RFI : Vous mettez directement en cause le Tchad, les forces spéciales tchadiennes, quels sont les éléments de preuve que vous avez pour affirmer cela ?
François Bozizé : Nous connaissons la capacité militaire de la Seleka que nous avons déduite le samedi 23 mars. Mais le dimanche 24, ce sont des éléments nouveaux qui sont arrivés, avec des véhicules neufs, de l’armement neuf, une trentaine, quarantaine de pick-up équipés, ils ont traversé plusieurs villes avant d’atteindre Bangui; ils ont traversé des villes au Tchad, comme en Centrafrique. Or nous avons des antennes ici et là, la gendarmerie, la police, qui nous ont informés que cette fois ci, ce n’est plus la Seleka, mais que ce sont des éléments tchadiens qui vont en direction de Bangui.
Ce sont des accusations graves, vous aviez pourtant de bonnes relations avec le Tchad ?
Nous avons de bonnes relations avec le Tchad, et nous sommes surpris de voir le Tchad qui nous agresse. Nous avions des relations particulières avec ce pays, cela je ne peux pas le nier.
Aviez-vous un différend particulier avec le président Déby ?
A ma connaissance, non. C’est une question qu’on peut poser aux autorités tchadiennes.
D’aucuns affirment que vous ne devez vous en prendre qu’à vous-même, parce que vous n’avez pas respecté les accords de Libreville.
C’est un complot habilement monté, tout simplement. S’il y a quelqu’un qui a bien respecté les accords de Libreville, c’est bien Bozizé ! Le gouvernement a été dissous, le Premier ministre a été désigné, venant de l’opposition, le nouveau gouvernement a été désigné, tout le monde travaillant ensemble, en harmonie. C’est bien la Seleka qui n’a pas respecté les accords de Libreville, et cela d’ailleurs, depuis le premier sommet extraordinaire de Ndjamena.
Que disait ce sommet ? Que les rebelles puissent cesser les hostilités et repartir à la case départ. Est-ce qu’ils l’ont respecté ? Les accords de Libreville disent bien regroupement, cantonnement et commencer le DDR (Processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion compris dans les accords de Libreville). Est-ce que cela a été fait ? Et la ligne rouge de Damara, qui l’a traversée pour atteindre Bangui ? C’est la Seleka qui a traversé la ligne rouge en présence de forces de la Micopax (Mission de consolidation de la paix en Centrafrique). On peut nier cela ? Soyons sincères. Les choses sont claires, les choses sont simples. Qu’est ce qu’on me reproche ? Je ne vois rien d’autre derrière tout cela que la méchanceté de l’homme, la convoitise de nos richesses.
La convoitise de vos richesses par le Tchad ?
Je suis agressé. Seuls les agresseurs peuvent dire pourquoi ils m’ont agressé. Pourtant, j’ai de bonnes relations avec le Tchad, comme avec le Congo, comme avec le Gabon, la Guinée équatoriale, le Cameroun et d’autres pays. Tous les biens qui ont été pillés ont traversé les frontières du Tchad et du Soudan. Pourquoi à la frontière, personne n’a pu arrêter ces gens et renvoyer tout le matériel pillé ; véhicules, frigidaires, climatiseurs, que sais-je ?
Les forces sud-africaines que vous avez acceptées sur le territoire centrafricain étaient censées repartir. Pourquoi sont-elles restées ? Leur départ était une des clauses de accords de Libreville ?
Les accords de Libreville disent bien que ce n’est que lorsque la sécurité sera redevenue normale que l’on pourra faire repartir les forces sud-africaines. Les forces sud-africaines sont en République centrafricaine depuis bientôt cinq ans. Nous avons signé avec la République sud-africaine un accord de défense. C’est dans ce cadre que ces forces sont à nos côtés pour nous aider à faire face à la situation.
Vous parlez d’accord de défense, mais les forces sud-africaines devaient assurer la formation de l’armée centrafricaine et non défendre le palais présidentiel.
L'accord de coopération qui concerne la formation militaire, ils l’ont fait. Pour ce qui concerne l’accord de défense, lorsque nous sommes agressés, nous pouvons faire appel au pays avec lequel nous avons signé un tel accord de défense. Nous avions signé un tel accord avec la France. Mais depuis deux ou trois ans, nous avions révisé cet accord de défense et nous n’avons plus que des accords de coopération avec la France.
Que souhaitez-vous maintenant, être réinstallé comme président de la République ?
Je souhaite le retour à la légalité constitutionnelle. Ne pas le faire signifie que c’est la jungle à travers l’Afrique. Reconnaître ces rebelles, ce n’est pas dans l’esprit de ce que défend l’Union africaine et toutes les institutions africaines et internationales. Je souhaite qu’on aille aux élections le plus rapidement possible et que le meilleur gagne.
Combien de temps faudrait-il dans votre pays, selon vous, pour organiser des élections ?
Les accords de Libreville le disent bien : dans un an. Un an, c’est le temps nécessaire pour mettre en place toutes les structures pour organiser les élections. Pourquoi se cacher et ne pas faire face à la réalité ?
Serez-vous candidat ?
Je laisse au peuple le soin de se prononcer sur ce point. Je suis au service de mon pays et de mon peuple en tant que fils de ce pays. Si le peuple me rejette, je lui obéirai. Si le peuple m’appelle, je viendrai.
Vous aviez de bons rapports avec tous les pays de l’Afrique centrale et vous avez choisi le Bénin comme pays d’asile. Pourquoi ce choix ?
Je n’ai pas encore fait une demande au Bénin. Cependant, le Bénin a l’habitude de m’accueillir. Donc je crois que si je décidais de faire cette demande au Bénin, il n’y aurait pas de problème. Mais pour le moment, je n’ai pas fait de quelconque demande d’asile. Ma destination, je la connaitrai avec le temps.
-
Haïti convoque l'ambassadeur de France après les propos «inacceptables» d'Emmanuel Macron
-
Mali: le général de division Abdoulaye Maïga nommé Premier ministre de transition
-
Syrie: 68 morts dans les frappes israéliennes contre des groupes pro-iraniens à Palmyre (nouveau bilan)
-
États-Unis: Elon Musk détaille son «projet» de réforme de l'État dans le «Wall Street Journal»
-
Egypte: une loi sur les réfugiés adoptée par le Parlement