la suite de la prestation de serment du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Celui-là, ce sérère au sang noble, je peux prononcer son nom me rappelant ma chère et tendre épouse. Maman aimante. Mi-ange, mi-démon ma Marième et qui m’a fait voir de toutes les couleurs. Elle a bien profité de mon règne avec sa brochette d’amies et de griots. Un sacré morceau elle aussi. Une autre Simone Gbagbo des tropiques. Personnage démesuré et fantasque. Elle m’a aussi poussé dans mes fourberies et mes pitreries. Mais fallait-il tuer au moment de quitter ce doux pouvoir qui me consumait?

Quelques regrets mais bon comme me le répétaient à l’envi mon entourage et quelques amis présidents dictateurs africains, il était nécessaire de le faire. Bon Dieu, cher peuple, j’ai tué et en pis j’ai massacré d’innocents citoyens et surtout d’honnêtes gens à la fleur de l’âge. Espoirs et espérances fauchés. Le sang me faisait vivre. J’étais un monstre froid. J’avais des hommes de main tels Rambo M.Fall, ce général de l’armée, monstre froid et ne reculant pour rien devant quelques escouades de cette jeunesse présente et guerrière dans les moments de lutte. Mon Antoine D, mon ministre de l’intérieur, faisait le sale boulot et je me voyais un peu en lui. Aucun scrupule ces deux messieurs. Et sans oublier le tailleur de la Constitution Ismaila M.FAll, ce professeur des universités sans foi ni loi qui a troqué ses lumières avec de l’argent. Ces trois moins-que-rien m’appartenaient mais je ne pouvais les emmener avec moi à Marrakech. L’on dit que j’ai tué plus de quatre-vingts sénégalais mais je sais que je ne suis pas seul dans ma tête; le chiffre dépasse plus d’une centaine d’individus. Des regrets, je ne saurais vous le dire vu que la vie est une foultitude de regrets amers et des souvenirs doux. En effet, cette Constitution taillée sur mesure était à moi.

A mon homme, ImF, mille mercis mais tu m’as mis dans un gros pétrin. Qu’il aimait l’argent et les ordres. Je n’avais pas trop confiance en ce sire parce qu’en travers lui, se dessine la traîtrise. Mon vrai chien de garde était ce général sans grade et ni étoile. Lui-là, la folie risque de l’emporter mais n’oublions pas aussi mon cher J.Bandiaky, un vrai homme de main au ciboulot de prématuré. Une vraie tête de nœud, amateur de sports de combat et d’armes à feu. Et quid de son nom cité dans l’affaire des deux braves militaires disparus? Mon nom revient sans cesse dans ce drame. Mais bon an mal an, mon ami M. Diagne, l’homme des officines lugubres y est pour quelque chose. Il me manque cet homme, chanteur de mes gloires sans gloriole. Un fieffé menteur doublé d’un cabotin et surtout dans l’affaire de cette catin A.Sarr qui a mis ce doux pays à feu et à sang. Mais pour me faire une virginité politique, mon parti ApR dilué dans la coalition contre nature Takku-Wallu Sénégal, m’a placé comme tête de liste lors des législatives se profilant en novembre 2024. Je veux cette immunité parlementaire et peu me chaut. M’en fous des qu’en-dira-t-on. Je me nomme Macky Sall et m’en fous de tout. Et surtout des moqueries même si ce tandem Diomaye moy Sonko est en train de dérouler son agenda. Une politique de haute intensité qui va pousser sous peu bon nombre d’entre nous à la retraite. En fait, ces élections ne seront pas de tout repos. Je veux rentrer au Sénégal et battre campagne mais me demande comment faire. Comme le font certains, je pourrais passer par la Gambie mais bon mon ami Adama Barrow ne m’appelle plus et je le comprends mais bon je pense aussi à la traversée du fleuve par la Mauritanie. Oh non pitié, je ne peux faire cela. Je suis de sang noble, un guerrier dans l’âme. Mais je sais que je risque gros.

La prison n’est pas loin et quelques tarés vont essayer d’attenter à ma vie. Rester à Marrakech et aller prier de temps en temps à Fès avec Marième même si je ne suis pas un féru des écritures du Coran que je préfère au temple des lumières. Je ne veux pas terminer comme Mobutu du Zaïre mais cette terre natale que j’ai souillée à cause de mes turpitudes, voudra-t-elle de moi? Seul Dieu sait mais bon autant rester au Maroc et prendre mes remords éternels pour seul refuge. Je sais que n’aurai plus jamais le sommeil tranquille sur cette terre. Apparemment le duo Diomaye moy Sonko n’est pas encore tombé dans le guet-apens que je lui ai tendu et dans l’espoir qu’il ne dépassera pas les six mois chrono et que le peuple le chassera du palais. Petit dieu Macron a rompu le contrat qui me permettait de parcourir le monde et me terrer tranquillement au Maroc est la seule solution qui me reste. Et je n’ai nullement envie de finir comme un sans domicile fixe mais bon sarap lii !
Prenez acte de cette lettre testamentaire depuis Marrakech, le Maroc.
Ibra POUYE
 

Babou Diallo

Vendredi 25 Octobre 2024 - 17:17


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