Ils sont nombreux, les sénégalais à ne plus reconnaître ce pays tant vanté pour sa démocratie, son sens de la mesure et du dialogue constructif. Avant, on dialoguait pour trouver des solutions consensuelles à même de renforcer le système démocratique. Tout le contraire de ce que l’on observe aujourd’hui avec en toile de fond le désir de ruser pour atteindre des objectifs politiciens à mille lieux des préoccupations fondamentales des populations. L’habillage conceptuel et théorique,avec des mots qui font tilt, peut abuser plus d’un, mais à force de gratter pour regarder sous le vernis, on se rend compte que beaucoup d’initiatives prisespar le parti-Etat,APR, n’ont pour unique finalité que de conforter le pouvoir dans son désir et son vouloir de se pérenniser à tout prix. Et cela par tous les moyens, quitte à faire des entorses graves à la morale et à l’éthique.
C’est navrant et triste ce qui se passe dans ce pays depuis 2000. Le constat est là : toutes les institutions censées contrebalancer un tant soit peu la toute-puissance boulimique de l’Exécutif, n’arrivent plus à jouer correctement leur rôle. L’Exécutif déroule comme bon lui semble un agenda dont les relents politiciens n’échappent à personne. Et le dernier en date de ces manigances et autres subterfuges, objet de controverse dans le pays, est cette sortie inopportune, maladroite, à la limite même , inintelligente de ce ministre, disant à qui veut l’entendre que la ville de Dakar n’a pas sa raison d’être. Cette déclaration qui a surpris plus d’un, masque la peur bleue de ceux-làqui nous dirigent de voir encore, Dakar, tomber sous l’escarcelle de l’opposition. De fait, il faut chercher des alibis technico-politiciens pour essayer de justifier cette énième entorse aux bonnes pratiques.Et dans tout cela, messieurs de l’APR, où est l’élégance républicaine ? L’élégance tout court !
Vous seriez porteurs de cette belle vertu, vous ne croirez pas ou feindrez de croire que la politique est un jeu d’enfants dans lequel on peut tout se permettre.
L’essentiel, c’est d’arriver à ses objectifs, fussent-ils contraires aux intérêts de toute la communauté.
Non, messieurs de l’APR, le management d’un pays, c’est du sérieux. Il ne doit nullement obéir à des logiques d’accaparement pour les seuls membres du clan. Il ne doit pas aussi être une entreprise de déconsolidation permanente des acquis démocratiques.
A ce stade de ma réflexion, je ne peux m’empêcher de m’arrêter un peu et d’interroger la politique, cette belle activité humaine dans ce qu’elle a d’élévation morale, de dignité, de gloire et cela en contrepointdes pratiques malsaines en cours dans le pays.
La politique dans son essence, est d’une grande noblesse pour peu qu’on l’accroche à une étoile.Vouloir par une démarche bien pensée faite de générosité véritable et d’empathie, apporter au plus grand nombre, santé, éducation, emploi, n’est pas donné au premier venu. Au fait, l’art de gouverner la cité au service d’un idéal de bien , de beauté et de grandeur, présent chez certains hommes d’Etat, a permis à certaines nations de se frayer un chemin d’excellence dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Cette chance, le Sénégal ne l’a pas encore, excepté la belle et riche parenthèse, DIA MAMADOU
Au demeurant, les choses ne sont pas aussi compliquées que cela. Notre arriération économique découle en grande partie de l’inobservance chez nos dirigeants de principes et règles, consolidant la démocratie. La démocratie dans ses multiples facettes ! A titre illustratif, le cas Macky Sall avec son discours de rupture-nous étions en 2012- fait de profession de foi qui faisait rêver le peuple. Il clamait urbi et orbi sous l’acclamation de la foule : « La patrie avant le parti ». C’est ce même Macky Sall qui martelait aussi à la face du monde, ces mots d’espoir dans une Afrique, gangrenée par la mal gouvernanceet la corruption : « notre gouvernance sera sobre et vertueuse »
Mais à l’épreuve des faits, toutes ces belles promesses se sont envolées comme châteaux de cartes. La primauté est désormais donnée à la préservation des intérêts de la coterie par la mise en place de schémas de gouvernance aux antipodes de toute rationalité. Des faits, vous en voulez ? Nouspouvons en citer à la pelle. Seulement, nous nous contenterons de ne citer que deux à trois cas qui illustrent la mal gouvernance poussée à son paroxysme. Le Sénégal, pays pauvre et endetté ,avait-il besoin d’un TER aux coûts astronomiques ? Les experts avancent que la somme qui a été déboursée pour l’achat de ce train, avoisinent les …1000 milliards .Et jusqu’à présent, le train n’est pas fonctionnel !
Combien de fois, on a annoncé en grande pompe le démarrage effectif des activités liées à l’exploitation du train ? C’est encore et toujours des reports accompagnés d’explications parfois laborieuses. C’est sérieux ça pour un pays qui manque de tout ! L’école en panne, en proie à des grèves cycliques ! La santé au bord de l’agonie ! Lesjeunes dans la totale désespérance, d’où leur désir forcené de quitter le pays. Et par tous les moyens ! L’immense majorité de la population, installée dans une pauvreté crasse. Cette terrible pandémie est venue corser davantage la situation sociale de beaucoup de sénégalais.
Et cette arène nationale ? Elle n’était pas une priorité pour un pays confronté à des urgences capables de mettre en péril sa survie en tant que nation. Mais la pire aberration, c’est le maintien d’institutions totalement inutiles et budgétivores (CESE, HCCT) qui ne servent absolument à rien sinon à caser une clientèle politique.
Non, messieurs de l’APR, le management d’un pays,exige rigueur, justice et sens élevé des responsabilités. La politique, politicienne avec ses logiques de ruse, de déni de justice, de coups fourrés, de deux poids, deux mesures, de protection assurée pour les délinquants à col blanc appartenant à son camp, de sanctions assurées pour ceux et celles qui n’émettent pas dans la même fréquence que le chef suprême ; tout cela dis-je, constitue un facteur de désagrégation du tissu social. Et, attention, à l’effetboomerang !
Messieurs de l’APR, ce que le peuple, assommé par la désespérance, attend de vous, ce n’est pas ces projets politiciens à la petite semaine qui ne feront pas bouger les lignes. Au contraire ! Ils contribueront à déstabiliser davantage la société avec des querelles qui n’en finiront jamais.
C’est vrai que le pouvoir actuel est en panne d’imagination créatrice pouvant lui permettre de trouver des solutions aux multiples défis qui se posent aux populations. De fait, il va créer encore et toujours des débats inutiles qui empêchent les gens de travailler et qui n’apportent rien à la marche du pays.
Je dois conclure : ce pays doit revenir aux fondamentaux qui font les grandes nations, rompant définitivement avec la politique-ruse, initiée par Abdoulaye Wade et magistralement poursuivie par son successeur, qui en la matière, a même doublé son maître.
Messieurs de l’APR, de grâce, ne continuez pas à donner de la politique cette image hideuse et nauséabonde qui en fait aujourd’hui un repoussoir pour les populations. Ce pays a terriblement souffert depuis 2000 des micmacs politiciens.
L’histoire vous observe ! L’histoire vous écoute ! L’histoire vous jugera, ne l’oubliez jamais:alors, soyez digne d’elle !
Madi Waké TOURE, Conseiller en Travail Social
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