« J’ai souhaité vivre cette expérience en famille sous la bannière de l’Etat islamique, pour participer à sa construction et pour que l’islam soit notre voie, explique-t-il. Malgré les problèmes qui se multiplient et malgré la discorde, des Marocains continuent de venir en Syrie. Il est certain que nous sommes combattus tous les jours, mais je crois que c'est Dieu tout puissant en personne qui choisit les hommes pour défendre la foi et la religion. C'est une certitude pour moi, malgré les combats fratricides et tout ce qui se passe aujourd’hui sur le terrain. Je suis persuadé qu’on va libérer la Syrie. »
La tournure fratricide
Partant de là, comment expliquer que de plus en plus de combattants marocains quittent la Syrie pour retourner au pays ? D'après Hamza, cela s'explique par la tournure fratricide que la guerre a prise avec « des désaccords grandissants entre les factions ». Or, contrairement à ses compatriotes marocains, Abou Hamza n'a pas pris le chemin du retour. Il estime qu'il y a « trop d'injustices au Maroc ».
Agé de quarante-six ans, cet ancien poissonnier avait tenté de rejoindre l’Irak en 2007. Arrêté en Syrie avant de passer la frontière, il aurait été renvoyé vers le Maroc. Après avoir passé quatre ans dans les prisons marocaines, il a enfin rejoint le jihad en Syrie, d’abord contre Bachar el-Assad. Aujourd’hui, les combats se déroulent entre factions jihadistes. Actuellement, Abou Hamza se repose en Turquie avec se femme mais il ne souhaite pas rentrer au Maroc. L'important pour lui est de continuer son jihad.
Il faut dire que Hamza n'est pas seul. Les Marocains sont de plus en plus nombreux à grossir les rangs jihadistes en Syrie. Ils seraient, selon une étude publiée recemment, entre 1 000 et 1 500 combattants dans les rangs des factions jihadistes. Une brigade marocaine baptisée Harakat Sham al-Islam est en ce moment même en train de livrer combat dans le nord du pays.
Historique de la katiba marocaine
La brigade des Marocains en Syrie a été fondée en août 2013, par une figure du jihadisme affichant le parcours classique des cadres d'al-Qaïda. Il s'appelait Ibrahim Benchekroun. Dès le début des années 2000, ce dernier a rejoint les talibans et les camps d'entraînement afghans. Arrêté au Pakistan après l'invasion amércaine, il est détenu dans la prison de Guantanamo, avant d'être renvoyé au Maroc.
Peu après sa libération, le Marocain a rejoint le jihad en Syrie et il est devenu l'émir fondateur d'Harakat sham al-Islam. C'est à la tête de ce groupe qu'il meurt au combat en avril dernier, à seulement 34 ans. Sa brigade combat actuellement sur le littoral syrien, autour de la ville de Lataquié, aux côtés du Front al-Nosra qui est la branche officielle d'al-Qaïda, mais aussi d'autres groupes du Front islamique soutenus par des Etats du Golfe.
D'autres Marocains combattent aussi dans les rangs de l'EIIL. C'est le cas d'Abou Oussama al-Maghrebi, plus représentatif d'une nouvelle génération jihadiste sans expérience du combat avant la Syrie. Arrivé très tôt, il s'était imposé comme commandant et finit par mourir dans des combats entre jihadistes face au Front al-Nosra en mars dernier.
■ Trois questions à...
Romain Caillet, chercheur et auteur d'un rapport sur les jihadistes marocains en Syrie
A combien s'élève le nombre de jihadistes marocains en Syrie ?
Leur nombre est estimé à 1 000-1 500 combattants. A ceux-là, il faudrait ajouter des centaines de combattants français ou hollandais, issus de la diaspora marocaine. On pourrait arriver à une estimation de 2 000 combattants marocains en Syrie.
Est-ce beaucoup ?
La participation des combattants marocains au premier jihad afghan contre les soviétiques dans les années 1980 est considérée comme étant historiquement la mobilisation marocaine la plus importante. Or, le nombre de combattants mobilisés en faveur de l'Afghanistan était en deçà du phénomène auquel on assiste ces jours-ci. Certes, les combattants marocains sont moins nombreux que les Tunisiens, proportionnellement au nombre d'habitants du pays en question, mais leur nombre dépasse celui des Algériens ou des Mauritaniens.
On parle de la brigade des Marocains...
Cette brigade a un nom: Harakat sham al Islam, ce qui signifie littéralement le Mouvement de l'islam du Levant. Sa formation remonte à août 2013. Elle est composée à 90% de Marocains et commandée par des Marocains.
Source : Rfi.fr
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