Et si le revenu universel devenait l'un des thèmes majeurs de la prochaine élection présidentielle ? La création d'un revenu de base minimum versé à tout le monde arrive en tête des solutions plébiscitées par les Français pour aider les gens dans leur vie quotidienne, selon une étude réalisée par l'Ifop pour le forum Solutions solidaires et publiée le 28 janvier. Et près d'un tiers des personnes interrogées (31 %) citent le revenu universel dans leur trio de solutions.
"Alors que le chômage est reparti à la hausse et que les pouvoirs publics ont dû venir en aide à de nombreuses catégories de la population (salariés en chômage partiel, indépendants, professionnels de la culture…) du fait des dégâts économiques et sociaux causés par le Covid-19, l'idée de la mise en place d'un revenu universel de base fait son chemin dans toute une partie de la population", constate Jérôme Fourquet, auteur de l'étude.
De quoi conforter Benoît Hamon dans son analyse. L'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle 2017, qui avait fait du revenu universel l'idée phare de son programme, a publié fin octobre "Ce qu'il faut de courage, plaidoyer pour le revenu universel" (éd. des Équateurs). Quatre ans après sa victoire à la primaire de la gauche, il est d'autant plus convaincu de la pertinence de cette proposition.
"La crise du Covid-19 a remplacé mes hypothèses par des faits et a donné raison à mon analyse, notamment sur le rapport au travail qui a considérablement évolué, juge l'ancien ministre de l'Éducation nationale, contacté par France 24. On voit qu'avec le télétravail, il est de plus en plus difficile de distinguer temps de travail et temps personnel. Les salariés deviennent presque disponibles 24 heures sur 24. Cela fait apparaître une forme d'aliénation par le travail qui va à l'encontre des discours naïfs qui consistent à dire que tout le monde s'épanouit par le travail."
Le revenu universel qu'il prône consiste à verser automatiquement une somme d'argent conséquente – 750 euros par mois aux 18-25 ans dans un premier temps – à tous les citoyens majeurs, y compris lorsque ceux-ci ont un emploi. De quoi offrir aux Français "un filet de sécurité" et "la liberté de faire autre chose", selon Benoît Hamon.
Le pape en faveur du revenu universel
L'idée du revenu universel gagne tellement de terrain que même le pape François a plaidé en faveur d'une telle solution dans son livre, "Un temps pour changer" (Flammarion), publié le 2 décembre en France. Dans cet ouvrage, il juge que le moment est venu de réfléchir à des concepts comme le revenu universel de base qui, à ses yeux, pourrait permettre de garantir "aux gens la dignité de refuser des conditions d'emploi qui les enferment dans la pauvreté".
"Il ne faut pas sous-estimer du tout cette prise de parole du pape, qui est une autorité spirituelle mondiale, jubile Benoît Hamon. La doctrine de l'Église a longtemps donné une place importante à la valeur travail. Par conséquent, le fait de reconnaître que le travail est aussi une forme d'aliénation et que le revenu universel serait un moyen de libérer les hommes est un tournant crucial dans la doctrine sociale de l'Église."
Autre signe de l'évolution des mentalités depuis le début de la crise du Covid-19, une dizaine de députés Les Républicains (LR) planchent eux aussi sur une idée proche. Emmenés par le numéro 3 de LR, Aurélien Pradié, ce petit groupe propose une allocation d'environ 700 euros destinée aux jeunes de 18 à 25 ans sans travail et ayant accepté de consacrer trois mois de leur temps à la collectivité.
"On a un problème avec les 18-25 ans qui seront bientôt 700 000 à arriver sur le marché du travail et qui vont être sacrifiés, déplore Aurélien Pradié, contacté par France 24. Comment fait-on pour les accompagner ? Certains proposent d'étendre le RSA [revenu de solidarité active, NDLR]. J'y suis personnellement très hostile car le message envoyé serait terrible. À l'inverse, si on leur donne une sécurité financière, on leur donnera davantage le goût d'entreprendre, le goût du risque."
La proposition n'est pas du goût de tous chez LR. "Le revenu universel est une idée soit ultra-libérale, soit ultra-gauchiste, mais pas que la droite doit porter", estime le trésorier de LR, Daniel Fasquelle. "On a passé des années à dire qu'on luttait contre l'assistanat, et c'est le message inverse qui risque d'être compris."
Un débat citoyen lancé par l'Assemblée nationale
"J'entends les scepticismes qui sont légitimes, mais la situation est tellement inédite qu'on ne pourra pas trouver de solution sans réponse inédite, justifie Aurélien Pradié. D'autant qu'une fois qu'on évacue le terme de revenu universel, il n'y a plus tellement de désaccord. Ce que je propose colle aux valeurs de la droite qui sont celles de l'engagement pour le pays, du mérite et du travail."
S'il y a un grand écart entre les positions de Benoît Hamon et d'Aurélien Pradié, nul ne peut désormais ignorer une question qui émerge de plus en plus dans la société. L'Assemblée nationale ne s'y est d'ailleurs pas trompée. Sur une proposition de Valérie Petit (Agir), les députés ont adopté, le 26 novembre dernier, le lancement d'un débat public sur la création d'un "socle citoyen". La résolution de la députée du Nord a donné lieu à de riches échanges qui ont démontré la diversité des propositions. "Il y a presque autant de versions de revenus universels que de proposants", a ainsi souligné le député La France insoumise (LFI) Adrien Quatennens.
"Je suis très heureux de voir que tout le monde reprend cette idée et qu'on en valide au moins les principes, explique Benoît Hamon. Le revenu universel, c'est un nouveau contrat social du même ordre que la création de la sécurité sociale en 1945. C'est pour ça qu'il a pu effrayer et qu'il pose des questions."
Le débat qui sera prochainement lancé par l'Assemblée nationale pourrait obliger les futurs candidats à la présidentielle de 2022 à se positionner sur le sujet. L'ancien candidat socialiste a d'ores et déjà annoncé qu'il ne comptait pas se représenter. Il soutiendra en revanche le candidat le plus à même de faire l'union à gauche, à condition que celui-ci reprenne sa proposition de revenu universel. Jean-Luc Mélenchon s'est dit "disponible pour une discussion avec Benoît Hamon" à ce sujet. Aurélien Pradié espère quant à lui livrer avant l'été une proposition détaillée qui pourra être portée par le candidat LR à la présidentielle.
Et si le revenu universel devenait l'un des thèmes majeurs de la prochaine élection présidentielle ? La création d'un revenu de base minimum versé à tout le monde arrive en tête des solutions plébiscitées par les Français pour aider les gens dans leur vie quotidienne, selon une étude réalisée par l'Ifop pour le forum Solutions solidaires et publiée le 28 janvier. Et près d'un tiers des personnes interrogées (31 %) citent le revenu universel dans leur trio de solutions.
"Alors que le chômage est reparti à la hausse et que les pouvoirs publics ont dû venir en aide à de nombreuses catégories de la population (salariés en chômage partiel, indépendants, professionnels de la culture…) du fait des dégâts économiques et sociaux causés par le Covid-19, l'idée de la mise en place d'un revenu universel de base fait son chemin dans toute une partie de la population", constate Jérôme Fourquet, auteur de l'étude.
De quoi conforter Benoît Hamon dans son analyse. L'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle 2017, qui avait fait du revenu universel l'idée phare de son programme, a publié fin octobre "Ce qu'il faut de courage, plaidoyer pour le revenu universel" (éd. des Équateurs). Quatre ans après sa victoire à la primaire de la gauche, il est d'autant plus convaincu de la pertinence de cette proposition.
"La crise du Covid-19 a remplacé mes hypothèses par des faits et a donné raison à mon analyse, notamment sur le rapport au travail qui a considérablement évolué, juge l'ancien ministre de l'Éducation nationale, contacté par France 24. On voit qu'avec le télétravail, il est de plus en plus difficile de distinguer temps de travail et temps personnel. Les salariés deviennent presque disponibles 24 heures sur 24. Cela fait apparaître une forme d'aliénation par le travail qui va à l'encontre des discours naïfs qui consistent à dire que tout le monde s'épanouit par le travail."
Le revenu universel qu'il prône consiste à verser automatiquement une somme d'argent conséquente – 750 euros par mois aux 18-25 ans dans un premier temps – à tous les citoyens majeurs, y compris lorsque ceux-ci ont un emploi. De quoi offrir aux Français "un filet de sécurité" et "la liberté de faire autre chose", selon Benoît Hamon.
Le pape en faveur du revenu universel
L'idée du revenu universel gagne tellement de terrain que même le pape François a plaidé en faveur d'une telle solution dans son livre, "Un temps pour changer" (Flammarion), publié le 2 décembre en France. Dans cet ouvrage, il juge que le moment est venu de réfléchir à des concepts comme le revenu universel de base qui, à ses yeux, pourrait permettre de garantir "aux gens la dignité de refuser des conditions d'emploi qui les enferment dans la pauvreté".
"Il ne faut pas sous-estimer du tout cette prise de parole du pape, qui est une autorité spirituelle mondiale, jubile Benoît Hamon. La doctrine de l'Église a longtemps donné une place importante à la valeur travail. Par conséquent, le fait de reconnaître que le travail est aussi une forme d'aliénation et que le revenu universel serait un moyen de libérer les hommes est un tournant crucial dans la doctrine sociale de l'Église."
Autre signe de l'évolution des mentalités depuis le début de la crise du Covid-19, une dizaine de députés Les Républicains (LR) planchent eux aussi sur une idée proche. Emmenés par le numéro 3 de LR, Aurélien Pradié, ce petit groupe propose une allocation d'environ 700 euros destinée aux jeunes de 18 à 25 ans sans travail et ayant accepté de consacrer trois mois de leur temps à la collectivité.
"On a un problème avec les 18-25 ans qui seront bientôt 700 000 à arriver sur le marché du travail et qui vont être sacrifiés, déplore Aurélien Pradié, contacté par France 24. Comment fait-on pour les accompagner ? Certains proposent d'étendre le RSA [revenu de solidarité active, NDLR]. J'y suis personnellement très hostile car le message envoyé serait terrible. À l'inverse, si on leur donne une sécurité financière, on leur donnera davantage le goût d'entreprendre, le goût du risque."
La proposition n'est pas du goût de tous chez LR. "Le revenu universel est une idée soit ultra-libérale, soit ultra-gauchiste, mais pas que la droite doit porter", estime le trésorier de LR, Daniel Fasquelle. "On a passé des années à dire qu'on luttait contre l'assistanat, et c'est le message inverse qui risque d'être compris."
Un débat citoyen lancé par l'Assemblée nationale
"J'entends les scepticismes qui sont légitimes, mais la situation est tellement inédite qu'on ne pourra pas trouver de solution sans réponse inédite, justifie Aurélien Pradié. D'autant qu'une fois qu'on évacue le terme de revenu universel, il n'y a plus tellement de désaccord. Ce que je propose colle aux valeurs de la droite qui sont celles de l'engagement pour le pays, du mérite et du travail."
S'il y a un grand écart entre les positions de Benoît Hamon et d'Aurélien Pradié, nul ne peut désormais ignorer une question qui émerge de plus en plus dans la société. L'Assemblée nationale ne s'y est d'ailleurs pas trompée. Sur une proposition de Valérie Petit (Agir), les députés ont adopté, le 26 novembre dernier, le lancement d'un débat public sur la création d'un "socle citoyen". La résolution de la députée du Nord a donné lieu à de riches échanges qui ont démontré la diversité des propositions. "Il y a presque autant de versions de revenus universels que de proposants", a ainsi souligné le député La France insoumise (LFI) Adrien Quatennens.
"Je suis très heureux de voir que tout le monde reprend cette idée et qu'on en valide au moins les principes, explique Benoît Hamon. Le revenu universel, c'est un nouveau contrat social du même ordre que la création de la sécurité sociale en 1945. C'est pour ça qu'il a pu effrayer et qu'il pose des questions."
Le débat qui sera prochainement lancé par l'Assemblée nationale pourrait obliger les futurs candidats à la présidentielle de 2022 à se positionner sur le sujet. L'ancien candidat socialiste a d'ores et déjà annoncé qu'il ne comptait pas se représenter. Il soutiendra en revanche le candidat le plus à même de faire l'union à gauche, à condition que celui-ci reprenne sa proposition de revenu universel. Jean-Luc Mélenchon s'est dit "disponible pour une discussion avec Benoît Hamon" à ce sujet. Aurélien Pradié espère quant à lui livrer avant l'été une proposition détaillée qui pourra être portée par le candidat LR à la présidentielle.
"Alors que le chômage est reparti à la hausse et que les pouvoirs publics ont dû venir en aide à de nombreuses catégories de la population (salariés en chômage partiel, indépendants, professionnels de la culture…) du fait des dégâts économiques et sociaux causés par le Covid-19, l'idée de la mise en place d'un revenu universel de base fait son chemin dans toute une partie de la population", constate Jérôme Fourquet, auteur de l'étude.
De quoi conforter Benoît Hamon dans son analyse. L'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle 2017, qui avait fait du revenu universel l'idée phare de son programme, a publié fin octobre "Ce qu'il faut de courage, plaidoyer pour le revenu universel" (éd. des Équateurs). Quatre ans après sa victoire à la primaire de la gauche, il est d'autant plus convaincu de la pertinence de cette proposition.
"La crise du Covid-19 a remplacé mes hypothèses par des faits et a donné raison à mon analyse, notamment sur le rapport au travail qui a considérablement évolué, juge l'ancien ministre de l'Éducation nationale, contacté par France 24. On voit qu'avec le télétravail, il est de plus en plus difficile de distinguer temps de travail et temps personnel. Les salariés deviennent presque disponibles 24 heures sur 24. Cela fait apparaître une forme d'aliénation par le travail qui va à l'encontre des discours naïfs qui consistent à dire que tout le monde s'épanouit par le travail."
Le revenu universel qu'il prône consiste à verser automatiquement une somme d'argent conséquente – 750 euros par mois aux 18-25 ans dans un premier temps – à tous les citoyens majeurs, y compris lorsque ceux-ci ont un emploi. De quoi offrir aux Français "un filet de sécurité" et "la liberté de faire autre chose", selon Benoît Hamon.
Le pape en faveur du revenu universel
L'idée du revenu universel gagne tellement de terrain que même le pape François a plaidé en faveur d'une telle solution dans son livre, "Un temps pour changer" (Flammarion), publié le 2 décembre en France. Dans cet ouvrage, il juge que le moment est venu de réfléchir à des concepts comme le revenu universel de base qui, à ses yeux, pourrait permettre de garantir "aux gens la dignité de refuser des conditions d'emploi qui les enferment dans la pauvreté".
"Il ne faut pas sous-estimer du tout cette prise de parole du pape, qui est une autorité spirituelle mondiale, jubile Benoît Hamon. La doctrine de l'Église a longtemps donné une place importante à la valeur travail. Par conséquent, le fait de reconnaître que le travail est aussi une forme d'aliénation et que le revenu universel serait un moyen de libérer les hommes est un tournant crucial dans la doctrine sociale de l'Église."
Autre signe de l'évolution des mentalités depuis le début de la crise du Covid-19, une dizaine de députés Les Républicains (LR) planchent eux aussi sur une idée proche. Emmenés par le numéro 3 de LR, Aurélien Pradié, ce petit groupe propose une allocation d'environ 700 euros destinée aux jeunes de 18 à 25 ans sans travail et ayant accepté de consacrer trois mois de leur temps à la collectivité.
"On a un problème avec les 18-25 ans qui seront bientôt 700 000 à arriver sur le marché du travail et qui vont être sacrifiés, déplore Aurélien Pradié, contacté par France 24. Comment fait-on pour les accompagner ? Certains proposent d'étendre le RSA [revenu de solidarité active, NDLR]. J'y suis personnellement très hostile car le message envoyé serait terrible. À l'inverse, si on leur donne une sécurité financière, on leur donnera davantage le goût d'entreprendre, le goût du risque."
La proposition n'est pas du goût de tous chez LR. "Le revenu universel est une idée soit ultra-libérale, soit ultra-gauchiste, mais pas que la droite doit porter", estime le trésorier de LR, Daniel Fasquelle. "On a passé des années à dire qu'on luttait contre l'assistanat, et c'est le message inverse qui risque d'être compris."
Un débat citoyen lancé par l'Assemblée nationale
"J'entends les scepticismes qui sont légitimes, mais la situation est tellement inédite qu'on ne pourra pas trouver de solution sans réponse inédite, justifie Aurélien Pradié. D'autant qu'une fois qu'on évacue le terme de revenu universel, il n'y a plus tellement de désaccord. Ce que je propose colle aux valeurs de la droite qui sont celles de l'engagement pour le pays, du mérite et du travail."
S'il y a un grand écart entre les positions de Benoît Hamon et d'Aurélien Pradié, nul ne peut désormais ignorer une question qui émerge de plus en plus dans la société. L'Assemblée nationale ne s'y est d'ailleurs pas trompée. Sur une proposition de Valérie Petit (Agir), les députés ont adopté, le 26 novembre dernier, le lancement d'un débat public sur la création d'un "socle citoyen". La résolution de la députée du Nord a donné lieu à de riches échanges qui ont démontré la diversité des propositions. "Il y a presque autant de versions de revenus universels que de proposants", a ainsi souligné le député La France insoumise (LFI) Adrien Quatennens.
"Je suis très heureux de voir que tout le monde reprend cette idée et qu'on en valide au moins les principes, explique Benoît Hamon. Le revenu universel, c'est un nouveau contrat social du même ordre que la création de la sécurité sociale en 1945. C'est pour ça qu'il a pu effrayer et qu'il pose des questions."
Le débat qui sera prochainement lancé par l'Assemblée nationale pourrait obliger les futurs candidats à la présidentielle de 2022 à se positionner sur le sujet. L'ancien candidat socialiste a d'ores et déjà annoncé qu'il ne comptait pas se représenter. Il soutiendra en revanche le candidat le plus à même de faire l'union à gauche, à condition que celui-ci reprenne sa proposition de revenu universel. Jean-Luc Mélenchon s'est dit "disponible pour une discussion avec Benoît Hamon" à ce sujet. Aurélien Pradié espère quant à lui livrer avant l'été une proposition détaillée qui pourra être portée par le candidat LR à la présidentielle.
Et si le revenu universel devenait l'un des thèmes majeurs de la prochaine élection présidentielle ? La création d'un revenu de base minimum versé à tout le monde arrive en tête des solutions plébiscitées par les Français pour aider les gens dans leur vie quotidienne, selon une étude réalisée par l'Ifop pour le forum Solutions solidaires et publiée le 28 janvier. Et près d'un tiers des personnes interrogées (31 %) citent le revenu universel dans leur trio de solutions.
"Alors que le chômage est reparti à la hausse et que les pouvoirs publics ont dû venir en aide à de nombreuses catégories de la population (salariés en chômage partiel, indépendants, professionnels de la culture…) du fait des dégâts économiques et sociaux causés par le Covid-19, l'idée de la mise en place d'un revenu universel de base fait son chemin dans toute une partie de la population", constate Jérôme Fourquet, auteur de l'étude.
De quoi conforter Benoît Hamon dans son analyse. L'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle 2017, qui avait fait du revenu universel l'idée phare de son programme, a publié fin octobre "Ce qu'il faut de courage, plaidoyer pour le revenu universel" (éd. des Équateurs). Quatre ans après sa victoire à la primaire de la gauche, il est d'autant plus convaincu de la pertinence de cette proposition.
"La crise du Covid-19 a remplacé mes hypothèses par des faits et a donné raison à mon analyse, notamment sur le rapport au travail qui a considérablement évolué, juge l'ancien ministre de l'Éducation nationale, contacté par France 24. On voit qu'avec le télétravail, il est de plus en plus difficile de distinguer temps de travail et temps personnel. Les salariés deviennent presque disponibles 24 heures sur 24. Cela fait apparaître une forme d'aliénation par le travail qui va à l'encontre des discours naïfs qui consistent à dire que tout le monde s'épanouit par le travail."
Le revenu universel qu'il prône consiste à verser automatiquement une somme d'argent conséquente – 750 euros par mois aux 18-25 ans dans un premier temps – à tous les citoyens majeurs, y compris lorsque ceux-ci ont un emploi. De quoi offrir aux Français "un filet de sécurité" et "la liberté de faire autre chose", selon Benoît Hamon.
Le pape en faveur du revenu universel
L'idée du revenu universel gagne tellement de terrain que même le pape François a plaidé en faveur d'une telle solution dans son livre, "Un temps pour changer" (Flammarion), publié le 2 décembre en France. Dans cet ouvrage, il juge que le moment est venu de réfléchir à des concepts comme le revenu universel de base qui, à ses yeux, pourrait permettre de garantir "aux gens la dignité de refuser des conditions d'emploi qui les enferment dans la pauvreté".
"Il ne faut pas sous-estimer du tout cette prise de parole du pape, qui est une autorité spirituelle mondiale, jubile Benoît Hamon. La doctrine de l'Église a longtemps donné une place importante à la valeur travail. Par conséquent, le fait de reconnaître que le travail est aussi une forme d'aliénation et que le revenu universel serait un moyen de libérer les hommes est un tournant crucial dans la doctrine sociale de l'Église."
Autre signe de l'évolution des mentalités depuis le début de la crise du Covid-19, une dizaine de députés Les Républicains (LR) planchent eux aussi sur une idée proche. Emmenés par le numéro 3 de LR, Aurélien Pradié, ce petit groupe propose une allocation d'environ 700 euros destinée aux jeunes de 18 à 25 ans sans travail et ayant accepté de consacrer trois mois de leur temps à la collectivité.
"On a un problème avec les 18-25 ans qui seront bientôt 700 000 à arriver sur le marché du travail et qui vont être sacrifiés, déplore Aurélien Pradié, contacté par France 24. Comment fait-on pour les accompagner ? Certains proposent d'étendre le RSA [revenu de solidarité active, NDLR]. J'y suis personnellement très hostile car le message envoyé serait terrible. À l'inverse, si on leur donne une sécurité financière, on leur donnera davantage le goût d'entreprendre, le goût du risque."
La proposition n'est pas du goût de tous chez LR. "Le revenu universel est une idée soit ultra-libérale, soit ultra-gauchiste, mais pas que la droite doit porter", estime le trésorier de LR, Daniel Fasquelle. "On a passé des années à dire qu'on luttait contre l'assistanat, et c'est le message inverse qui risque d'être compris."
Un débat citoyen lancé par l'Assemblée nationale
"J'entends les scepticismes qui sont légitimes, mais la situation est tellement inédite qu'on ne pourra pas trouver de solution sans réponse inédite, justifie Aurélien Pradié. D'autant qu'une fois qu'on évacue le terme de revenu universel, il n'y a plus tellement de désaccord. Ce que je propose colle aux valeurs de la droite qui sont celles de l'engagement pour le pays, du mérite et du travail."
S'il y a un grand écart entre les positions de Benoît Hamon et d'Aurélien Pradié, nul ne peut désormais ignorer une question qui émerge de plus en plus dans la société. L'Assemblée nationale ne s'y est d'ailleurs pas trompée. Sur une proposition de Valérie Petit (Agir), les députés ont adopté, le 26 novembre dernier, le lancement d'un débat public sur la création d'un "socle citoyen". La résolution de la députée du Nord a donné lieu à de riches échanges qui ont démontré la diversité des propositions. "Il y a presque autant de versions de revenus universels que de proposants", a ainsi souligné le député La France insoumise (LFI) Adrien Quatennens.
"Je suis très heureux de voir que tout le monde reprend cette idée et qu'on en valide au moins les principes, explique Benoît Hamon. Le revenu universel, c'est un nouveau contrat social du même ordre que la création de la sécurité sociale en 1945. C'est pour ça qu'il a pu effrayer et qu'il pose des questions."
Le débat qui sera prochainement lancé par l'Assemblée nationale pourrait obliger les futurs candidats à la présidentielle de 2022 à se positionner sur le sujet. L'ancien candidat socialiste a d'ores et déjà annoncé qu'il ne comptait pas se représenter. Il soutiendra en revanche le candidat le plus à même de faire l'union à gauche, à condition que celui-ci reprenne sa proposition de revenu universel. Jean-Luc Mélenchon s'est dit "disponible pour une discussion avec Benoît Hamon" à ce sujet. Aurélien Pradié espère quant à lui livrer avant l'été une proposition détaillée qui pourra être portée par le candidat LR à la présidentielle.
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